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Enquête sur la Commission de
services policiers de Thunder Bay
en vertu de l’article 25 de la Loi sur les services policiers
Rapport provisoire de l’honorable Murray Sinclair présenté
au président exécutif de la Commission civile de l’Ontario sur la police
Le 31 octobre 2017
1.
Introduction :
l’enquête sur la Commission des services policiers de Thunder
Bay
1.1.
En
juillet 2017, j’ai été engagé pour mener une enquête de la Commission civile de
l’Ontario sur la police (« CCOP » ou « Commission ») sur la
Commission des services policiers de Thunder Bay (« Commission de police » ou
« CSPTB »). Cette enquête fait suite à une demande des leaders des
Premières Nations du Grand Council Treaty No 3, notamment les Premières Nations de Rainy River, et de la Nation Nishnawbe-Aski.
Par voie de lettre datée du 29 mai 2017, les leaders des Premières Nations ont
exprimé un manque de confiance à l’égard de la capacité de la Commission de
police de surveiller la prestation de services policiers convenables et
efficaces à Thunder Bay et
ont adopté la position selon laquelle il y avait une « crise de confiance
à l’égard des services policiers[1] ».
La lettre mettait surtout l’accent sur le rôle que joue la Commission de police
en ce qui concerne la façon dont la police traite les enquêtes sur les décès
des personnes Autochtones à Thunder Bay. En réponse, la Commission a indiqué qu’une enquête
serait menée en vertu de l’article 25 de la Loi
sur les services policiers (« LSP »)[2] pour chercher à savoir comment la Commission
de police surveille le Service de police de Thunder Bay.
1.2.
En
vertu de l’article 25 de la LSP et conformément à mon mandat (énoncé à l’annexe
A du présent rapport provisoire), j’ai été engagé pour examiner diverses
questions, comme la façon dont la Commission de police exerce ses
responsabilités en vertu de la LSP, le rôle que joue la Commission de police
pour déterminer les objectifs et les priorités, ainsi que son rôle dans
l’établissement de politiques. Mon mandat comprend l’examen des points forts et
des points à améliorer sur le plan de la surveillance des services policiers
par la Commission de police. Je suis aussi habilité à présenter des
recommandations à la Commission de police, au ministère de la Sécurité
communautaire et des Services correctionnels et à la Commission elle-même.
1.3.
Le
présent rapport provisoire vise à fournir une mise à jour formelle sur l’état
d’avancement de l’enquête au président exécutif de la Commission, au ministre
de la Sécurité communautaire et des Services correctionnels, à la Commission de
police, aux Premières Nations, à la population de Thunder
Bay et du Nord-Ouest de l’Ontario et au grand public,
ainsi qu’à les informer des prochaines mesures à prendre.
1.4.
La Commission
civile de l’Ontario sur la police a été créée en vertu de la partie II de la
LSP. Il s’agit d’un organisme sans lien de dépendance avec le gouvernement ontarien
qui exerce diverses responsabilités relatives à la surveillance civile des
services policiers. L’enquête actuelle est menée en vertu de l’article 25 de la
LSP. Le mandat d’enquête et de
quasi-réglementation de la Commission prévoit la tenue de telles enquêtes.
1.5.
En
Ontario, les services de police et les commissions de services policiers sont
également créés en vertu de la LSP. Les paragraphes 4 (1) et (2) de la LSP exigent
que les municipalités offrent des services policiers « convenables et efficaces »
qui doivent comprendre, au minimum, les services suivants : la lutte
contre la criminalité, l’exécution de la loi, l’aide aux victimes d’actes
criminels, le maintien de l’ordre public et l’intervention dans les situations
d’urgence. En vertu du paragraphe 31 (1), les commissions de services
policiers (« CSP » ou « commissions des services
policiers ») sont chargées de « la prestation de services policiers convenables et efficaces
dans la municipalité ». La même
disposition contient aussi une longue liste de fonctions précises imposées aux commissions
de services policiers.
1.6.
Tel
qu’il a été souligné, l’enquête actuelle sur la Commission des services
policiers de Thunder Bay a
été lancée en raison de diverses préoccupations graves au sujet de la
gouvernance de la commission de police à Thunder Bay. Ces préoccupations se rapportent à la façon dont le
Service de police de Thunder Bay
(« SPTB ») et la Commission de police ont abordé des allégations de racisme
– notamment de racisme systémique – dans le cadre des services policiers
touchant les personnes Autochtones à Thunder Bay. Mon mandat ne consiste pas à enquêter sur le SPTB mais
vise plutôt la façon dont le SPTB est régi, dirigé et tenu responsable par la
Commission de police. Le SPTB fait l’objet d’une enquête menée par le Bureau du
directeur indépendant de l’examen de la police (« BDIEP »), sous la
direction de M. Gerry McNeilly. Comme il en sera
discuté plus loin dans le présent rapport, je travaille actuellement en collaboration
avec M. McNeilly et ses représentants en ce qui
a trait à nos tâches respectives.
1.7.
Il a
été décidé de mener la présente enquête par suite de la lettre du 29 mai 2017 (« lettre
du 29 mai ») adressée au présidente exécutive de la
CCOP par le grand chef Alvin Fiddler de la Nation Nishnawbe-Aski (« NNA »), Ogichidaa
Francis Kavanaugh du Grand Council Treaty No 3 (« Traité No 3 »)
et le chef Jim Leonard des Premières Nations de Rainy
River (« PNRR »)[3].
1.8.
La
lettre du 29 mai a attiré tout particulièrement l’attention sur les décès de
trois personnes provenant de collectivités Autochtones; elle a également fait
état de certaines préoccupations au sujet de la réponse à ces décès par le SPTB
et la Commission de police. Les trois personnes décédées étaient :
·
Mlle Tammy
Keeash, âgée de 17 ans, de la Première Nation de North Caribou Lake;
·
M. Josiah Begg, âgé de 14 ans, de la Première Nation de Kitchenuhmaykoosib Inninuwug (« KI »);
·
M. Stacy DeBungee, âgé de 41 ans, de la Première Nation de Rainy River.
1.9.
Les
corps des trois personnes ont été repêchés dans des rivières de la région de Thunder Bay. Ces « décès
dans les rivières » étaient similaires à des décès qui avaient eu lieu
entre 2000 et 2011 à Thunder Bay
et qui avaient fait l’objet d’une enquête du coroner en 2016 (l’« enquête
sur les sept jeunes »)[4]. L’enquête
sur les sept jeunes a donné lieu à un verdict et à de nombreuses
recommandations visant à répondre aux préoccupations relatives à la sécurité
des jeunes Autochtones provenant de collectivités du Nord et résidant temporairement
à Thunder Bay, notamment
ceux qui y sont envoyés pour aller à l’école. Diverses recommandations
traitaient de la police et des services policiers. Par exemple, la recommandation
48 portait sur le maintien d’un programme de la police dans le cadre duquel des
policiers se rendent dans des collectivités éloignées des Premières Nations
afin de nouer des relations positives avec les élèves qui comptent aller à
l’école à Thunder Bay. La recommandation
91 (à l’intention de la Ville de Thunder Bay, du SPTB, de la NNA et d’autres) visait à assurer
« le signalement rapide des élèves disparus et des pratiques uniformes
entre les établissements quand des élèves sont déclarés disparus ou pendant les
enquêtes sur les morts subites ». La recommandation 91 a abordé la mise
sur pied d’un groupe de travail pour débattre « des pratiques exemplaires
applicables à leurs rôles respectifs à l’égard des élèves des collectivités
éloignées des Premières Nations fréquentant une école secondaire à Thunder Bay ».
1.10.
Les
auteurs de la lettre du 29 mai ont aussi exprimé une préoccupation importante
au sujet du refus présumé de la CSPTB de prendre des mesures se rapportant au
processus d’enquête du SPTB. Ils ont déclaré ce qui suit :
Nous écrivons pour
exprimer notre manque de confiance à l’égard de la capacité de la Commission des
services policiers de Thunder Bay
(CSPTB) d’offrir des services convenables et efficaces aux membres de notre
collectivité à Thunder Bay.
Malgré des exemples irréfutables de problèmes chroniques au sein du Service de
police de Thunder Bay (SPTB),
la Commission des services policiers chargée de sa surveillance refuse
obstinément de reconnaître tout problème lié à la prestation de ses services aux
membres de notre collectivité. Cette crise de confiance à l’égard des services
policiers a mené à l’enquête en cours sur le racisme systémique au sein du
corps de police.
1.11. D’autres préoccupations ont, dans la lettre du 29 mai, été exprimées au
sujet de la rapidité avec laquelle le SPTB avait déterminé que certains décès
de personnes Autochtones étaient de nature non criminelle. La lettre du 29 mai faisait
également état de préoccupations concernant des accusations criminelles qui
avaient été portées contre le chef de police.
1.12. C’est dans ce contexte que la CCOP a indiqué qu’une enquête serait menée
à l’égard de la Commission de police. Après des discussions en juin et au début
juillet de cette année, j’ai accepté de mener l’enquête de la CCOP.
1.13. Malheureusement, peu après le début de la présente enquête, le 23 septembre
2017, un autre jeune Autochtone, M. Dylan Moonias,
a été retrouvé sans vie dans le canal de dérivation Neebing-McIntyre
à Thunder Bay[5].
2.
La Commission civile de l’Ontario sur la police
Le rôle de la CCOP
2.1.
La Commission a été
créée en vertu de la partie II de la LSP. Depuis 2010, la Commission est régie
par la Loi de 2009 sur la responsabilisation et la gouvernance des tribunaux décisionnels et les
nominations à ces tribunaux [6]. En 2013, la Commission a été regroupée avec plusieurs autres tribunaux
ontariens pour former les Tribunaux de la
sécurité, des appels en matière de permis et des normes Ontario (« Tribunaux
SAPNO »)[7].
2.2.
La CCOP coexiste
actuellement avec deux autres organismes de surveillance civile provinciaux
créés en vertu de la LSP. Le BDIEP traite les plaintes déposées par le public
contre des policiers aux termes de la partie V de la LSP. Créée en vertu de la
partie VII, l’Unité des enquêtes spéciales (« UES ») mène des
enquêtes criminelles sur les décès ou blessures graves résultant de l’action
policière.
2.3.
La Commission a pour
fonction principale de tenir des audiences et, plus précisément, d’entendre les
appels des audiences disciplinaires de la police. En plus de ces fonctions
assimilées à celles des cours de justice, la Commission joue divers rôles
d’enquête et de réglementation. En vertu de l’alinéa 25 (1)a) de la LSP, la
CCOP peut mener une enquête sur l’inconduite présumée d’un membre d’une
commission de police, d’un agent de police et de divers autres agents
d’exécution de la loi.
2.4.
L’enquête actuelle à Thunder Bay n’est pas une enquête
sur la conduite d’un membre particulier de la Commission de police ou d’une
autre personne. Les alinéas 25 (1) b) à d) de la LSP autorisent la CCOP à mener
une enquête et à préparer un rapport sur :
b) l’administration
d’un corps de police municipal;
c) la manière dont
les services policiers sont offerts à une municipalité;
d) les besoins d’une
municipalité en matière de services policiers.
2.5.
Le paragraphe 25 (3) de
la LSP exige que la Commission remette son rapport sur l’enquête visée au
paragraphe 25 (1) au solliciteur général, à la commission de police et aux
autres personnes à qui elle juge opportun de le faire.
Mesures extraordinaires :
articles 23 et 24 de la LSP
2.6.
En vertu de l’article
23 de la LSP, la CCOP peut prendre des mesures extraordinaires à l’égard des
services policiers et des CSP. Le paragraphe 23 (1) présente une liste de
mesures que la CCOP peut prendre si elle estime, « après avoir tenu une audience, qu’une commission de police ou un corps de
police municipal a négligé d’une manière flagrante ou à plusieurs reprises de
se conformer aux normes prescrites en matière de services policiers ». Les
mesures prévues au paragraphe 23 (1) comprennent
le pouvoir de suspendre le chef de police et des membres de la commission de
police, de démettre de ses fonctions le chef de police et de nommer des administrateurs
pour les commissions de police.
2.7.
En vertu de l’article
24 de la LSP, la Commission peut rendre une ordonnance
provisoire en vertu du paragraphe 23 (1), sans préavis ni audience, si elle
estime qu’il existe une situation d’urgence et que l’ordonnance provisoire est
nécessaire dans l’intérêt public. La Commission a
exercé ce pouvoir une fois, récemment, en raison d’une situation à Peterborough,
en Ontario[8].
Dans cette situation, la Commission a nommé un administrateur pour qu’il assume
les fonctions de la Commission des services policiers de Peterborough pendant
environ six mois[9].
Ordre de conformité à la LSP
2.8.
En vertu du
sous-alinéa 22 (1)a)(i) de la LSP, la CCOP peut ordonner à une CSP de se
conformer aux normes prescrites en matière de services. Pour que cette
disposition s’applique, le ministre de la Sécurité communautaire et des
Services correctionnels doit informer la CCOP qu’une commission de police (ou
un service de police) ne se conforme pas aux normes prescrites en matière de
services policiers. La Commission peut ensuite donner un ordre de conformité ou
prendre des mesures conformément au paragraphe 23 (1).
Les recommandations
Tulloch et les changements qui pourraient être
apportés à la CCOP
2.9.
En avril 2017, le
juge Michael Tulloch, de la Cour d’appel de l’Ontario,
a publié le Rapport de l’examen indépendant
des organismes de surveillance de la police[10]. Le juge Tulloch s’était vu confier le vaste
mandat d’examiner la surveillance civile des services policiers en Ontario. En
particulier, il a examiné les mandats des trois organismes ontariens chargés de
surveiller la police et les services policiers : l’UES, le BDIEP et la
CCOP. En général, les recommandations comprenaient l’abandon progressif des
fonctions d’enquête et de réglementation de la CCOP. Ses recommandations ont
aussi abordé le rôle des CSP. Les recommandations présentées dans mon rapport
final pourraient être influencées par le statut de toute proposition de
modification de la LSP provenant du rapport du juge Tulloch.
3.
Commissions de services policiers
3.1.
Tout comme la Commission,
les CSP trouvent leur fondement législatif dans la LSP. Afin d’expliquer le
rôle et les paramètres de l’enquête actuelle de la CCOP, il est important de
comprendre le rôle des CSP en Ontario.
3.2.
Les CSP sont créées
conformément à l’article 27 de la LSP. Elles ont pour fonctions notamment
d’établir les priorités, objectifs et politiques en
matière de services policiers dans leur collectivité et de surveiller le
rendement et le leadership de la police.
3.3.
Les municipalités
dont la population dépasse 25 000 personnes, comme Thunder Bay, sont dotées d’une commission de cinq membres. Les
commissions se composent de deux membres du conseil municipal, de deux
personnes nommées par la province et d’un représentant communautaire nommé par
le conseil municipal.
3.4.
Le paragraphe 31 (1) de
la LSP prévoit que les CSP sont chargées de la prestation de « services
policiers convenables et efficaces dans la municipalité » et énonce dix
responsabilités particulières à cet égard. Les CSP doivent notamment travailler
avec le chef de police pour déterminer les objectifs et priorités relativement
aux services policiers offerts dans la municipalité; elles doivent aussi
établir des politiques de gestion, recruter un chef et surveiller le traitement
des plaintes du public.
3.5.
Le paragraphe 31 (4)
prévoit que les commissions de police ne doivent pas donner de directives aux
chefs de police « au sujet de décisions opérationnelles particulières ni
des opérations quotidiennes du corps de police ». Le paragraphe 31 (3)
précise que la commission de police dans son ensemble peut donner des ordres et
des directives au chef de police, mais non aux autres membres du corps de
police.
3.6.
Plusieurs règlements
ont également été pris en application de la LSP. Le règlement clé portant sur les
CSP est le Règl. de l’Ont. 3/99, Caractère adéquat et efficacité des services policiers (« règlement
intitulé « Caractère adéquat et
efficacité des services policiers » »). Parmi les dispositions
clés du règlement, il y a notamment celle exigeant l’élaboration d’un plan
d’activités au moins une fois tous les trois ans (article 30) et celle exigeant
des protocoles sur la communication de renseignements au conseil municipal (article
32).
Rôles budgétaires des CSP
3.7.
Les CSP jouent un
rôle important dans l’établissement des budgets de la police, mais elles ne
jouent pas ce rôle de façon autonome. Le paragraphe 39 (1) de la LSP exige que
la commission de police présente au conseil municipal les prévisions de ses
dépenses de fonctionnement et de ses dépenses en immobilisations, pour assurer
le fonctionnement du corps de police et fournir à ce dernier du matériel et des
installations. Le conseil municipal a le droit de déterminer le mode de
présentation des prévisions, la période visée par celles-ci et le délai imparti
pour leur présentation[11].
Le conseil établit un budget global fondé sur les prévisions mais n’est pas tenu
d’adopter les prévisions de la commission de police[12].
Rôles et
responsabilités des membres des commissions de police
3.8.
Les membres des CSP
sont liés par un code de conduite énoncé dans le Règl.
de l’Ont. 421/97, intitulé « Members of Police
Services Boards—Code of Conduct »
(« code de conduite »). Le code de conduite impose des obligations et
des responsabilités aux membres des commissions de police à titre individuel,
plutôt qu’aux commissions de police dans leur ensemble. Par exemple, l’article
4 exige que les membres préservent la confidentialité des renseignements ayant
fait l’objet d’une discussion lors d’une réunion à huis clos. L’article 5 prévoit
que les membres ne doivent pas s’exprimer au nom de la commission de police, à
moins d’être autorisés à le faire. Par ailleurs, l’article 6 stipule que les
membres doivent indiquer clairement que, lorsqu’ils ne sont pas d’accord avec
une décision de la commission de police, ils expriment leur propre opinion
personnelle.
3.9.
La CCOP peut enquêter
sur les violations des dispositions de fond du code de conduite. Le paragraphe
25 (5) prévoit que, une fois terminée l’enquête sur la conduite individuelle
d’un membre de la commission de police, la Commission peut tenir une audience à
la suite de laquelle elle peut suspendre le membre ou le démettre de ses
fonctions. Une telle décision peut être portée en appel devant la Cour divisionnaire
en vertu du paragraphe 25 (6).
Surveillance des
CSP par le MSCSC
3.10. Le ministre de la Sécurité communautaire et des Services correctionnels
est généralement responsable des services policiers en Ontario[13].
La Division de la sécurité publique du ministère de la Sécurité communautaire
et des Services correctionnels offre une formation et assure la surveillance
des CSP[14]. Dans
des documents de formation standard, le ministère traite des diverses exigences
prévues par la loi et les règlements auxquelles les CSP doivent se conformer.
Les documents du ministère fournissent aussi certains commentaires
supplémentaires sur le rôle des CSP. Par exemple, dans ses documents de
formation, le ministère précise ce qui suit : « La gouvernance en
matière de services policiers s’entend du pouvoir et de la responsabilité
d’élaborer des politiques qui deviennent le cadre dans lequel des décisions et
des mesures seront prises par les services de police.[15] »
3.11. Les documents de formation du ministère énoncent également certains
principes clés pour les CSP. Les principes clés comprennent ce qui suit : « assurer
la reddition de comptes au public », « favoriser l’indépendance dans
le cadre des services policiers » et « traduire les besoins définis
par la collectivité en services policiers efficaces ».
4.
La Commission des services policiers de Thunder
Bay et l’enquête actuelle
4.1.
La CSPTB est une
commission de police composée de cinq membres, soit trois membres de la
municipalité (deux représentants élus et un membre nommé) et deux personnes
nommées par la province. Au moment de la rédaction du présent rapport, un des
postes provinciaux au sein de la commission de police était vacant[16]. La
Commission de police a écrit à la province pour lui demander de combler le
poste en nommant une personne Autochtone.
4.2.
Tel qu’il a été
souligné, la lettre du 29 mai a précédé directement la décision de la CCOP de
lancer une enquête. La lettre du 29 mai faisait état d’un manque de confiance à
l’égard de « la capacité [de la Commission de police] de fournir des services
convenables et efficaces aux membres de notre collectivité à Thunder Bay ». Dans la
lettre, il était allégué que la Commission de police refusait de reconnaître
les problèmes liés à la prestation de services aux membres de la collectivité à
Thunder Bay.
4.3.
La lettre du 29 mai
faisait état des trois plus récents décès dans les rivières à Thunder Bay, ainsi que de leurs
similitudes avec les décès qui avaient été examinés durant l’enquête sur les
sept jeunes. La lettre mentionnait également l’existence de l’examen en cours
du BDIEP concernant le racisme systémique au sein du SPTB.
4.4.
La lettre traitait
ensuite des préoccupations au sujet de la CSPTB. Il y était allégué ce qui
suit : La Commission des services policiers de Thunder Bay n’a assuré aucun leadership durant ces enquêtes et
l’examen systémique du BDIEP ». La lettre décrivait les préoccupations
concernant le manque de communication entre la PNRR, le SPTB et la Commission
de police au cours de l’été et de l’automne 2016. La lettre faisait aussi état
de préoccupations concernant une demande présentée au nom de la famille DeBungee et de la PNRR en vue de la présentation
d’observations à la CSPTB, demande qui était restée sans réponse. Selon la
lettre du 29 mai, le président de la CSPTB a indiqué qu’un dialogue avec la
Commission de police serait inapproprié alors que l’enquête du BDIEP était en cours.
4.5.
La lettre du 29 mai
décrivait également les préoccupations au sujet d’un commentaire fait par le
vice-président de la Commission de police le 25 mai 2017, selon lequel il n’y
avait aucun racisme systémique touchant le SPTB. Les auteurs de la lettre ont
aussi exprimé leur désaccord avec un article de journal indiquant que le
vice-président ne voyait pas la nécessité d’apporter des changements sur le
plan du leadership du service de police, malgré le fait que le chef de police de
Thunder Bay faisait l’objet
d’accusations criminelles[17].
4.6.
Les auteurs de la
lettre du 29 mai ont déclaré ce qui suit :
En se rangeant
simplement du côté des policiers après des mois de silence et en ignorant
collectivement de flagrantes erreurs pour ce qui est des enquêtes, la
Commission de police semble ne pas avoir compris son rôle d’organisme de
surveillance civile, ni s’en être acquittée. La Commission des services
policiers de Thunder Bay a
désormais adopté une position complètement antagoniste par rapport aux
personnes Autochtones qu’elle est censée représenter, et elle s’est servie de
la preuve d’échecs systémiques comme une occasion de faire preuve de solidarité
avec la police. Elle a fait l’autruche et nié tout besoin de changement, tout
en rejetant l’idée d’un examen indépendant. Dans de telles circonstances, on ne
peut dire qu’elle offre des services convenables et efficaces à la collectivité
Autochtone de Thunder Bay.
4.7.
Les auteurs de la
lettre du 29 mai demandaient non seulement une enquête en vertu de l’alinéa 25 (1)b)
de la LSP, mais aussi la nomination immédiate d’ « un administrateur (connaissant
bien les questions Autochtones) pour surveiller les activités de la Commission
de police conformément à la disposition 4 du paragraphe 23 (1) de la Loi. »
4.8.
Le lendemain, Mme Linda
Lamoureux, présidente exécutive des Tribunaux SAPNO, a envoyé une lettre
indiquant que la CCOP mènerait une enquête relativement à la CSPTB en vertu de
l’article 25 de la LSP[18].
Dans la lettre, il était précisé que la CCOP ne prendrait pas de mesures
immédiates pour nommer un administrateur. La présidente exécutive a plutôt
déclaré ce qui suit : « Pour l’instant, la Commission doit obtenir
des preuves dans le cadre de son enquête avant de pouvoir se pencher sur la
nomination d’un administrateur en vertu de l’article 24. Si notre enquête
produit les preuves nécessaires, la Commission n’hésitera pas à agir en
conséquence. »
4.9.
Le 31 mai 2017, la
CSPTB a répondu à la lettre du 29 mai et a contesté certaines affirmations de
fait et conclusions énoncées dans la lettre. Elle a souligné que les CSP
n’étaient pas autorisées à prendre des mesures ou à assurer une supervision
directe à l’égard des activités quotidiennes des services de police. Tout en reconnaissant
que le racisme systémique constituait un obstacle pour les personnes Autochtones,
la CSPTB a déclaré notamment ce qui suit : « Un service de police ne
peut enrayer le racisme systémique. Nous reconnaissons que notre Service a un
rôle à jouer.[19] »
4.10. La déclaration du 31 mai décrivait ensuite diverses mesures que le SPTB avait
prises pour donner suite aux recommandations faites dans le cadre de l’enquête
sur les sept jeunes.
4.11. Il va sans dire qu’il existe d’importantes préoccupations à Thunder Bay au sujet de la
manière dont la police mène ses enquêtes sur les décès et les disparitions de
personnes Autochtones.
4.12. Tel qu’il a été souligné, la situation à Thunder
Bay a fait l’objet d’une enquête du coroner de grande
envergure en 2016.
4.13. De plus, le Service de police de Thunder Bay fait actuellement l’objet d’une enquête du BDIEP en
vertu de l’article 57 de la LSP. D’après ce que je comprends, l’enquête du BDIEP
se concentre notamment sur les « pratiques policières relatives à la
population Autochtone du Service de police de Thunder Bay, plus particulièrement en ce qui a trait aux
politiques, aux pratiques et aux comportements employés dans le cadre des
enquêtes sur les personnes disparues et sur les morts liées à la population Autochtone.[20] »
L’enquête du BDIEP a été lancée le 3 novembre 2016, date à laquelle le
directeur a souligné que des « questions alarmantes » avaient été
soulevées sur la manière dont le SPTB menait les enquêtes sur la disparition et
la mort des personnes Autochtones[21].
4.14. À l’échelle nationale, l’Enquête sur les femmes et les filles Autochtones
disparues et assassinées a été lancée en septembre 2016 après qu’on eut proposé
une telle enquête pendant plusieurs années[22].
Le site Web du gouvernement du Canada souligne ce qui suit : « Les
femmes et les filles Autochtones au Canada sont touchées de manière
disproportionnée par toutes les formes de violence. Bien que les femmes Autochtones
forment 4 % de la population féminine canadienne, elles représentent 16 % des
femmes assassinées au Canada entre 1980 et 2012.[23] »
4.15. Tragiquement, les graves préoccupations au sujet des femmes et des
filles Autochtones assassinées et disparues partout au Canada ne datent pas
d’hier –les préoccupations dans la région de Thunder Bay non plus. Dans un article du Globe and Mail daté du 27 novembre 1993, on pouvait lire ce qui
suit :
Les groupes Autochtones
et un commissaire de police de Thunder Bay demandent la tenue d’une enquête fédérale sur les
meurtres non résolus de femmes Autochtones, mais la police municipale défend la
façon dont elle traite les enquêtes sur les homicides.
Philip Edwards, membre
de la Commission des services policiers de Thunder Bay nommé par la province, a affirmé qu’il croyait que les
décès de femmes Autochtones ne faisaient pas l’objet d’enquêtes aussi
approfondies que les décès de femmes non Autochtones en raison d’un
« racisme systémique » au sein du corps de police.[24]
4.16. Il y a de nombreuses préoccupations de longue date au sujet du racisme
systémique ou institutionnel et du racisme général à Thunder
Bay. Ces préoccupations vont bien au-delà de la
question des enquêtes sur les « personnes disparues et assassinées ».
Une telle déclaration ne vise pas à cibler Thunder Bay de façon injuste ou inutile. Le racisme systémique et
le racisme général sont évidemment des problèmes qui existent tous les jours en
Ontario et au Canada. Cependant, puisque mon mandat se rapporte à la CSPTB, je
m’intéresse principalement à la situation dans la région de Thunder
Bay.
4.17. Le Rapport du Groupe d’étude sur les relations entre la police et les
minorités raciales a été publié en
1989. Dirigé par M. Clare Lewis, ombudsman et juge
à la retraite, le groupe d’étude a été créé en 1988 par le solliciteur général
de l’Ontario. Les travaux du groupe d’étude demeurent pertinents aujourd’hui,
car celui-ci visait à traiter des « très importantes préoccupations des
minorités visibles relativement à leurs relations avec la police communautaire[25] ».
Le groupe d’étude a tenu des audiences publiques à Thunder
Bay en février 1989. Un article daté du 18 février 1989
décrivait en détail les préoccupations exprimées par l’Ontario Native Women’s Association au sujet des enquêtes policières sur
les décès des Autochtones lors des audiences publiques du groupe d’étude[26].
4.18. Plus récemment, en 2002, Diversity Thunder Bay a publié le rapport
intitulé A Community
of Acceptance: Respect for Thunder
Bay’s Diversity. L’objet
du rapport était d’enquêter sur « la sensibilisation générale aux
questions ayant trait à la race, au racisme et à la racialisation
dans la collectivité.[27] »
Le rapport concluait que le racisme et la racialisation
avaient une incidence sur « la capacité de Thunder
Bay de fonctionner de façon cohérente.[28] »
Le rapport soulignait ensuite la nécessité d’aborder les facteurs
systémiques :
De tels facteurs sont
plus grands que Thunder Bay.
Cependant, ils ont des répercussions dramatiques sur Thunder
Bay et autant sur les vies individuelles que sur le
développement communautaire. Les Canadiens auront un pays de plus en plus
diversifié. La population de Thunder Bay sera de plus en plus diversifiée, tandis que la
population Autochtone croîtra et que tant la migration d’entrée que la
migration de sortie modifieront les caractéristiques démographiques de la
population.[29]
4.19. En 2003-2004, le projet Diversity in Policing (« DIP ») a vu le jour. Un rapport a été
publié en 2007[30].
Selon un article de la CBC, le projet DIP « a été lancé en 2004 par
l’ancien chef de police Bob Herman, la Thunder Bay Multicultural Association et
le Thunder Bay Indian Friendship Centre pour
répondre aux plaintes du public concernant la discrimination systémique au sein
du service de police.[31] »
4.20. Le rapport DIP de la phase I a été rédigé par Leisa
Desmoulins, qui est actuellement professeure au sein de la faculté d’éducation de
l’Université Lakehead. Le rapport visait la
période allant de la naissance du projet, en janvier 2004, jusqu’au 31 mars
2006. Le rapport DIP de la phase I précise qu’en novembre 2003, le chef Herman a
présenté la proposition de projet DIP à la Ville de Thunder
Bay : « Il a souligné que le racisme
institutionnel existe, et la police est une institution, de sorte que la police
a du racisme dans ses politiques et pratiques.[32] ».
4.21. Le projet a commencé par une longue série d’entrevues et de séances de
mise au point avec des membres de la collectivité pour « orienter le
coordonnateur et l’informer des perceptions de la collectivité en ce qui a
trait aux services policiers[33] ».
Les trois questions d’orientation suivantes ont été posées : « Qu’est-ce
que la police de Thunder Bay
devrait cesser de faire, commencer à faire et continuer à faire?[34] ».
4.22. Pour ce qui est de ce que la police devrait « cesser de
faire », les réponses ont mis l’accent sur la conduite de la police fondée
sur la race (p. ex. le profilage, le traitement différentiel) et sur le
comportement des policiers (p. ex. la force excessive, le fait de retenir les
médicaments des personnes détenues sous garde).
4.23. Des propositions plus variées ont été présentées à l’égard de ce que la police
devrait commencer et continuer à faire. Une formation sur la sensibilisation
aux réalités culturelles et sur la lutte contre le racisme, la participation de
la collectivité et l’embauche de membres racialisés
au sein du personnel ont également été proposées. Il y a eu des propositions
visant à accroître les services policiers communautaires et à renforcer l’Unité
de liaison avec les Autochtones (« ULA »). De nombreux types de
comportements de la part de policiers ont été relevés comme comportements à
améliorer.
4.24. Le rapport soulignait la nécessité d’un leadership institutionnel :
« Les projets de changement institutionnel ont besoin d’une volonté
institutionnelle. Pour obtenir cette volonté, chaque projet a besoin de
champions.[35] »
Le rapport commentait longuement le rôle de Robert Herman, le chef de police à
l’époque :
Tôt dans le projet, Bob
Herman a adopté une position non conventionnelle du point de vue des services
policiers. Il raconte qu’il a assisté à une réunion de l’Ontario Association of
Police Services Boards qui était ouverte au public. Au
sein de ce forum, Bob Herman a déclaré à ses collègues qu’« il y a un
racisme systémique dans le cadre des services policiers, et nous devons
l’aborder » (B. Herman, entrevue, 07-03-90). Après la réunion, un
journaliste de la CBC a fait un suivi auprès du chef au sujet de sa déclaration.
Ce dernier a donné une entrevue, en répétant que le racisme systémique dans le
cadre des services policiers devait être éliminé. Après l’entrevue, des journalistes
ont demandé au chef de police d’un autre ressort de donner son point de vue sur
le racisme systémique dans le cadre des services policiers. Le collègue du chef
Herman a été décontenancé et, par la suite, il a appelé ce dernier pour lui
demander ce qu’il avait bien pu penser en faisant une telle déclaration.
Récemment, Bob Herman
a prononcé le discours d’ouverture de la Journée internationale pour
l’élimination de la discrimination raciale de la ville. Il a souligné qu’il convenait
qu’un policier s’exprime en raison des origines de la journée en 1960, lorsque
les services policiers d’Afrique du Sud avaient ouvert le feu sur des
manifestants pacifiques protestant contre l’apartheid. Il a déclaré que le but
du corps de police de Thunder Bay
d’« éliminer le racisme systémique de ses politiques et pratiques »
était nécessaire pour « s’assurer que les policiers d’un service n’adoptent
pas un comportement entaché de préjugés raciaux envers des individus » (discours
prononcé le 21-03-07, à la p. 6).[36]
4.25. Par conséquent, les préoccupations concernant la corrélation entre le
racisme, le racisme systémique et les services policiers à Thunder
Bay ne datent pas d’hier. Pour préparer mon rapport
final, j’entends examiner notamment le degré de sensibilisation de la CSPTB aux
rapports antérieurs et aux préoccupations y exprimées, ainsi que les mesures
prises pour donner suite aux diverses recommandations. Je constate que, le 18
octobre 2017, la CSPTB a adopté une nouvelle initiative en matière de diversité[37].
Cette initiative vise explicitement à faire fond sur le projet DIP antérieur. Selon
la correspondance de la Commission de police, le projet comprend quatre
éléments :
·
la restructuration de
l’Unité de liaison avec les Autochtones;
·
l’intensification des
efforts visant à attirer les Autochtones et d’autres groupes sous-représentés
au SPTB;
·
une formation
structurée et permanente sur la diversité à l’intention du personnel du SPTB;
·
l’amélioration des communications
du SPTB pour transmettre les changements organisationnels et favoriser la
reddition de comptes.
La CSPTB précise également qu’elle formera un groupe de travail,
élaborera un mandat et établira des objectifs et échéanciers pour l’initiative.
Un jeu d’acétates fourni par la CSPTB reconnaît l’existence d’un certain nombre
de problèmes liés au projet antérieur sur la diversité, en particulier des buts
à long terme mal définis et des lacunes en ce qui concerne le renouvellement,
l’examen et la continuité[38].
4.26. La relance du projet DIP est l’une des mesures positives que les
institutions publiques ont prises à Thunder Bay pour répondre aux préoccupations en matière de racisme.
De telles mesures sont certes nécessaires et bienvenues, vu le contexte actuel
au sein de la Ville. En 2016 et 2017, les préoccupations se sont accrues en ce
qui concerne les relations entre les Autochtones et les non-Autochtones à Thunder Bay. En janvier 2017, Mme Barbara
Kentner, membre des Premières Nations, marchait dans
la rue à Thunder Bay lorsqu’elle
a reçu à l’abdomen un attelage de remorque lancé d’une voiture qui passait. Un
des occupants de la voiture aurait dit : « J’en ai eu une! ». Brayden Bushby, âgé de 18 ans,
a été accusé de voies de fait graves immédiatement après l’incident[39]. Mme Kentner est décédée en juillet 2017. Selon les médias, la
Couronne examine actuellement la question de savoir s’il y a lieu de modifier
les accusations criminelles liées à l’incident par suite de ce décès[40].
Par ailleurs, les décès des sept jeunes ont fait l’objet d’un récent livre[41].
Tel qu’il a été mentionné ci-dessus, M. Dylan Moonias
a été retrouvé sans vie en septembre 2017.
4.27. Malheureusement, les situations comme celle de Mme Kentner ne sont pas rares pour les Autochtones à Thunder Bay. En plus des
histoires que j’ai entendues au sujet des crimes haineux qui ont eu lieu à Thunder Bay, Statistique Canada a
récemment publié un rapport intitulé « Les crimes haineux déclarés par la
police au Canada, 2015 ». Selon le rapport :
Le taux le plus élevé
de crimes haineux déclarés par la police parmi les [régions métropolitaines de
recensement] en 2015 a été observé à Thunder Bay (22,3 pour 100 000 habitants) […] Le taux de crimes haineux
déclarés par la police à Thunder Bay
est principalement attribuable aux 10 affaires commises contre les Autochtones,
lesquelles représentaient 29 % de l’ensemble des crimes haineux anti-Autochtones
déclarés au Canada en 2015.[42]
4.28.
La description des circonstances ci-dessus vise à situer
les préoccupations concernant la Commission de police dans le contexte global des
problèmes qui existent actuellement à Thunder Bay.
5.
L’enquête : le travail effectué à ce jour et les buts
5.1.
J’ai été engagé
officiellement pour commencer l’enquête sur la CSPTB le 21 juillet 2017.
La CCOP a publié un communiqué le 24 juillet 2017.
5.2.
Il est important de
préciser que l’enquête actuelle, qui est menée en vertu de l’article 25 de la
LSP, ne vise aucune personne en particulier. Autrement dit, l’enquête ne porte
pas sur une éventuelle inconduite d’un membre particulier de la Commission de
police. Bien qu’il soit possible, en vertu de l’article 25, de mener une
enquête sur la conduite d’un membre particulier d’une commission de police, la
preuve ne donne pas à penser qu’un membre particulier de la Commission de
police a commis une inconduite.
5.3.
Même si l’enquête
actuelle est une « enquête » selon le libellé de la LSP, elle
ressemble aussi à un examen des politiques. Le résultat d’une enquête menée en
vertu de l’article 25 est un rapport contenant des recommandations. Dans mon rapport
final, je compte présenter une série de recommandations qui, je l’espère,
seront utiles pour les membres de la collectivité de Thunder
Bay – tant les Autochtones que les non-Autochtones –
et pour la CSPTB.
5.4.
En juillet et en août,
j’ai réuni une petite équipe comprenant un ancien enquêteur de police et trois
avocats pour qu’ils m’aident dans le cadre de mon travail. Nous avons commencé
à recueillir des renseignements et à nouer des contacts.
5.5.
Mon personnel et moi
avons rencontré le président de la CSPTB et, par la suite, la CSPTB au complet
au début septembre. La Commission de police a indiqué qu’elle était disposée à
collaborer, et elle a fourni des renseignements sur demande de façon continue.
5.6.
Conscient de
l’important travail effectué par le BDIEP en ce qui concerne le SPTB, ainsi que
les problèmes de racisme systémique qui touchent également la CSPTB, je veux
éviter de faire double emploi avec le travail du BDIEP et, dans la mesure du possible,
travailler dans un esprit de complémentarité et de collaboration. Par
conséquent, mon équipe et moi avons rencontré M. McNeilly
et son équipe en septembre. Nous avons eu des discussions fructueuses au sujet
de nos enquêtes respectives et avons convenu de travailler en collaboration.
Les membres de mon équipe ont aussi assisté à une grande réunion publique tenue
par le BDIEP à Thunder Bay
le 25 septembre 2017, pour observer les débats concernant l’enquête sur le SPTB
menée par M. McNeilly relativement aux Autochtones.
5.7.
Des réunions et des communications
ont eu lieu entre le personnel et des représentants du ministère de la Sécurité
communautaire et des Services correctionnels pour discuter du rôle du ministère
relativement aux CSP et du processus de nomination aux CSP, ainsi que pour
demander des renseignements sur d’éventuelles mises à jour de la LSP. J’ai
également rencontré le coroner en chef de l’Ontario.
5.8.
Il y a aussi eu des
appels, des courriels et des réunions en personne avec d’autres personnes et
groupes.
5.9.
Des réunions ont été
tenues avec les leaders des Premières Nations qui ont rédigé la lettre du 29
mai adressée à la CCOP, et elles se poursuivront au besoin.
5.10. En plus des leaders des Premières Nations, nous chercherons à rencontrer
diverses organisations Autochtones à Thunder Bay, ainsi que les familles intéressées des personnes
décédées. Nous chercherons également à rencontrer des représentants de l’école
secondaire Dennis Franklin Cromarty et du Northern Nishnawbe Education Council. Nous organiserons aussi des réunions
avec d’anciens et d’actuels représentants du SPTB, nous convoquerons d’autres
réunions avec des membres actuels de la CSPTB et nous organiserons des réunions
avec des représentants municipaux et avec certains anciens membres de la CSPTB.
5.11. L’objet de ces réunions est d’obtenir de l’information sur les
préoccupations et opinions relativement aux services policiers à Thunder Bay et d’examiner si les groupes
et particuliers estiment que la Commission de police répond aux besoins de la
collectivité et s’acquitte de ses responsabilités prévues par la loi.
Buts
5.12. Tel qu’il a été mentionné précédemment, le résultat habituel d’un
processus prévu à l’article 25 de la LSP – lorsque aucune personne en
particulier ne fait l’objet d’une enquête – est un rapport de la Commission faisant
état de ses constatations.
5.13. Le rapport final doit être prêt d’ici à la fin mars 2018. Il contiendra probablement
des recommandations de changements de politique et de changements opérationnels.
Puisque l’enquête vise la CSPTB, la majorité des recommandations se
rapporteront vraisemblablement aux exigences en matière de rendement et de
formation de la CSPTB. Cependant, je prévois également que l’enquête révélera
des questions plus générales concernant le cadre dans lequel la CSPTB exerce
ses fonctions et les conseils qu’elle reçoit. Par exemple, dans la LSP actuelle
et dans les règlements connexes, il pourrait y avoir des problèmes structurels
susceptibles de compromettre le fonctionnement de la CSPTB. Si tel était le
cas, le rapport pourrait offrir des recommandations de modifications
législatives ou réglementaires.
5.14. Il est également possible que le résultat d’une enquête sur la CSPTB mène
à la prise de mesures judiciaires en vertu de l’article 23 ou 24 de la LSP.
5.15. Il est clair qu’il existe de très graves préoccupations au sujet de la
façon dont la police traite les enquêtes sur les décès et les disparitions de
personnes Autochtones à Thunder Bay
et sur d’autres actes racistes flagrants de la part de membres du public.
5.16. Par exemple, en plus de l’incident qui a causé des blessures à Mme Barbara Kentner et peut-être mené à son décès, j’ai été informé
d’autres incidents à Thunder Bay
dans le cadre desquels des objets ont été lancés en direction de personnes Autochtones
par des membres non Autochtones de la communauté de Thunder
Bay. De tels incidents sont souvent, voire
habituellement, accompagnés d’épithètes raciales. On m’informe que la plupart
de ces incidents – bien qu’ils soient clairement illégaux – ne sont pas
toujours signalés à la police de Thunder Bay. Il serait utile de déterminer les raisons de l’absence
de signalement, pour savoir si celle-ci témoigne d’un manque de confiance à
l’égard du corps de police de Thunder Bay, pour savoir si les membres de la Commission de police
sont au courant de l’absence de signalement et pour connaître les mesures, s’il
en est, qu’ils ont prises en conséquence. Je sais que l’Anti-Racism and Respect Advisory Committee de la Ville de Thunder Bay et des partenaires communautaires ont
récemment diffusé en ligne un outil permettant de signaler les incidents
racistes[43].
Cet outil est disponible en ligne à :
http://www.lspc.ca/incidentreport/
Il s’agit d’un autre exemple de mesures positives de la part des institutions
publiques à Thunder Bay. Il
est à espérer que cet outil aidera à fournir des renseignements supplémentaires
sur la totalité des incidents racistes dans la Ville de Thunder
Bay, dans le but ultime d’éliminer de tels incidents ainsi
que les croyances et attitudes qui les sous-tendent.
5.17. Les préoccupations concernant les enquêtes sur les décès et les
disparitions sont examinées au regard des plus vastes et profondes
préoccupations au sujet du racisme systémique dans le cadre des services
policiers et dans la collectivité en général. La présente enquête portera sur
une partie relativement petite de ce qui semble être un problème beaucoup plus
grand à Thunder Bay; toutefois,
cette partie pourrait constituer un facteur contributif important. L’enquête
abordera le rôle que joue la CSPTB relativement aux allégations de racisme systémique
dans l’ensemble du système de services policiers à Thunder
Bay. Au plus haut niveau, l’enquête visera à aider la
Commission de police à faire progresser la police et la collectivité de manière
à cerner et à reconnaître le problème du racisme au sein du corps de police et
dans la collectivité. Elle aura aussi pour but d’aider la CSPTB à aborder les
questions des préjugés inconscients, du racisme systémique et de la discrimination
envers les Autochtones dans la collectivité.
5.18. L’enquête visera à déterminer si la Commission de police s’acquitte de
son mandat prévu par la loi et les règlements et ira plus en profondeur pour
examiner si le racisme systémique et la discrimination ont nui à la Commission
de police dans l’exercice de ses fonctions. Si des lacunes sont relevées, des recommandations
seront faites en vue d’améliorer les opérations de la Commission de police de
manière à créer de la confiance ou à rétablir la confiance à l’égard de la
Commission de police.
5.19. Je chercherai aussi à déterminer ce que la communauté de Thunder Bay sait au sujet de la
CSPTB et de son rôle, ainsi que ce à quoi elle s’attend de la CSPTB.
5.20. Je tenterai également de relever et de définir les difficultés
systémiques comme je les perçois. Dans le cadre de ce travail, j’évaluerai si
le cadre législatif et réglementaire crée des difficultés ou des obstacles, et
je présenterai des recommandations à la province si les responsabilités prévues
par la loi et par les règlements ne correspondent pas aux attentes légitimes de
la collectivité.
5.21. Je compte aussi consulter des universitaires qui étudient la gouvernance
et la surveillance civile de la police et communiquer avec des organismes comme
l’Association canadienne de surveillance civile du maintien de l'ordre
(« CACOLE ») et l’Ontario Association of Police Services Boards (« OAPSB »). Dans le cadre de l’enquête, j’examinerai les
meilleures pratiques au sein des CSP (et d’organes similaires) – tant au pays
qu’à l’étranger – qui pourraient être utiles pour la CSPTB et pour d’autres
commissions de police en Ontario.
5.22. Le reste du présent rapport aborde certaines questions particulières
actuellement à l’étude; cependant, aucune conclusion n’a encore été tirée. Ces
questions pourraient ou non être traitées dans le rapport final.
6.
Racisme, discrimination et préjugés systémiques
6.1.
Les préoccupations au
sujet du racisme, de la discrimination et des préjugés systémiques sont au cœur
de la présente enquête. Dans le cadre de l’analyse de ces questions, j’offrirai
des définitions pratiques claires et concises de chaque concept, accompagnées
d’exemples hypothétiques à titre d’illustration. Les définitions pratiques
permettront de faire en sorte que la Commission, la Commission de police et le
public comprennent bien les concepts. Ces définitions devraient orienter la
CSPTB et toute enquête future lorsqu’il s’agira d’évaluer la discrimination et
le racisme systémiques et de mesurer les résultats pour aborder ces questions. De
plus, nous chercherons à relever des exemples actuels et passés de racisme et
de discrimination systémiques, et nous formulerons des recommandations sur le
rôle que devrait jouer la Commission de police relativement aux préoccupations
futures concernant le racisme systémique dans le cadre des services policiers.
6.2.
Si nous devions
déterminer si le racisme systémique a contribué aux problèmes réels ou perçus liés
aux enquêtes de la police, nous nous trouverions vraisemblablement à empiéter sur
le mandat du BDIEP. L’enquête actuelle vise plutôt les actions ou l’inaction de
la Commission de police en tant qu’organisme de surveillance de la police, eu
égard aux préoccupations exprimées au sujet du racisme, de la discrimination et
des préjugés systémiques au sein du service de police et de la Commission de
police elle-même. L’enquête aura pour but de déterminer le rôle que la CSPTB devrait
assumer pour cerner et combattre le racisme systémique, la discrimination et
les préjugés inconscients à l’avenir.
6.3.
J’examinerai en
détail diverses initiatives actuelles et passées, liées au SPTB et à la CSPTB,
qui ont abordé le problème du racisme systémique, ainsi que la façon dont les
recommandations de ces initiatives ont été mises en œuvre. En particulier, je
me pencherai sur la façon dont la Commission de police relance le projet
« Diversity in Policing ».
J’examinerai également le rôle de la Commission de police relativement à une
initiative actuelle de changements organisationnels en matière de droits de la
personne destinée tant au SPTB qu’à la Commission de police.
7.
Établissement
de relations
7.1.
Le développement de
relations positives et constructives entre tous les organismes de services
policiers – y compris les CSP – et les collectivités Autochtones est essentiel pour
corriger l’héritage des désastreuses interactions policières avec les Autochtones
et tracer un nouveau sentier de collaboration. J’examinerai les mesures que la
Commission de police pourrait prendre pour favoriser une relation durable au
moyen d’un engagement régularisé avec les communautés Autochtones du Nord-Ouest
de l’Ontario.
7.2.
Je reconnais le
chevauchement entre la Ville et la Commission de police et entre celle-ci et la
police. On m’a demandé d’examiner divers engagements positifs entre ces parties,
comme un récent accord d’amitié conclu entre la Ville de Thunder
Bay, le SPTB, la Première Nation de Fort William et
la Première Nation de North Caribou Lake[44].
Dans le même ordre d’idées, l’été dernier, la Ville de Thunder
Bay, la Nation Nishnawbe-Aski
et la Première Nation de Fort William se sont engagées conjointement à prendre
des mesures pour lutter contre le racisme et faire de Thunder
Bay un lieu accueillant pour les jeunes Autochtones[45].
7.3.
Il s’agit toutes de
mesures positives, mais il pourrait être important de créer un cadre pour la
CSPTB en particulier pour s’assurer qu’à l’avenir, les nouveaux membres de la
Commission de police participent aux activités de sensibilisation dès leur
nomination, et pour veiller à ce que de tels efforts se poursuivent même une
fois que les préoccupations plus immédiates se seront dissipées.
7.4.
Ainsi, je pourrais
examiner la question de savoir s’il serait ou non utile de prévoir des réunions
régulières entre les membres de la Commission de police et les leaders des
Premières Nations pour cerner les questions préoccupantes. De même, je pourrais
examiner la question de savoir s’il serait ou non utile que la Commission de
police invite régulièrement des délégations de diverses Premières Nations à
ses réunions. Il pourrait aussi être utile de veiller à ce que tous les membres
de la Commission de police aient l’occasion de visiter de temps à autre des
collectivités éloignées qui ne sont accessibles que par avion. Tout ce que je
viens de décrire peut être prévu dans une stratégie de communications ou une
autre forme de protocole entre la Commission de police et les Premières Nations.
8.
Gouvernance
de la Commission de police et distinction entre les politiques et les
opérations
8.1. Il existe une séparation bien connue (mais peut-être pas bien comprise) entre
les CSP et les services de police en ce qui concerne la gestion des questions
opérationnelles. Le paragraphe 31 (4) de la LSP indique ce qui suit :
« La commission de police ne doit pas donner de directives
au chef de police au sujet de décisions opérationnelles particulières ni des
opérations quotidiennes du corps de police ». Dans le cadre de mon rapport final, j’examinerai ce
qui suit : la question de savoir comment le paragraphe 31 (4) doit
être interprété, la façon dont la Commission des services policiers de Thunder Bay l’a interprété, les
défis que pose cette disposition, l’équilibre approprié entre la retenue et des
directives, ainsi que la nature des circonstances dans lesquelles il serait
approprié que la Commission de police donne des directives.
8.2.
Le paragraphe 31 (4)
– et les questions concernant la gouvernance des commissions de police d’une
façon plus générale – ont été très attentivement examinés par le juge John Morden dans son rapport de 2012 découlant de l’Independent Civilian Review
Into Matters Relating to the G20 Summit.
8.3.
L’examen du juge Morden a été commandé par la Commission des services
policiers de Toronto par suite de la controverse au sujet de la façon dont la
police avait géré le Sommet du G20 de 2010, à Toronto. Dans le cadre de
l’examen, le rôle de la Commission des services policiers de Toronto a été
examiné au regard de sa supervision de la police et de la réponse ultérieure de
la police. Le rapport traitait notamment des responsabilités des commissions de
police, de la sensibilisation du public aux commissions de police, des rôles
éventuels des commissions de police et des nominations aux CSP. On y trouve en particulier
une importante discussion sur la différence entre la participation aux
opérations et les rôles en matière de politique.
8.4.
Même si le rapport Morden n’a pas été commandé par le gouvernement de l’Ontario
et ne visait pas toutes les commissions de services policiers de la province, une
grande partie de l’analyse peut demeurer utile aux présentes fins, notamment en
ce qui concerne la façon dont la CSPTB aborde les questions liées à la restriction
applicable à la participation aux opérations. Par exemple, la recommandation 4 traite
du partage de renseignements entre la Commission de police et le chef de police
de Toronto. La recommandation 5 visait la création d’une politique de la
Commission de police de Toronto sur les « points critiques » (c.-à-d.
relever les situations dans lesquelles la Commission de police doit recevoir
des renseignements, y compris des renseignements sur les opérations). La recommandation
6 propose que la Commission de police détermine les objectifs, priorités et
politiques appropriés pour les événements importants, les opérations et les
questions importantes sur le plan des opérations.
8.5.
Dans le cadre de la
présente enquête, j’examinerai notamment les questions et enjeux
suivants :
·
la façon dont les recommandations
énoncées dans le rapport du juge Morden – notamment
en ce qui concerne la participation des commissions de police aux questions
opérationnelles – ont été reçues par l’Ontario relativement aux commissions de
police d’une façon générale;
·
la question de savoir
si toute modification de la LSP proposée à l’automne 2017 clarifierait les
rôles des commissions de police à l’égard des opérations;
·
la question de savoir
si les recommandations du juge Morden seraient
actuellement pertinentes pour la CSPTB;
·
la question de savoir
si la distinction entre les politiques et les opérations empêche les
commissions de police de surveiller convenablement leurs services de police
respectifs;
·
la question de savoir
si la CSPTB (ainsi que d’autres commissions de police en Ontario) estime
qu’elle dispose d’une latitude et d’un pouvoir suffisants pour donner des
directives à un service de police sans s’ingérer dans ses opérations;
·
la question de savoir
si les membres de la Commission de police ont des directives suffisamment
claires sur la ligne de partage entre les affaires opérationnelles de la police
et les autres affaires;
·
la question de savoir
s’il y a une compréhension commune entre le chef de police et la CSP au sujet
de la distinction entre les politiques et les opérations et, dans la négative,
s’il existe un mécanisme permettant de l’obtenir;
·
la question de savoir
si la CSPTB peut tirer avantage d’une politique sur les incidents critiques
mettant en cause des Autochtones;
·
la question de savoir
si la CSPTB reçoit des rapports du coroner ou des résumés de rapports du coroner
de la part du chef de police, ainsi que la façon dont cela pourrait éclairer
l’élaboration du plan d’activités.
9.
Formation et expertise des membres des commissions de police
9.1.
Outre la question du
cadre juridique dans lequel les commissions de police devraient fonctionner, il
y a la question du caractère adéquat de la formation que reçoivent les membres
des commissions de police, eu égard à leurs qualifications et fonctions comme
membres d’une commission de police, en plus de la formation sur la
sensibilisation aux réalités culturelles et sur les préjugés inconscients.
9.2.
Dans son rapport de
2017, le juge Tulloch a fait certaines recommandations
intéressantes au point 12.100 :
D’abord, les
commissions de services policiers constituent une composante essentielle du
système civil de surveillance des corps policiers en Ontario. Comme je
l’explique plus loin, le système serait renforcé en établissant des critères de
sélection uniformes pour les membres de commissions et en leur offrant une
formation obligatoire sur leurs rôles et leurs responsabilités.
9.3.
Au point 12.200, le
juge Tulloch a recommandé que le MSCSC :
[…] établisse des
critères de sélection par l’intermédiaire d’une loi ou d’un règlement pour les
personnes nommées à des commissions. Ces critères de sélection ne doivent pas
être trop normatifs afin d’encourager des personnes d’horizons professionnels
et personnels divers à poser leur candidature. Ces critères devraient toutefois
tenir compte des compétences de base des membres de la commission, comme en
matière de planification et d’analyse stratégiques, de pensée critique,
d’évaluation du rendement et de connaissances financières. Des efforts
devraient également être déployés en vue de recruter des candidats
représentatifs de la diversité des communautés de leur ressort.
9.4.
Le juge Tulloch a également commenté l’absence de formation
obligatoire pour les membres des commissions. Au point 12.2, le juge Tulloch a recommandé ce qui suit :
[…] une formation
obligatoire à l’intention des membres de commissions de services policiers.
Cette formation devrait être élaborée en partenariat avec l’Ontario Association
of Police Services Boards et des institutions
d’enseignement postsecondaire ayant une expertise dans les domaines de la
gouvernance du secteur public et d’organismes sans but lucratif.
9.5.
Dans le contexte de
la présente enquête, j’ajouterais que la formation pour comprendre et aborder
le racisme systémique, la discrimination ouverte et inconsciente et les
questions interculturelles sont des éléments nécessaires.
9.6.
Les représentants ont
indiqué que la formation pouvait constituer un défi. Les élections municipales
peuvent entraîner une modification complète de la composition des commissions
de police, de sorte qu’il ne reste pratiquement aucune mémoire institutionnelle.
9.7.
Quel que soit le
degré de raffinement des membres d’une commission de police, il a aussi été
souligné qu’il s’agit d’un « emploi à temps partiel ». À Thunder Bay et ailleurs, il
arrive souvent que les membres d’une commission de police aient des emplois à
temps plein, soient des conseillers municipaux et participent à de nombreuses
autres activités. Cela donne à penser qu’une formation régulière sur les rôles,
responsabilités et fonctions des commissions de police est importante et qu’il
faut consacrer du temps à une telle formation. Dans le même ordre d’idées, il
pourrait être important d’examiner les compétences et connaissances
essentielles qui devraient exister au sein de toutes les commissions de police,
qu’il s’agisse d’expérience dans le secteur de la justice, d’expertise
financière ou de sensibilisation aux différences culturelles.
10.
Processus de planification des
activités et d’élaboration des politiques
10.1. Comme il a été souligné précédemment, une responsabilité clé de toutes
les CSP consiste à élaborer un plan d’activités au moins une fois tous les
trois ans, conformément au paragraphe 30 (1) du règlement intitulé « Caractère adéquat et efficacité des services
policiers ». Le paragraphe 30 (2) énonce le contenu obligatoire
des plans d’activités. Par exemple, ceux-ci doivent couvrir « les objectifs,
les activités de base et les fonctions du corps de police » et traiter des
« initiatives communautaires de prévention du crime » et du
« degré de satisfaction de la collectivité ».
10.2. À Thunder Bay, si
l’on compare les plans d’activités de 2008-2010 au plan 2015-2017 actuellement
en vigueur, il y a eu une diminution marquée de la proportion du plan
d’activités qui est consacrée au traitement des questions Autochtones. La planification
des activités est importante dans le contexte de la présente enquête, parce
qu’il s’agit d’une activité qui établit les priorités de la Commission de
police et du SPTB. L’attention réduite qui semble être portée aux questions Autochtones
– dans le contexte des préoccupations constantes au sujet d’un climat raciste à
Thunder Bay et de la série
de décès de personnes Autochtones – sera un élément important de l’enquête.
10.3. Dans le plan d’activités 2015-2017 du Service de police de Thunder Bay, la Commission de
police a créé quatre nouvelles priorités. Le plan a été élaboré par la
Commission de police et le SPTB. Une des nouvelles priorités est la
suivante : « Collaboration et partenariats par voie de mobilisation
multisectorielle[46] ».
Le point a) des points a) à g) se lit comme suit : « Maintenir une
communication ouverte avec les leaders Autochtones, notamment le comité
exécutif du chef sur les enjeux Autochtones et la diversité ». La
formation de partenariats avec la collectivité Autochtone est également
mentionnée.
10.4. En comparaison, le plan d’activités 2008-2010 semble avoir mis beaucoup
plus l’accent sur les questions qui revêtent une importance pour les Premières
Nations et les Autochtones. Par exemple, le plan d’activités 2008-2010 a établi
cinq priorités en tout. La deuxième de ces priorités était la suivante : « Travailler
en collaboration avec l’Unité de liaison avec les Autochtones et le comité
consultatif Autochtone et avec d’autres groupes Autochtones (Premières Nations,
Métis et Inuits) pour cerner et prévenir les problèmes de crime et de désordre
qui touchent les Autochtones et pour mieux s’attaquer à ces problèmes[47] ».
Les relations avec les Autochtones sont désignées comme un élément important de
l’ « analyse environnementale[48] ».
10.5. Selon le plan d’activités 2012-2014, « [l]a participation de la
collectivité Autochtone en vue d’aborder les questions relatives à la sécurité
et aux services policiers » était l’une de quatre priorités clés du SPTB pendant
ces années. Les éléments de cette priorité comprenaient ce qui suit :
Maintenir et soutenir
l’Unité de liaison avec les Autochtones et le comité consultatif Autochtone.
Élaborer et mettre en
œuvre des stratégies visant à assurer la sécurité et le bien-être des jeunes Autochtones.
Collaborer avec les
leaders et les organismes de services Autochtones pour établir des priorités et
aborder les questions relatives aux services policiers et à la sécurité qui
sont propres à la collectivité Autochtone.
Travailler avec tous
les ordres de gouvernement, leaders Autochtones, sociétés privées et
partenaires policiers pour élaborer une stratégie régionale complète visant à
aborder les questions relatives à la sécurité et aux services policiers
associées au développement économique du Nord.[49]
10.6. La différence entre les plans d’activités 2008-2010/2012-2014 et le plan
d’activités 2015-2017 est frappante, et elle soulève des questions qui seront
examinées davantage avec la CSPTB et avec d’autres parties, notamment les
questions suivantes :
·
Pourquoi l’accent sur
les questions Autochtones et les questions relatives aux Premières Nations
est-il beaucoup moins important à cette étape-ci du processus de planification
des activités qu’il y a une décennie, surtout compte tenu de l’enquête sur les
sept jeunes?
·
Comment les questions
soulevées en 2008-2010 ont-elles fait l’objet d’un
suivi?
·
Quel est l’état
d’avancement de l’actuel processus de planification des activités?
·
Quelles sont la
nature et la portée des consultations menées auprès de groupes Autochtones en
vertu du paragraphe 32 (2) du règlement intitulé « Caractère convenable et efficacité des
services policiers » relativement au prochain plan d’activités?
·
Quel type de consultation
concernant le plan d’activités a eu lieu au cours des années précédentes?
10.7. Le processus de planification des activités établi dans le règlement soulève
aussi des questions pour ce qui est de savoir s’il est ou non nécessaire de
remanier ou de réexaminer le processus même. Par exemple, est-ce que tous les
plans d’activités en Ontario devraient obligatoirement traiter de questions
liées au racisme systémique, au profilage racial ou aux préjugés raciaux et à
la conformité avec les principes énoncés à l’article 1 de la LSP? En particulier,
ces principes comprennent ce qui suit : « [l]’importance de préserver les droits fondamentaux garantis par la Charte canadienne
des droits et libertés et le Code des droits de la personne »
et « [l]e besoin d’être sensible au caractère pluraliste, multiracial et
multiculturel de la société ontarienne ».
10.8. On m’a informé que le plan d’activités actuel sera élargi
de manière que toute recommandation résultant de l’examen du BDIEP et de la
présente enquête puisse être incorporée dans le nouveau plan.
11.
Le rôle de la Commission de
police relativement au processus de traitement des plaintes
11.1. Les chefs de police et leurs délégués sont responsables du processus de
discipline interne décrit à la partie V de la LSP. Les chefs de police et la
haute direction participent aussi beaucoup au processus de traitement des
plaintes du public. Bien que les plaintes du public soient reçues et filtrées
par le BDIEP, certaines enquêtes sur des plaintes sont renvoyées à la police,
tandis que les arbitres et les poursuivants nommés par les chefs de police
s’occupent des audiences disciplinaires[50].
11.2. Sur papier, les CSP semblent jouer un rôle assez limité dans le
processus de traitement des plaintes. En vertu du paragraphe 77 (1) de la
LSP, une commission de police peut déposer une « plainte » contre son
propre chef ou chef adjoint et ensuite examiner sa propre plainte. L’article 77
indique également le processus qui s’applique aux enquêtes sur de telles
plaintes que la CCOP confie à d’autres services de police, ainsi qu’aux
décisions sur des allégations d’inconduite.
11.3. Conformément à l’alinéa 31 (1)i), la commission de police doit
établir des lignes directrices pour traiter les plaintes du public en vertu de
la partie V de la LSP, mais le paragraphe 31 (1.1) précise que ces lignes
directrices ne doivent être établies que si elles sont compatibles avec les
règles de procédure ou lignes directrices du BDIEP et les règlements
provinciaux pris en la matière.
11.4. L’alinéa 31 (1)j) impose à la commission de police l’obligation
d’examiner l’administration, par le chef de police, du système de traitement
des plaintes prévu à la partie V et de se faire remettre par ce dernier des
rapports réguliers sur son administration du système de traitement des plaintes.
11.5. En ce qui concerne le processus de traitement des plaintes déposées
contre la police à Thunder Bay,
j’ai l’intention d’examiner certaines ou la totalité des questions
suivantes :
·
le rôle de la
Commission de police à l’égard du processus de traitement des plaintes;
·
la perception des
membres de la Commission de police quant à son rôle dans le processus de
traitement des plaintes;
·
la mesure dans
laquelle la surveillance des plaintes devrait éclairer l’élaboration des
priorités dans le plan d’activités de la Commission de police;
·
la question de savoir
si le rôle de la Commission de police sera modifié si des modifications
(éventuelles) de la LSP sont présentées et adoptées.
12.
Nomination d’une personne Autochtone
à la Commission de police
12.1. Les CSP sont composées de politiciens municipaux, de personnes nommées
par la province et d’au moins un « représentant communautaire » – une
personne nommée par la municipalité qui n’est ni un conseiller municipal, ni un
employé.
12.2. Au moment de la rédaction du présent rapport, il y avait un poste vacant
au sein de la CSPTB, qui devait être pourvu par le gouvernement provincial. Le
poste au sein de la Commission de police était vacant depuis plusieurs mois.
12.3. Thunder Bay a une très importante population Autochtone.
Selon les données de recensement publiées récemment, environ 13 % de la
population de Thunder Bay en
2016 était Autochtone[51].
Cependant, il pourrait s’agir d’une estimation très conservatrice. Le plan
d’activités 2012-2014 de la CSPTB indiquait lui-même que la population Autochtone
pourrait atteindre les 25 % :
Comme le reconnaît le
2007 Urban Aboriginal Task Force Thunder Bay Report, il est difficile d’obtenir un décompte exact
des membres des Premières Nations vivant à Thunder Bay et à Oliver Paipoonge. Selon
les recherches du groupe d’étude, une estimation conservatrice de notre
population Autochtone serait de 15 à 25 pour cent de la population totale.
En tant que centre
régional, Thunder Bay est
une destination en demande qui offre des services et des possibilités aux
résidents de collectivités éloignées. La population de la ville fluctue, ce qui
fait augmenter la demande de services d’urgence.[52]
12.4. Étant donné l’importante population Autochtone à Thunder
Bay et les graves préoccupations des Autochtones au
sujet des services policiers, la question de la représentation (ou de l’absence
de représentation) Autochtone au sein de la CSPTB a été soulevée.
12.5. La recommandation no 113 de l’enquête sur les sept
jeunes visait à la fois l’Ontario et la ville de Thunder
Bay. Elle se lisait comme suit :
113. L’Ontario et la
Ville de Thunder Bay, en
exerçant leur pouvoir de nomination à la Commission des services policiers de Thunder Bay (la « CSPTB »),
doivent tenir compte de la nécessité de nommer une personne représentant les Autochtones
pour tenir compte de la population de la Ville de Thunder
Bay servie par la CSPTB.[53]
12.6. À titre de mesure provisoire, la Commission de police a engagé une
personne-ressource Autochtone chargée de lui fournir des conseils sur les
questions Autochtones[54].
Il a également été rapporté que la CSPTB a demandé à la province de nommer une
personne Autochtone comme membre à part entière de la Commission de police afin
de pourvoir le poste actuellement vacant parmi les personnes nommées par la
province[55].
La Commission de police a confirmé cette demande directement à la CCOP.
12.7. Dans le cadre de l’examen, la Commission pourrait aussi examiner des questions
telles que celles-ci :
·
le statut de la
recommandation du verdict du coroner de 2016 au sujet de la représentation Autochtone
au sein de la Commission de police;
·
la question de savoir
si la CSPTB, en particulier, devrait prévoir en son sein un poste permanent désigné
pour une personne Autochtone;
·
la question de savoir
s’il faut envisager de faire en sorte que les personnes Autochtones soient
représentées au sein des CSP dans d’autres régions de l’Ontario ayant
d’importantes populations Autochtones;
·
la question de la
responsabilité d’assurer une représentation Autochtone;
·
la question de savoir
si les municipalités ou les CSP ont le pouvoir de nommer un représentant Autochtone
à leur gré ou devraient être tenues de le faire;
·
les facteurs à
prendre en considération lorsqu’il s’agit de nommer des Autochtones comme
membres de la Commission de police;
·
la question des
retards à pourvoir les postes destinés aux personnes nommées par la province.
13. Recrutement, promotion et perfectionnement du
personnel
13.1.
Le rôle de la Commission de police à l’égard du recrutement
des policiers Autochtones, ainsi que son rôle dans la surveillance de la
diversité, constituent une question clé. « La police est le public et le
public est la police; les policiers sont payés pour consacrer à plein temps
leur attention à des fonctions qui incombent à tout citoyen dans l'intérêt du
bien-être et de l'existence de la collectivité » : cette déclaration
est fréquemment attribuée à Sir Robert Peel, le fondateur de la Metropolitan Police Service; elle est parfois attribuée à
deux des premiers commissaires de ce service[56]. Avec
cette déclaration à l’esprit – et peu importe qui l’a prononcée –, il est d’une
importance vitale que les policiers soient le reflet des collectivités qu’ils
desservent dans un Canada diversifié et multiculturel/multiracial. La diversité
dans le cadre des services policiers peut être difficile à obtenir, comme en
témoigne un reportage de la CBC de 2016 soulignant que la diversité au sein de
plusieurs grands services de police au Canada accuse un retard considérable par
rapport à la diversité de la population locale[57].
Cela étant, la composition par sexe et la composition raciale et culturelle du
Service de police de Thunder Bay
devrait correspondre à la composition de la population de Thunder
Bay.
13.2.
Le nombre de policiers Autochtones embauchés par le SPTB n’est
qu’une parmi plusieurs mesures de diversité. La composition par sexe et la composition raciale et
culturelle des policiers qui sont promus ou qui sont choisis pour occuper des
postes techniques spécialisés (p. ex. les policiers chargés du polygraphe, de
la preuve médico-légale ou de la reconstitution des collisions) ou des postes
publics de premier plan (p. ex. les agents d’information) devrait aussi
correspondre à la composition de la collectivité desservie.
13.3.
D’autres services de police importants au Canada, comme le
Service de police de Winnipeg, publient dans leurs rapports annuels des
renseignements sur la composition raciale de leur effectif[58]. Le
rapport annuel du Service de police de Thunder Bay ne fournit actuellement que des statistiques concernant
le sexe des policiers[59].
La CSPTB a indiqué qu’elle fournira des renseignements sur le nombre de
policiers Autochtones au sein du SPTB et sur les rangs atteints.
13.4.
Lors de la prochaine phase de la présente enquête, je
demanderai des renseignements supplémentaires sur les mesures que prend actuellement
et que prendra la CSPTB pour assurer la diversité du service de police. En
particulier, j’examinerai la valeur pratique des déclarations volontaires
relatives au statut d’Autochtone ou de membre d’une minorité visible ou au
statut fondé sur d’autres motifs énumérés, conformément à toutes les lois
applicables en matière de droits de la personne et d’emploi.
14. Le code de conduite et le régime de
réglementation qui s’appliquent aux membres
14.1. Le code de conduite applicable aux membres de la CSP prévoit clairement
que les membres ne sont pas autorisés à aborder des questions en public, sauf
s’ils indiquent clairement qu’ils s’expriment à titre personnel et non pour le
compte de leur CSP. De plus, certaines dispositions empêchent les membres de
s’exprimer au sujet de questions abordées à huis clos. Il se peut que les
membres de la Commission de police ou la CSPTB dans son ensemble se sentent
limités par les restrictions prévues par la loi ou les règlements.
14.2. Vu que le code de conduite applicable aux membres de la CSP n’a pas été
modifié de façon importante depuis 2000, il pourrait être temps d’effectuer un
examen et une mise à jour détaillés. Dans le même
ordre d’idées, la distinction entre la surveillance rigoureuse du service de
police et la restriction relative à l’ingérence dans les affaires
opérationnelles pourrait, comme il a été indiqué ci-dessus, nécessiter
d’importants éclaircissements.
14.3. La structure de surveillance des CSP pourrait aussi nécessiter des
éclaircissements. L’enquête comprendra des discussions avec le ministère en vue
de déterminer l’approche que ce dernier adoptera à l’égard des CSP en ce qui
concerne la surveillance, les renseignements et les conseils fournis et les
défis associés à leurs rôles.
15. Questions touchant la Commission de police/la
municipalité
15.1. Une question qui se pose à Thunder Bay et ailleurs est celle de savoir si la Commission de
police et la municipalité sont suffisamment distinctes l’une de l’autre?
15.2. Dans les documents de formation standard fournis pour les CSP, le MSCSC
souligne que l’article 32 du règlement intitulé « Caractère convenable et efficacité des services policiers »
prévoit ce qui suit :
« 32. (1) Chaque
commission de police conclut un protocole avec son conseil municipal qui traite
de ce qui suit : a) la communication de renseignements au conseil
municipal, y compris le type de renseignements devant être communiqués et la
fréquence de ces communications. »
15.3. Dans ses documents de formation, le MSCSC souligne aussi ce qui
suit : « la commission de police peut fournir des renseignements au
conseil, s’il y a lieu, en respectant les paramètres législatifs – [les
renseignements] doivent être fournis par la commission de police et non par des
membres particuliers de celle-ci. »
15.4. À Thunder Bay, comme
dans d’autres municipalités ontariennes, il y a des signes donnant à penser
qu’il pourrait ne pas y avoir de séparation adéquate entre la CSPTB et la Ville
de Thunder Bay. La
Commission de police n’a pas son propre personnel mais a plutôt recours au
personnel de la Ville pour les questions administratives. Cela pourrait mener à
des difficultés pratiques au chapitre du partage des renseignements et de la
séparation entre les activités de la Commission de police et celles de la Ville.
À tout le moins, les perceptions peuvent être préoccupantes et entraîner une
grande confusion au sujet du rôle de la Commission de police par rapport à la
Ville.
15.5. Il convient également de souligner que la CSPTB ne possède pas son
propre site Web et que seule une petite section lui est consacrée sur le site
Web de la Ville de Thunder Bay[60].
Bien qu’il ne soit pas inhabituel qu’une CSP partage une page Web avec une
municipalité ou un service de police, la présentation actuelle donne à penser
que la CSPTB n’est qu’un simple appendice de la Ville de Thunder
Bay.
15.6. Je compte examiner davantage le protocole de communication et la
relation administrative entre la Commission de police et la Ville.
16.
Communications et transparence
16.1. La Commission de police a une présence limitée sur Internet et dans les
médias sociaux.
16.2. Plusieurs autres commissions de police en Ontario ont des sites Web
distincts contenant des index de liens vers les ordres du jour, procès-verbaux
et webémissions des réunions. Je compte étudier
l’approche de la CSPTB en matière de communications en vue de déterminer les
mesures qui pourraient être prises pour améliorer l’accessibilité et la
transparence de la Commission de police. Cela serait utile pour instruire et
informer le public au sujet des activités et décisions de la Commission de
police se rapportant à la surveillance du SPTB.
16.3. Bien que le commentaire ci-dessus se rapporte à ce qui est généralement
considéré comme de la « communication stratégique », je compte aussi
examiner la stratégie de la CSPTB en matière de gestion de questions d’intérêt
et de « communication de crise ».
16.4. Dans le même ordre d’idées, je compte examiner les pratiques de la CSPTB
se rapportant à ses séances « à huis clos ». Une question similaire a
été examinée dans le récent rapport de M. Mark Sandler
concernant la Commission des services policiers de Peterborough. M. Sandler a recommandé que la Commission de police de Peterborough
élabore une politique régissant les réunions à huis clos. Je compte examiner plus
attentivement le rapport de M. Sandler pour
déterminer s’il y a des préoccupations similaires à Thunder
Bay. Je compte également me pencher sur le paragraphe
35 (4) de la LSP, qui se lit comme suit :
Exception
(4) La commission
de police peut exclure le public de la totalité ou d’une partie d’une réunion
ou d’une audience si elle estime que, selon le cas :
a) des questions
intéressant la sécurité publique pourraient être révélées et, eu égard aux
circonstances, l’avantage qu’il y a à ne pas les révéler dans l’intérêt public
l’emporte sur l’avantage qu’il y a à respecter le principe de la publicité des
instances;
b) des questions
financières ou personnelles de nature intime ou d’autres questions pourraient
être révélées qui sont telles qu’eu égard aux circonstances, l’avantage qu’il y
a à ne pas les révéler dans l’intérêt d’une personne concernée ou dans
l’intérêt public l’emporte sur l’avantage qu’il y a à respecter le principe de
la publicité des instances.
16.5. J’ai l’intention de comparer le paragraphe 35 (4) aux dispositions
semblables de la Loi de 2001 sur les municipalités[61]
et d’autres lois provinciales sur les services policiers pour déterminer
s’il offre à la CSPTB une orientation suffisante en ce qui concerne les situations
dans lesquelles le public peut être exclu des réunions.
17. Conclusion
17.1.
Comme on peut le constater, l’enquête abordera de
nombreuses questions. Toutes ces questions exigent une certaine clarté et une
certaine compréhension en ce qui concerne les rôles et responsabilités de la
Commission de police et de ses membres : certains semblent avoir joué un
rôle dans les relations qui se sont développées entre, d’une part, les Autochtones
à Thunder Bay et dans ses
environs et, d’autre part, le Service de police de Thunder
Bay et la Commission de police.
17.2.
Les membres de mon équipe effectuent actuellement les
recherches nécessaires pour dresser un portrait complet de la situation au sein
de la collectivité et pour cerner les causes profondes des problèmes. De plus,
on organise actuellement des entrevues afin de discuter de la question des
services policiers dans la collectivité et du rôle de la Commission de police.
Parmi les personnes interviewées, il y aura notamment d’anciens et d’actuels
membres de la Commission de police, le chef de police par intérim, des leaders Autochtones,
des leaders communautaires locaux et des Autochtones touchés par les services
policiers à Thunder Bay.
17.3.
Dans mon rapport final, je présenterai des recommandations
visant à atténuer les obstacles systémiques et les problèmes connexes qui ont
contribué à la crise de confiance qui existe actuellement parmi les groupes Autochtones
à l’égard de la Commission de police. J’espère que mes recommandations offriront
à la Commission des services policiers de Thunder Bay une orientation qui lui permettra de fonctionner à son
plein potentiel dans l’intérêt et pour la sécurité de tous les résidents de Thunder Bay.
17.4.
Le tout respectueusement soumis.
Annexe A : Mandat de l’enquête de la Commission civile de l’Ontario
sur la police sur la Commission des services policiers de Thunder
Bay
Il y a de graves préoccupations au sujet de l’état de la surveillance
civile des services policiers à Thunder Bay, tant en ce qui concerne la capacité de la Commission
des services policiers de Thunder Bay
(« CSPTB » ou « Commission de police ») d’aborder les
préoccupations exprimées par les leaders Autochtones et les membres de la
collectivité qu’en ce qui a trait aux récentes accusations criminelles portées
contre le chef de police.
La capacité de la Commission de police d’assurer une surveillance civile
d’une manière qui tient compte des préoccupations Autochtones a été examinée
surtout à la lumière d’une série de décès de jeunes Autochtones survenus
récemment. Le Service de police de Thunder Bay (« SPTB ») a enquêté sur ces décès.
Cependant, les Autochtones et les collectivités des Premières Nations des
quatre coins de l’Ontario ont exprimé des préoccupations concernant la qualité
des enquêtes du SPTB et le racisme systémique au sein du service de police. Bien
que ces enquêtes policières aient été effectuées, le Bureau du directeur
indépendant de l’examen de la police (BDIEP) a procédé à un examen systémique
des services policiers à Thunder Bay
pour examiner les problèmes de racisme au sein du service de police. Aussi
récemment qu’en mai 2017, les représentants de la Commission de police ont
déclaré que les préoccupations concernant la qualité des enquêtes et le racisme
systémique n’étaient pas fondées.
Le 23 mai 2017, des accusations criminelles ont été portées contre le
chef du Service de police de Thunder Bay pour abus de confiance et entrave à la justice. Il
s’agit d’un fait grave et sans précédent qui soulève des préoccupations relativement
à la prestation efficace de services policiers à Thunder
Bay. Des membres de la Commission de police ont été
identifiés comme éventuels témoins dans le cadre de l’enquête.
Compte tenu des événements mentionnés ci-dessus, la Commission civile de
l’Ontario sur la police (CCOP), soucieuse de maintenir la confiance du public à
l’égard de la prestation de services policiers à Thunder
Bay, et s’appuyant sur les pouvoirs conférés par les
alinéas 25 (1) b) à d) de la Loi sur
les services policiers (LSP), a ouvert une enquête sur ce qui suit :
1. le rendement de la CSPTB dans l’exercice de ses responsabilités conformément
au par. 31 (1) de la LSP pour assurer la
prestation de services policiers « convenables et efficaces » à Thunder Bay;
2. le rôle que joue la CSPTB pour déterminer « les objectifs et
priorités […] en matière de services policiers » à Thunder
Bay, conformément à l’al. 31 (1)b) de la LSP;
3. le rôle que joue la CSPTB pour établir des politiques en vue de la
gestion efficace du SPTB, conformément à l’al. 31 (1)c) de la LSP;
4. le rôle que joue la CSPTB pour veiller à ce que les services policiers
fournis à Thunder Bay
soient offerts conformément à la déclaration de principes figurant à l’article 1
de la LSP, lequel prévoit que les services policiers sont offerts dans
l’ensemble de l’Ontario conformément aux principes suivants :
§ le
besoin d’assurer la sécurité de toutes les personnes et de tous les biens en
Ontario;
§ l’importance
de préserver les droits fondamentaux garantis par la Charte canadienne des
droits et libertés et le Code des droits de la personne;
§ le
besoin de coopération entre les personnes qui offrent les services policiers et
les collectivités qu’elles desservent;
§ l’importance
qu’il y a à respecter les victimes d’actes criminels et à comprendre leurs
besoins;
§ le
besoin d’être sensible au caractère pluraliste, multiracial et multiculturel de
la société ontarienne;
§ le besoin
de veiller à ce que les corps de police représentent les collectivités qu’ils
desservent.
La Commission a retenu les services du juge Murray
Sinclair pour qu’il mène et dirige son enquête. Sans préjudice de la portée
générale de celle-ci, l’enquête, le rapport et les recommandations de la CCOP
peuvent traiter des questions suivantes :
1. les pratiques, déclarations et politiques de la Commission de police en
ce qui concerne sa capacité de tenir compte des préoccupations de l’ensemble de
la collectivité lorsqu’il s’agit de fournir des services policiers à Thunder Bay;
2. les domaines dans lesquels la Commission de police pourrait apporter des
améliorations et ceux dans lesquels elle a démontré ses forces en ce qui
concerne la surveillance civile des services policiers, notamment les questions
Autochtones;
3. toute autre mesure que la CCOP peut, au besoin, prendre en vertu de l’article 23, 24 ou 25 de la Loi sur les services policiers;
4. les recommandations, propositions ou meilleures pratiques qui devraient
être examinées ou adoptées par la CSPTB ou par la CCOP ou le ministère de la
Sécurité communautaire et des Services correctionnels relativement à leurs
rôles dans la surveillance de la CSPTB.
L’évaluation des questions ci-dessus sera effectuée au regard du
paragraphe 31 (4) de la LSP, lequel prévoit que les commissions de police ne
doivent pas donner de directives aux chefs de police au sujet de décisions
opérationnelles particulières ou des opérations quotidiennes, ainsi qu’au
regard des autres dispositions applicables de la LSP et des autres lois
applicables.
L’enquête sera menée par référence à des enquêtes connexes, notamment
l’enquête systémique sur le SPTB menée par le Bureau du directeur indépendant
de l’examen de la police et toute enquête en cours du coroner et de la police.
Dans la mesure du possible, la Commission cherchera à travailler en
collaboration avec d’autres organismes menant des enquêtes connexes.
Conformément au par. 25 (3) de la LSP, la Commission préparera un
rapport provisoire et un rapport final qui seront remis à la CSPTB, aux
collectivités des Premières Nations, au SPTB, au ministre de la Sécurité
communautaire et des Services correctionnels et au grand public. Le rapport
provisoire sera achevé d’ici au 31 octobre 2017. Un rapport final sera achevé
d’ici au 31 mars 2018.
[1] Lettre du
grand chef Alvin Fiddler (Nation Nishnawbe-Aski),
d’Ogichidaa Francis Kavanaugh
(Grand Council Treaty No 3) et du
chef Jim Leonard (Premières Nations de Rainy River) à
Linda Lamoureux, Commission civile de l’Ontario sur la police (29 mai 2017), en
ligne : Nation Nishnawbe-Aski <http://www.nan.on.ca/upload/documents/ltr-2017-05-29-executive-chair-linda-lam.pdf>
[lettre du 29 mai].
[2] Loi sur les services policiers, L.R.O. 1990,
chap. P.15 [LSP].
[4]
Ontario, Bureau du coroner en chef, Enquête sur le décès de : Jethro Anderson, Curran
Strang, Paul Panacheese,
Robyn Harper, Reggie Bushie,
Kyle Morrisseau et Jordan Wasasse
(28 juin 2016), en ligne : Ministère de la Sécurité communautaire et des
Services correctionnels <https://www.mcscs.jus.gov.on.ca/french/Enqu%C3%AAtesurlesd%C3%A9c%C3%A8s/Enqu%C3%AAtes/VerdictsetRecommandations/BCCEnqu%C3%AAtesSeptjeunesmembresdesPremi%C3%A8resnations_fr.html>
[enquête sur les sept jeunes].
[5]
Tanya Talaga, « More grief in Thunder Bay as
body of Indigenous man pulled from river », The Toronto Star (9 septembre 2017), en ligne : The Toronto Star <https://www.thestar.com/news/queenspark/2017/09/25/thunder-bay-reels-as-body-of-indigenous-man-pulled-from-river.html>.
[6] Loi de 2009 sur la responsabilisation et la gouvernance des tribunaux décisionnels et les
nominations à ces tribunaux, L.O. 2009, chap. 33, annexe 5.
[7] Ontario, Tribunaux de la sécurité, des appels en
matière de permis et des normes Ontario, Rapport annuel 2013-2014 (Toronto,
Tribunaux de la sécurité, des appels en matière de permis et des normes Ontario,
2014), en ligne : <http://www.slasto.gov.on.ca/fr/Documents/ATAGAA%20Documents/ATAGAA%20French%20Documents/2013-2014%20Rapport%20Annuel%20-%20Tribunaux%20de%20la%20s%C3%A9curit%C3%A9,%20des%20appels%20en%20mati%C3%A8re%20de%20permis%20et%20des%20normes%20Ontario.htm>.
[8] Peterborough Police Services Board (Re),
2016 CanLII 87301 (CCOP).
[9] Ontario,
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[10] Ontario,
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[12] LSP, note 2, par.
39 (3) et (4).
[13] LSP, note 2,
par. 3 (2).
[14] Ministère de
la Sécurité communautaire et des Services correctionnels, « Services
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Services correctionnels <https://www.mcscs.jus.gov.on.ca/french/police_serv/about_fr.html>.
[15] Ministère
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[16]
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[17] Doug Diaczuk, « Police board responds to OIPRD
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[18]
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[19]
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[20]
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[21]
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[22]
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[23] Affaires
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[24]
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[25] Ontario,
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[26]
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[27]
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[28] Rapport
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[29] Rapport
« Community of Acceptance », note 27, à la p. 126.
[30] Leisa Desmoulins, Diversity
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[31]
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[32] Rapport
DIP, note 30, à la section 1.2.
[33] Rapport
DIP, note 30, à la section 3.1.
[34] Rapport
DIP, note 30, à la section 3.1.1.
[35] Rapport
DIP, note 30, à la section 3.2.
[36] Rapport
DIP, note 30, à la section 3.2.
[37]
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[38] Lettre de
l’avocat de la CCOP adressée à l’avocat de la CSPTB (20 octobre 2017).
[39] Jody Porter, « First Nations woman dies after
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[40]
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[41]
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[42] Statistique Canada, « Les crimes haineux déclarés par la police au
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[43] Kris Ketonen, « Racism in Thunder Bay, Ontario: people have
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[45]
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[46] Thunder Bay Police Service, « 2015-2017 Thunder Bay
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[47] Thunder Bay Police Service, « Thunder Bay Police
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[48] Plan d’activités 2008-2010 du SPTB, note 47 à la p. 7.
[49]
Thunder Bay Police Service, « Thunder Bay Police Service 2012 to 2014
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[51] Statistique
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géographique » – Thunder Bay
(RMR) – Ontario, Recensement de 2016, no de catalogue
98-404-X2016001 (Ottawa, Statistique Canada, 2016) <http://www12.statcan.gc.ca/census-recensement/2016/as-sa/fogs-spg/Facts-cma-fra.cfm?LANG=Fra&GK=CMA&GC=595&TOPIC=9>.
[52] Plan d’activités 2012-2014 du SPTB, note 49 à
la p. 9.
[53] Enquête
sur les sept jeunes, note 4.
[54]
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Bay police board », CBC News Online
(22 mars 2017), en ligne :
CBC News <http://www.cbc.ca/news/canada/thunder-bay/thunder-bay-indigenous-resource-police-1.4034652>.
[55]
Cathy Alex, « Province seeks new member for Thunder Bay Police Services
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[56] Service de
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Service de police d’Ottawa <https://www.ottawapolice.ca/fr/about-us/Peel-s-Principles-.asp>;
CIVITAS, « Principles of Good Policing », en ligne : CIVITAS <http://www.civitas.org.uk/research/crime/facts-comments/principles-of-good-policing/>.
[57] Jacques
Marcoux, Katie Nicholson, Vera-Lynn Kubinec et Holly
Moore, « Police diversity fails
to keep pace with Canadian
populations », CBC News Online (14 juillet 2016), en
ligne : CBC News <http://www.cbc.ca/news/canada/police-diversity-canada-1.3677952>.
[58] Service de
police de Winnipeg, « Winnipeg Police Service 2016 Statistical
Annual Report », en ligne : Service de
police de Winnipeg <http://www.winnipeg.ca/police/AnnualReports/2016/2016_wps_annual_report_english.pdf>.
[59] Thunder Bay
Police Service, « Thunder Bay Police Service 2016 Annual Report », en ligne : Thunder Bay Police Service <http://www.thunderbaypolice.ca/sites/default/files/pdfs/2017-08-24%202016%20Annual%20Report%20Final.pdf>.
[60]
City of Thunder Bay, « Police Services Board » (octobre
2017), en ligne : City of Thunder Bay <http://www.thunderbay.ca/Living/City_Services_and_Info/Guide_to_City_Services/Police_Services_Board.htm> [Commission des services policiers
de la Ville de Thunder Bay].
[61] L.O.
2001, chap. 25.