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Indépendance, reddition de comptes et surveillance
efficace de la police :
Maintenir la confiance du public à l’égard de la
Commission des services policiers
- Peterborough
Rapport de
Mark Sandler,
Administrateur de la Commission des
services policiers - Peterborough
(du 16 décembre 2016 au 1er juillet
2017)
Le 1er août 2017
(Available in English)
Pour les questions concernant le rapport ou pour
demander des copies du document, veuillez contacter SLASTOinfo@ontario.ca.
Table des matières
Résumé
Contexte
Le plan d’activités
L’évaluation du rendement et
l’examen de la rémunération du chef et du chef adjoint
Réunions publiques et
procès-verbaux
L’embauche d’avocats
Les relations entre la
Commission et le chef de police
La délégation de
responsabilités et les fonctions des comités
L’indépendance de la Commission
et le futur rôle du maire
Un plan de relève pour les
hauts dirigeants
Conclusion
Rapport
Introduction – La nomination
d’un administrateur
Comment j’ai exercé mes
fonctions d’administrateur
Les événements ayant précédé
ma nomination
Le respect, par la
Commission, des responsabilités qui lui sont conférées par la loi
Conclusion
1. Le 8 mars 2016, le solliciteur général a demandé
à la Commission civile de l’Ontario sur la police (« CCOP » ou « commission
») de faire enquête et de produire un rapport sur « des questions
relatives à la capacité de la Commission des services policiers – Peterborough
(« CSPP ») de s’acquitter de ses responsabilités légales ».
2. La CCOP a ouvert une enquête et a conclu, le
16 décembre 2016, que le dysfonctionnement persistant de la PPSB
constituait une situation d’urgence et a désigné un administrateur,
conformément au paragraphe 23 (1) de la Loi sur les services policiers.
3. J’ai été nommé administrateur. Du 16 décembre
2016 au 1er juillet 2017, j’ai eu pour tâches de vérifier si la
CSPP respectait ses obligations légales, notamment celle de se conformer avec
constance à la Loi sur les services
policiers et à ses règlements, et de promouvoir l’établissement, entre les
personnes prenant part à la prestation de services de police à Peterborough, de
relations de travail respectueuses ou fonctionnelles permettant un débat sain
et l’expression de points de vue divers. On m’a demandé de produire un rapport
comportant « une analyse détaillée de la modification des mécanismes de la
PPSB et des raisons ayant justifié ces mesures ».
4. Peterborough a connu une période tumultueuse durant
laquelle la CSPP a manqué à ses obligations légales et a contribué à créer une
triste image publique et politique dénigrant injustement la personne et le
rendement du chef et du chef adjoint de la police. Le maire, qui faisait partie
de la précédente CSPP, a pris part directement à l’expression de commentaires
incendiaires, dégradants et trompeurs sur la haute direction des services de
police et sur ces services. Au bout du compte, on a conclu qu’il avait agi à
l’encontre du code d’éthique des membres de la CSPP et il a été suspendu de
celle-ci. Il n’a pas contesté cette conclusion devant la Cour divisionnaire,
qui a rejeté d’autres allégations faites contre lui. Durant cette période
tumultueuse, des membres de la CSPP ont démissionné en raison de son
dysfonctionnement, plusieurs enquêtes relatives au code d’éthique ont été
menées sur un ancien président de la CSPP précédente et de la CSPP actuelle en
raison de plaintes déposées contre lui, il y a eu des poursuites judiciaires
entre la CSPP et le chef et le chef adjoint de la police, la ville de
Peterborough a poursuivi en justice le chef et le chef adjoint de la police. Au
cours des six dernières années, 13 membres ont formé la CSPP précédente et
l’actuelle CSPP.
5. Les agissements de la CSPP à cette époque et avant ma
désignation témoignent de son manquement à ses obligations, de son absence
d’indépendance vis-à-vis du conseil municipal et du fait qu’elle n’a pas
défendu ses employés contre des attaques injustes ayant des motifs politiques.
Ses agissements ont contribué à miner le moral des services policiers et à
éroder la confiance du public envers la qualité des services de police dans la
localité.
6. Durant mon mandat d’administrateur, la CSPP a été
réceptive à ma participation et à mes avis. Même les personnes qui avaient mis
en doute la nécessité de ma désignation ont travaillé avec moi de manière constructive.
Par exemple, lorsque j’avais des préoccupations ou des suggestions concernant
l’ordre du jour proposé pour une réunion de la CSPP, j’en parlais avec madame
Pritchard Pataki et, par son intermédiaire, avec le président. Étant donné que,
dans son ordonnance, la CCOP montrait de l’inquiétude relativement au fait que
la CSPP traitait souvent de questions en privé, j’ai fait également des
observations sur les questions dont il convient de traiter en public et sur
celles dont il convient de traiter en privé. Ces observations – qui n’étaient
pas très développées – ont été prises en considération. J’ai pu constater que
les points à l’ordre du jour étaient bien définis et que, conformément à la
directive du président et dans un esprit de transparence, la CSPP a limité
correctement les questions dont on pouvait traiter en privé.
7. Aux réunions de la CSPP, je participais à part entière
aux débats. Les membres me demandaient souvent des conseils sur des questions
très diverses et j’étais heureux de leur en donner. Les réunions étaient bien
organisées, efficaces et rondement menées, ce qui est tout à l’honneur du
président, M. Hall, et de madame Pritchard Pataki. Chacun des membres
avait la possibilité de se faire entendre sur les divers points. Les propos
qu’ils s’adressaient les uns aux autres et les uns sur les autres étaient respectueux,
de même que ceux qu’ils adressaient au chef et au chef adjoint de la police,
sur ces derniers et sur les services policiers, comme je l’ai précisé dans mon
rapport. À vrai dire, chacun des membres de la CSPP a exprimé publiquement de
l’admiration envers les services policiers, le chef et le chef adjoint de la
police en ce qui concerne la qualité élevée du travail de la police et de sa
haute direction. Le chef et le chef adjoint de la police sont des agents
exceptionnels très dévoués qui dirigent des services de police progressistes et
utiles. Ils jouissent d’un large appui au sein des services, à juste titre.
Comme je l’écris dans mon rapport, la CSPP n’a pas toujours manifesté
publiquement l’appui qu’elle devait aux services policiers et à leur haute direction
par le passé.
8. À la dernière réunion de la CSPP à laquelle j’ai
participé en tant qu’administrateur, tous les membres ont eu la gentillesse de
reconnaître qu’ils appréciaient beaucoup les observations et les avis que je
formulais dans le cadre de mes fonctions. Pour ma part, j’ai reconnu (comme je
le fais ici) qu’ils ont coopéré avec moi du début à la fin et qu’ils étaient
disposés à adopter ou à prendre en considération mes recommandations relatives
aux pratiques exemplaires. Cela était particulièrement manifeste lors de la
retraite de la gouvernance de la CSPP, que j’ai animée à la demande de
celle-ci.
9. Je peux constater que la CSPP fonctionne actuellement
de manière conforme à la mission que lui confère la loi et qu’elle a fait
d’importants progrès qui la mettent en bonne voie de retrouver son utilité en
tant que mécanisme civil de surveillance. Pour que cela soit durable et que
l’amélioration se poursuive, j’ai formulé plusieurs recommandations.
10. Non seulement l’établissement d’un plan d’activités est une obligation
imposée par la loi, mais un tel plan donne aussi une base claire, transparente
et utile à l’encadrement et à l’évaluation du travail des services policiers,
de la CSPP, du chef et du chef adjoint de la police. C’est un élément capital
du mécanisme civil de surveillance de la police qui sert de fondement à un
débat continu avec le public sur les priorités et les préoccupations.
11. Après avoir laissé son plan d’activités devenir caduc en 2015, la CSPP a
pu élaborer un plan assez complet pendant mon mandat d’administrateur, bien
qu’il reste des ajustements à faire.
12. Je recommande ce qui suit :
i.
L’élaboration d’un plan d’activités
devrait représenter un processus permanent et continu auquel participe la
Commission.
ii.
La Commission devrait améliorer et formaliser le
processus dans le cadre duquel elle fournit des commentaires importants et des
directives concernant l’élaboration du plan.
iii.
La Commission devrait se réunir périodiquement pour
examiner le plan d’activités et les progrès réalisés par rapport aux étapes
clés.
13. L’évaluation du rendement et l’examen de la rémunération du chef et du
chef adjoint de la police ne sont pas seulement une exigence de la Loi sur les services policiers et des
contrats de travail. Ils constituent également le moyen le plus direct dont
dispose la CSPP pour évaluer la mise en œuvre de ses politiques et l’exécution
de son plan d’activités par la haute direction de la police. C’est un mécanisme
formel, fondé sur des données factuelles, qui permet au chef et au chef adjoint
de la police de cerner les réussites et les points à améliorer et à la CSPP
d’attirer l’attention directement sur les problèmes de rendement.
14. Pendant plus de deux ans, la CSPP n’a effectué aucune évaluation
formelle. Durant cette même période, elle a pris part à des déclarations
négatives injustifiées concernant le chef et le chef adjoint de la police et a
négligé de se pencher sur cela. Pendant mon mandat d’administrateur, la CSPP a
effectué des évaluations et des examens justes et fondés sur des données
factuelles visant le chef et le chef adjoint de la police. Il est essentiel que
de tels examens soient faits chaque année.
15. Je recommande à la CSPP de modifier dans les six prochains mois ses
règlements administratifs de façon qu’obligation lui soit faite d’effectuer
annuellement l’évaluation du rendement et l’examen de la rémunération du chef
et du chef adjoint de la police.
16. La surveillance civile des services policiers n’est d’aucune utilité si
elle n’est ni publique ni transparente. La Loi
sur les services policiers définit des critères stricts précisant ce qui
peut être exclu du débat public. Les réunions de la CSPP sont censées être
publiques sauf lorsque la sécurité publique ou des renseignements personnels de
nature délicate sont en jeu. En renforçant le caractère public des réunions de
la CSPP, on renforce aussi la confiance du public envers la surveillance civile
effectuée par cette commission et on aide celle-ci à cerner et à étudier les
préoccupations de la population. Cela développe et renforce les liens entre la CSPP,
les services de police et le public.
17. Dans le passé, la CSPP a exclu le public de ses réunions pour des
raisons qui n’étaient pas permises par la loi. De manière générale, la CSPP n’a
pas suffisamment pris les devants pour ce qui est de communiquer avec le public
et d’élargir l’accessibilité de ses réunions. Au cours de mon mandat
d’administrateur, la CSPP a pris des mesures constructives pour assurer et
élargir l’accès du public à ses réunions. Elle a cherché à établir clairement
les limites de l’exclusion prévue par la Loi
sur les services policiers; elle a tenu des réunions dans Cavan Monaghan et
à Lakefield et a envisagé de tenir des réunions dans des lieux plus ouverts à
Peterborough.
18. Les
procès-verbaux des réunions sont importants pour la transparence et la
reddition de comptes. Ils constituent également une trace des travaux et
servent à conserver l’historique de l’organisation et à assurer la continuité.
19. La CSPP
a eu pour pratique de se fier à des procès-verbaux parcimonieux dans lesquels
seules les décisions officielles sur les motions étaient consignées. Des
procès-verbaux détaillés favoriseraient la reddition de comptes.
20. Je recommande ce qui suit :
i.
La Commission devrait établir dans les six prochains
mois une politique régissant le recours à des séances à huis clos pour ses
réunions.
ii.
La Commission devrait envisager de rendre certaines
réunions de comités accessibles au public.
iii.
La Commission devrait élaborer une plus vaste
stratégie de sensibilisation du public.
iv.
La Commission devrait incorporer formellement les
commentaires du public dans sa politique.
v.
La Commission devrait, dans les six prochains mois,
élaborer une politique sur les procès-verbaux qui contient des pratiques
exemplaires en matière de transparence et de reddition de comptes.
21. La CSPP est souvent appelée à traiter de questions qui nécessitent de
bons conseils juridiques indépendants. En tant qu’organisme public, elle a
également l’obligation de veiller à utiliser judicieusement et avantageusement
les ressources réservées aux frais juridiques. Elle doit se garder de changer
d’avocat lorsque celui-ci lui présente des conseils qui lui déplaisent et de
retenir des services d’un avocat sans préciser qui donne un mandat à l’avocat.
Les tarifs dont il est convenu devraient être concurrentiels et assurer
l’optimisation des ressources.
22. Dans le passé, la CSPP est passée par des avocats dont les conseils ne
faisaient pas l’unanimité. Des services d’avocat étaient retenus sans l’accord
de la CSPP dans son entier et dans des circonstances dans lesquelles les
possibilités de conflits, la nature des services et le mandat donné à l’avocat
n’étaient pas clairs. Cela a coûté beaucoup d’argent. Au cours de mon mandat
d’administrateur, la CSPP a engagé un avocat général et a confié du travail
spécialisé à d’autres avocats à des tarifs concurrentiels. Elle est maintenant en
mesure de mandater un avocat et d’obtenir des conseils juridiques de grande
qualité d’une manière claire et rentable.
23. Je recommande ce qui suit :
i.
La Commission devrait, dans les six prochains mois,
mettre en œuvre une politique sur l’embauche d’avocats qui contient des
pratiques exemplaires et qui fournit des éclaircissements sur les conflits
d’intérêts, la sélection des avocats, les instructions données aux avocats et
la rémunération des avocats à des tarifs concurrentiels.
ii.
La Commission devrait, dans les six prochains mois,
établir des lignes directrices claires régissant l’indemnisation du chef et du
chef adjoint pour les frais juridiques qu’ils engagent.
24. La CSPP a des relations complexes avec le chef et le
chef adjoint de la police. Elle doit non seulement servir de « meneuse de
claque » aux services de police, à leur chef et à leur chef adjoint, mais
aussi exercer une surveillance prudente, minutieuse et transparente et offrir
des conseils en matière de politiques. Toutefois, la CSPP est également le
patron du chef et du chef adjoint de la police et elle doit veiller à faire le
nécessaire pour tirer au clair et rectifier les déclarations publiques
gravement trompeuses et dégradantes concernant leur personne ou leur travail.
En pratique, le président de la CSPP doit collaborer étroitement avec le chef
de la police. Les réunions de la CSPP permettent au public, au chef de la
police et à la CSPP à la fois de s’occuper des questions de politiques et des
priorités, objectifs et jalons du plan d’activités.
25. Les relations entre la CSPP et le chef et le chef
adjoint de la police ont été considérablement ébranlées à Peterborough.
Certains membres de la CSPP ont contribué à l’expression de propos mensongers
et dévalorisants sur le chef et le chef adjoint de la police. Dans mon rapport,
j’ai décrit ces propos et traité de cela. Bien entendu, il y avait aussi une
poursuite judiciaire opposant la CSPP au chef et au chef adjoint de la police.
La dégradation de leurs relations a miné la capacité de la CSPP d’assurer une
surveillance publique efficace.
26. Je recommande ce qui suit :
i.
Le président
de la Commission et le chef devraient se réunir une fois par semaine pour
traiter de questions importantes.
ii.
Sauf
dans des circonstances exceptionnelles, l’ordre du jour d’une réunion de la
Commission ne devrait être mis au propre qu’après que le chef a été consulté au
sujet de son contenu.
iii.
Le
président devrait poursuivre la mise en œuvre des importantes mesures prises
pour établir les relations entre lui et le chef de la police.
27. Les membres de la CSPP exercent leurs fonctions à
temps partiel. Ils ont d’autres obligations personnelles et professionnelles.
Par ailleurs, la surveillance civile des services policiers à Peterborough est
complexe et prenante. Il faut veiller à ne pas confier de charges excessives
aux membres ou aux employés et à répartir les responsabilités en faisant un bon
usage de la délégation et des comités.
28. Durant mon mandat d’administrateur, le président et un
des membres de la CSPP devaient supporter une charge disproportionnée, ce qui
entraînait des retards, de l’inefficacité et, parfois, de la frustration.
29. Je recommande ce qui suit :
i.
La Commission devrait continuer à aborder et à
clarifier les rôles respectifs des comités et de la Commission dans son
ensemble.
ii.
La Commission devrait remédier en priorité à
l’allocation inégale du travail, conformément aux directives fournies
ci-dessus.
iii.
La Commission devrait envisager de déléguer davantage
les fonctions du président dans certains cas clairement définis.
iv.
La Commission devrait modifier ses règlements
administratifs de manière à exiger qu’un des deux postes de président et de
vice-président soit comblé par une personne nommée par la province et que
l’autre le soit par une personne nommée par la municipalité CSPP continuera
d’étudier la question des fonctions de ses comités et de ses fonctions dans son
ensemble et les précisera.
30. Bien que le maire ait le droit, conféré par la loi, de
siéger à la CSPP, sa participation aux activités de celle-ci dans le passé a
été très controversée et a contribué à certains des problèmes persistants
relatifs à la capacité de la CSPP d’exercer une surveillance civile. Étant
donné ce qui s’est passé entre le maire et la CSPP, il serait difficile pour
cette dernière de préserver son indépendance vis-à-vis du conseil municipal si
le maire décidait d’y siéger à nouveau. Cette indépendance est un élément
nécessaire et important de la confiance du public envers la surveillance civile
des services policiers à Peterborough.
31. Avant et pendant mon mandat d’administrateur, le maire
a tenu à l’égard de la haute direction des services policiers des propos
incendiaires, inexacts et nuisibles à la cohésion de cette dernière. Des préoccupations
légitimes ont été exprimées sur la capacité de la CSPP et des services
policiers de bien fonctionner si le maire réintégrait la CSPP.
32. Il ne serait pas sage que le maire siège à nouveau à
la CSPP. C’est le point de vue non seulement de ses détracteurs mais aussi de
certains de ses admirateurs. La CSPP a connu une période tumultueuse. Elle doit
maintenant se tourner vers l’avenir. Il serait difficile de penser à l’avenir
si le maire ou un de ses alliés évidents faisaient partie de la CSPP en ce moment.
33. La CSPP dans sa composition actuelle a fait
d’importants progrès. Il serait malheureux que la bonne volonté existante soit
sapée par l’introduction d’une influence polarisante en son sein.
34. Je recommande ce qui suit :
i.
Le maire devrait décider, dans l’intérêt public, de ne
pas siéger à la Commission.
ii.
Si le maire réintégrait la Commission, le solliciteur
général et la CCOP devraient examiner soigneusement la possibilité de prendre
des mesures opportunes et efficaces pour éviter tout dysfonctionnement
susceptible de nuire à la capacité de la Commission de s’acquitter des
responsabilités qui lui sont conférées par la loi.
35. Par souci de clarté, je précise que rien dans mon
rapport ne vise à empêcher le maire de se pencher énergiquement sur les
questions qui le préoccupent en tant que personne extérieure à la CSPP. Après
tout, il a été dûment élu maire et il fait partie du conseil municipal et de la
population locale.
36. Au début de mon mandat d’administrateur, la CSPP
n’avait aucun plan de relève en vue du départ à la retraite des membres de la
haute direction des services policiers. Un tel plan favoriserait la recherche
objective, non partisane, fondée sur des données factuelles de candidats
convenables. Cela donnerait des possibilités d’avancement au sein des services
policiers, pas uniquement des possibilités de recrutement extérieur. Le plan de
relève serait conçu pour inspirer confiance envers le mécanisme et pour
dissiper les craintes que quelqu’un tente de faire pencher la balance ou de
promouvoir son programme personnel plutôt que les intérêts supérieurs des
services policiers. L’élaboration d’un mécanisme de préparation de la relève
est actuellement en bonne voie et la CSPP y adhère sans réserve.
37. Je recommande que, dans les trois prochains mois, il y
ait une politique écrite comprenant un plan de relève.
38. La présente CSPP a encore des difficultés à surmonter.
J’espère que les mesures importantes prises durant mon mandat seront durables
et que d’autres mesures seront prises conformément à mes recommandations.
39. Outre ce qui a déjà été formulé, je recommande ce qui
suit :
i.
La CSPP participera chaque année à une séance de
réflexion sur la gouvernance animée par un modérateur (en sus de toute
formation exigée de ses membres par le solliciteur général conformément au
paragraphe 31 (5) de la Loi sur les services policiers et à
l’article 3 du Règlement 421/97 de l’Ontario).
ii.
Dans les 12 prochains mois, la CSPP publiera un
rapport public décrivant ce qu’elle a fait pour mettre en œuvre les autres
recommandations figurant dans le présent rapport.
40. La CSPP a la possibilité de diriger avec succès des
services de police déjà progressistes et efficaces. Si elle en est incapable,
le solliciteur général et la CCOP disposent de moyens d’agir fermement et
rapidement.
1. Le 8 mars 2016, conformément au paragraphe 25 (1) de
la Loi sur les services policiers, L.R.O. 1990, chap. P.15
(« LSP »), le solliciteur général a demandé à la Commission civile de
l’Ontario sur la police (« CCOP ») de « mener une enquête et préparer un rapport sur » les questions
concernant la capacité de la Commission des services policiers – Peterborough (« CSPP »
ou « Commission ») de s’acquitter des responsabilités qui lui sont
conférées par la loi. Le solliciteur général avait conclu que, malgré un
« soutien sans précédent » du ministère de la Sécurité communautaire
et des Services correctionnels (« MSCSC » ou
« ministère »), la Commission continuait à éprouver de la difficulté
à s’acquitter de son mandat. Il s’inquiétait que cela ait des répercussions sur
les services de police dans la collectivité desservie par la Commission.
2. Par suite de la demande du solliciteur général, la
CCOP a commencé une enquête sur la Commission. En décembre 2016, en se fondant
sur la preuve recueillie durant son enquête, la CCOP a conclu que le
dysfonctionnement persistant de la Commission constituait une situation
d’urgence et que la nomination d’un administrateur conformément au paragraphe
23 (1) de la LSP était donc nécessaire dans l’intérêt public.
3. La LSP confère à la CCOP certains pouvoirs lui
permettant de surveiller les activités des commissions de services policiers en
Ontario. Par exemple, conformément au paragraphe 23 (1), la CCOP peut, après avoir tenu une audience, suspendre ou
démettre de leurs fonctions un ou plusieurs membres d’une commission de police
ou nommer un administrateur pour accomplir des fonctions précises si elle
estime que la commission de police a négligé
d’une manière flagrante ou à plusieurs reprises de se conformer aux normes
prescrites en matière de services policiers.
4.
En
vertu du paragraphe 24(1) de la LSP, la CCOP peut également rendre une
ordonnance provisoire pour nommer un administrateur, sans préavis ni
audience, si elle estime qu’il existe une
situation d’urgence et que l’ordonnance provisoire est nécessaire dans
l’intérêt public. En décembre 2016, la CCOP a rendu une telle
ordonnance.
5.
Dans son ordonnance de décembre 2016, la CCOP a
indiqué ce qui suit :
L’enquête en cours a produit des éléments de preuve
fiables démontrant que, presque depuis sa formation en 2015, la CSPP est dans
un état de crise perpétuelle. La malveillance entre certains membres de la CSPP,
certains membres du conseil et le Peterborough Police Service est palpable et
existe depuis un certain temps. Elle ne montre aucun signe d’apaisement. Au
cours des quelques dernières années, la situation à Peterborough a été
caractérisée par des différends très publics. Il y a eu notamment les différends
liés à la dissolution de l’ancien service de police communautaire de
Peterborough-Lakefield, un différend menant à une longue audience de la CCOP
sur la conduite du maire et, plus récemment, un différend contractuel très
public entre la CSPP et le chef de police et le chef de police adjoint, suivi
d’une poursuite civile intentée par la ville de Peterborough contre le chef de
police et le chef de police adjoint. En se fondant sur les renseignements
recueillis, la CCOP estime que la CSPP a négligé de s’acquitter de certaines
responsabilités législatives et réglementaires prévues par la LSP. La CSPP n’a
pu accomplir certaines fonctions simples et courantes prévues par la loi, comme
la mise au point d’un plan d’activités. Elle a aussi négligé d’établir des
priorités et de procéder à une évaluation du rendement du chef de police et du
chef de police adjoint. Ces omissions soulèvent d’urgentes préoccupations au
sujet de la capacité de la CSPP d’assumer ses plus larges responsabilités et de
s’assurer que le public a confiance en la prestation de services policiers dans
la collectivité.
6. La CCOP a donné plusieurs précisions découlant, selon
elle, de la preuve qu’elle avait recueillie jusqu’à présent :
·
les
membres de la CSPP ont régulièrement adopté une conduite visant à miner le rôle
et l’efficacité du chef de police et du chef de police adjoint;
·
les
membres de la CSPP ont tenté de faire obstacle au déploiement d’agents;
·
les
membres de la CSPP ont, de façon répétée, exercé des pouvoirs sans la direction
ou le soutien de la CSPP même et agi contrairement au code de déontologie et de
manière à miner la confiance du public dans la prestation de services policiers
à Peterborough;
·
La
Commission a négligé de gérer les affaires courantes exigées par la loi,
notamment celles qui suivent :
·
préparer
un plan d’activités;
·
établir
les objectifs et priorités requis en matière
d’exécution de la loi et de sécurité publique;
·
surveiller
le rendement du chef de police et du chef de police adjoint et fixer la
rémunération de ces derniers;
·
établir
une politique relativement à l’indemnisation du chef de police pour les frais
de justice qu’il engage;
·
au
besoin, assurer l’accès du public aux réunions de la Commission;
·
le
soutien fourni par le MSCSC pour aider la Commission s’est avéré inefficace et
le dysfonctionnement de la Commission s’est poursuivi;
·
les
membres du public et d’autres fonctionnaires municipaux s’inquiètent du
dysfonctionnement persistant de la CSPP;
·
les
membres du corps de police éprouvent un stress accru et souffrent d’une baisse
de moral en raison du dysfonctionnement.
7. Ma nomination comme administrateur a pris effet le 16
décembre 2016. Elle devait expirer, à moins d’être renouvelée, le 1er
juillet 2017. L’ordonnance de la CCOP précisait que l’administrateur devait
« s’assurer que la CSPP s’acquitte des responsabilités qui lui sont
conférées par la loi, notamment la conformité continue à la LSP et à ses
règlements d’application, et favoriser – entre ceux qui participent à la
prestation de services policiers à Peterborough – la création de relations de
travail respectueuses ou fonctionnelles permettant néanmoins d’avoir de vifs
débats et de présenter divers points de vue. » L’administrateur devait
aussi produire un rapport, « y compris une analyse détaillée des
changements apportés au processus de la CSPP et des raisons de ces changements. »
8. Compte tenu du rendement de la CSPP pendant mon mandat
d’administrateur, je suis convaincu que la CSPP a pris d’importantes mesures
pour s’acquitter des responsabilités qui lui sont conférées par la loi et pour
favoriser des relations de travail respectueuses et fonctionnelles avec le service
de police Peterborough (« SPP » ou « Service »), ses hauts
dirigeants et l’administration municipale. Dans le présent rapport, je fais
état des mesures supplémentaires qui, à mon avis, doivent être prises par la
Commission. Je présente également des recommandations visant à favoriser la
pérennité des gains obtenus au cours des sept derniers mois. Malgré le besoin
continu d’amélioration et de pérennité, j’ai récemment recommandé à la CCOP que
ma nomination ne soit pas renouvelée, et la CCOP a accepté ma recommandation.
9. Le présent rapport met un terme à mes responsabilités
d’administrateur. Il explique l’approche que j’ai adoptée relativement à mes
fonctions et décrit une partie du travail que la Commission a effectué durant
mon mandat. Certaines personnes touchées expriment des préoccupations quant à
savoir si le travail assurément bon que la Commission a effectué durant mon
mandat se poursuivra à présent. Comme je l’ai indiqué ci-dessus, mes
recommandations visent en partie à répondre à ces préoccupations.
10. Il était important pour moi que le présent rapport soit
mis à la disposition du public. La législation existante pourrait ne pas
imposer cela. Cependant, la CCOP a soutenu la diffusion du présent rapport au
public, qui est justifiée par des motifs impérieux.
11. Premièrement, quels que soient les gains qui ont été
obtenus pour s’assurer que la Commission s’acquitte des responsabilités qui lui
sont conférées par la loi, il est également important que le public ait une
confiance bien placée à l’égard du corps de police qui dessert sa collectivité
et de la Commission chargée de la surveillance civile. Cela serait
difficilement réalisable sans un rapport accessible au public.
12. Deuxièmement, comme la CCOP l’a fait remarquer dans
son ordonnance de décembre 2016, le Service, ses dirigeants et la Commission
ont traversé une période tumultueuse. Il y a eu notamment la dissolution du
corps de police et de la commission précédents, un différend contractuel entre
le chef, le chef adjoint et la Commission, une poursuite intentée par la ville
de Peterborough contre le chef et le chef adjoint, la poursuite lancée contre
le maire Bennett relativement à des allégations d’inconduite commise alors
qu’il était membre de la commission précédente, ainsi que l’enquête sur un
ancien président de la commission précédente et de la Commission actuelle se
rapportant à des allégations d’inconduite. (Les enquêtes de la CCOP sur les
plaintes portées contre l’ancien président relativement à son rôle au sein des
deux commissions n’ont jamais été achevées, vu sa démission de la commission précédente
et l’expiration de son mandat auprès de la Commission actuelle.) Les différends
juridiques entre le chef, le chef adjoint, la Commission et la ville ont depuis
été réglés. Cependant, les parties se sont chacune engagées à assurer la
confidentialité des conditions de règlement. Par conséquent, je ne puis
divulguer ces conditions dans mon rapport. Toutefois, je peux traiter – et je
traite – brièvement de certains renseignements erronés et de certaines fausses
déclarations publiques qui ont été diffusés à cet égard et qui risquaient de
miner injustement la confiance du public à l’égard du Service, du chef et du
chef adjoint.
13. Comme en témoignera le corps du présent rapport, je
suis conscient du désir des parties touchées de laisser derrière elles les différends
passés et de regarder vers l’avenir. Cela est louable. Voilà pourquoi le
rapport ne s’attarde pas sur les différends passés et ne fournit que les
renseignements qui sont nécessaires pour rétablir les faits et expliquer mes
recommandations.
14. Enfin, la publication de mon rapport favorise la
reddition de comptes. Le public a le droit de demander périodiquement si, et
dans quelle mesure, mes recommandations ont été adoptées et, dans la négative,
pourquoi elles ne l’ont pas été.
15. L’ordonnance de la CCOP prévoyait que l’administrateur
a « tous les pouvoirs pour s’acquitter de son mandat et de ses fonctions
et jouit d’un accès sans entrave à tous les dossiers actuels et passés de la CSPP
qu’il désigne aux fins de la présente ordonnance. »
16. Les fonctions d’administrateur que je devais exercer
sont les suivantes :
·
assister,
en personne ou par conférence téléphonique ou vidéoconférence, aux réunions
régulières et extraordinaires de la CSPP, y compris toutes les parties à huis
clos de ces réunions;
·
assister,
en personne ou par conférence téléphonique ou vidéoconférence, aux réunions des
sous-comités de la CSPP;
·
de son
propre chef ou à la demande de tout membre de la CSPP, fournir à la CSPP ou à
des membres individuels, le cas échéant, des conseils sur ce qui suit :
les processus de la CSPP, notamment en ce qui concerne la consignation des
votes, la rédaction du procès-verbal, l’établissement du calendrier d’examen
des points à l’ordre du jour, la délégation de pouvoirs et la composition des
sous-comités;
·
assurer
et maintenir la conformité à la LSP et à tout règlement applicable pris en
vertu de la LSP;
·
établir
des pratiques exemplaires pour la gouvernance continue de la Commission, ainsi
qu’un protocole pour ses relations avec le Service, le conseil de la ville de
Peterborough et d’autres organisations, suivant les besoins;
·
exercer tous les pouvoirs pour apporter tout
changement qu’il estime indiqué aux processus de la CSPP;
·
présenter
au président exécutif de la CCOP des recommandations sur la composition de la
Commission, y compris en ce qui concerne le pouvoir de suspendre un de ses
membres ou l’ensemble de ceux-ci;
·
travailler
avec la CSPP pour faire participer le public à une discussion au sujet de la CSPP
et de son rôle;
·
conseiller
le président exécutif de la CCOP sur la nécessité de modifier ou d’annuler
l’ordonnance de décembre 2016 en fonction de l’évolution des circonstances et
en consultation avec la Commission.
[1] Les réunions
à huis clos sont celles qui se tiennent en l’absence du public.
17. Au départ, je savais pertinemment que la décision de
la CCOP de nommer un administrateur sans audience préalable était controversée.
Certains étaient d’avis que la Commission fonctionnait convenablement sans un
administrateur et que, dans tous les cas, il n’y avait aucune situation
d’urgence exigeant la nomination d’un administrateur sans audience. Ce point de
vue a été exprimé dans les termes les plus vigoureux. Par exemple, le maire
Bennett, qui avait précédemment été engagé dans un long différend juridique avec
la CCOP, a contesté la nomination dans les médias. Il n’a certainement pas été
le seul.
18. D’autres, y compris le chef, le chef adjoint, d’autres
agents supérieurs, ainsi que plusieurs membres de la Commission, ont bien accueilli
la nomination.
19. J’ai rencontré les membres de la Commission séparément
et collectivement, ainsi que l’adjointe exécutive de la Commission, Niquel
Pritchard Pataki. J’ai présenté le même message lors de chaque réunion. J’ai
préféré travailler en collaboration avec la Commission, plutôt que
d’« assumer » les responsabilités de la Commission ou de son
président. J’ai établi certains buts que je voulais que la Commission atteigne
ou s’efforce d’atteindre et j’ai discuté de la façon dont nous pourrions
collaborer pour permettre à la Commission d’atteindre ces buts.
20. J’ai assisté à toutes les réunions de la Commission,
qui se tenaient au moins une fois par mois, ainsi qu’à certaines réunions de
comités. J’ai aussi participé à plusieurs réunions de comités par téléphone.
2 J’ai aussi discuté de cette
approche avec la Commission, qui l’a acceptée. Cela a également été communiqué
à la Commission.
21. Lors de ma première réunion de la Commission, j’ai
indiqué à la Commission et au public que j’avais travaillé comme avocat
criminel et spécialisé dans la réglementation pendant 37 ans, que j’avais
beaucoup travaillé avec la LSP et que j’avais représenté la Police provinciale
de l’Ontario, trois de ses commissaires, ainsi que des agents de première
ligne. J’avais aussi agi comme avocat-conseil dans le cadre d’enquêtes
publiques et d’examens systémiques, dont certains exigeaient une compréhension
des pratiques et procédures de maintien de l’ordre et des problèmes systémiques
auxquels la communauté policière faisait face. Il a aussi été important de
souligner mes liens avec la ville de Peterborough, où je suis né et où j’ai
passé la première partie de mon enfance. Lors de la réunion, j’ai répondu à des
questions posées par des membres de la Commission.
22. Une majorité des membres de la Commission m’ont
indiqué bien franchement qu’ils n’étaient pas convaincus qu’il existait une
situation d’urgence, que les précisions données par la CCOP dans son ordonnance
étaient exactes ou que, à supposer qu’elles aient été exactes à un moment
donné, elles représentaient encore des problèmes pour la Commission. Néanmoins,
par un vote unanime, ils ont décidé de ne pas contester ma nomination devant
les tribunaux, mais plutôt de me croire sur parole et d’accepter l’approche
collaborative que j’avais décrite. Je dois féliciter la Commission d’avoir
choisi la voie de la probité à l’égard de ma nomination, dès le début et tout au
long de mon mandat d’administrateur.
23. De décembre 2016 à juin 2017, j’ai joué un rôle actif
dans le travail de la Commission. Mme Pritchard Pataki m’a fourni à
l’avance l’ordre du jour prévu de chaque réunion de la Commission, accompagné
des documents remis à la Commission. Elle m’a également fourni les
renseignements généraux se rapportant aux réunions de comités. J’ai aussi
examiné plusieurs documents concernant les activités de la Commission qui ont
précédé ma nomination. J’ai rencontré le président, Bob Hall, à quelques
occasions, parfois immédiatement après une réunion de la Commission.
24. Comme nous le verrons ci-dessous, la Commission avait
traversé une période tumultueuse avant l’enquête de la CCOP et ma
participation. Certains membres de la Commission estimaient que la période
tumultueuse de la Commission était, avant ma nomination, déjà chose du passé.
Par exemple, ils étaient d’avis que le ton de leurs réunions était déjà
respectueux et que celles-ci étaient transparentes pour le public. Je considère
que ce point de vue est en partie exact. Cependant, la Commission négligeait
encore certaines des responsabilités qui lui sont conférées par la loi et il
restait encore des questions non réglées menaçant de miner l’effet durable de
toute amélioration. Ces questions
devaient être abordées.
25. Pendant mon mandat d’administrateur, la Commission
s’est montrée réceptive à ma participation et à mes conseils. Même ceux qui
avaient remis ma nomination en question ont travaillé de façon constructive
avec moi. Par exemple, si j’avais des questions ou des suggestions concernant
l’ordre du jour proposé pour une réunion de la Commission, je les partageais
avec Mme Pritchard Pataki et, par son intermédiaire, avec le
président. Puisque l’ordonnance de la CCOP soulignait des préoccupations au
sujet de la fréquence à laquelle la Commission abordait des questions en
l’absence du public, j’ai aussi fourni des commentaires sur les questions qui
devraient être abordées en public et celles qui devraient l’être en l’absence
du public. Ces suggestions – qui n’étaient pas nombreuses – ont été examinées.
Je suis convaincu que les points de discussion ont été correctement circonscrits
dans l’ordre du jour et que la Commission, conformément aux directives du
président et dans un esprit de transparence, a dûment limité le nombre de
questions à aborder en l’absence du public.
26. Aux réunions de la Commission, je participais
pleinement aux discussions. Les membres de la Commission me demandaient souvent
des conseils sur un vaste éventail de questions; j’étais heureux de fournir de
tels conseils. Il est tout à l’honneur du président, M. Hall, et de Mme Pritchard
Pataki que les réunions de la Commission étaient bien organisées et efficaces
et se déroulaient bien. Chaque membre de la Commission avait l’occasion de
s’exprimer sur les questions; les échanges avec d’autres membres ou concernant
ceux-ci étaient respectueux. Comme il sera décrit en plus de détail ci-dessous,
les échanges des membres avec le chef et le chef adjoint et leur Service – ou
concernant ces derniers – étaient aussi respectueux. En effet, chaque membre de
la Commission a publiquement exprimé son admiration pour le Service, le chef et
le chef adjoint, en ce qui a trait à la grande qualité du travail effectué par
le Service et à la qualité de ses hauts dirigeants. Comme il sera décrit plus
loin dans le présent rapport, la Commission n’avait pas toujours soutenu
publiquement son Service et ses hauts dirigeants de façon appropriée par le
passé.
27. J’ai aussi rencontré régulièrement le chef Rodd et,
moins souvent, le chef adjoint Farquharson. J’ai rencontré d’autres hauts
dirigeants du Service, y compris les présidents des deux associations de
policiers, et, à l’occasion, des policiers subalternes. Le chef et le chef
adjoint sont des agents exceptionnels et très dévoués qui dirigent un service
de police progressif et efficace. Ils jouissent à juste titre d’un large
soutien au sein du Service. J’ai précédemment fait allusion à de fausses
déclarations publiques qui doivent être corrigées. Un aspect de ces
déclarations se rapporte au chef et au chef adjoint et à leurs différends
juridiques avec la Commission et la ville. Ils ont connu ce que certains
décriraient comme une campagne de désinformation, avec peu de moyens de se
défendre eux-mêmes en public. Je reviendrai plus loin sur cette question.
28. J’ai aussi rencontré les experts-conseils externes,
Michael Mitchell et Moe Hodgson. La Commission a retenu leurs services pour
préparer son plan d’activités. Ils possèdent une vaste expérience directe dans
le domaine des services de police. Dans le cadre de leur mandat, ils devaient
examiner les processus existants, les données qualitatives et quantitatives
pertinentes, les programmes et initiatives, les taux d’affaires classées et les
priorités existantes du Service, ainsi que bien d’autres renseignements se
rapportant à leur exécution. Ils ont interviewé plusieurs employés civils et employés
en uniforme du Service. Ils ont rencontré des douzaines d’organismes
communautaires. Ils ont rencontré des représentants municipaux. Ils ont passé
des centaines d’heures au quartier général du Service, le jour comme la nuit,
pour observer directement comment les policiers interagissent avec le public et
les uns avec les autres.
29. Dans le cadre de ce travail, ils se sont rendu compte
(comme ils l’ont communiqué à la Commission) que le Service fournit un
« niveau de service exceptionnellement élevé dans toutes les collectivités
qu’il dessert. Aucun problème majeur n’a été relevé en ce qui a trait à
l’administration ou au fonctionnement de l’organisation. Les ressources
actuelles sont pleinement et efficacement utilisées, de sorte que le plan
d’activités met l’accent sur le maintien ou l’amélioration de plusieurs des
programmes fructueux que la police offre actuellement au public. » Ils ont
confirmé que les taux d’affaires classées du Service sont élevés pour les
crimes; de plus, les initiatives proactives du Service visant à s’attaquer aux
problèmes de criminalité, de santé mentale et de toxicomanie et à favoriser la
participation des collectivités se comparent très favorablement à celles
d’autres corps de police en Ontario. Tout comme moi, ils ont conclu que ces
succès sont attribuables dans une large mesure au chef et au chef adjoint, à
leurs hauts dirigeants et à bon nombre de leurs policiers subalternes.
30. Pour m’acquitter de mes responsabilités, j’ai aussi
rencontré Jeeti Sahota, la conseillère en services policiers de la Division de
la sécurité publique du MSCSC, qui a assisté aux réunions de la Commission à
titre d’observatrice. D’autres conseillers du MSCSC ont assisté aux réunions de
la Commission avant et pendant mon mandat d’administrateur. Mme Sahota
a été d’une aide précieuse en me dirigeant vers les lignes directrices,
politiques et manuels de formation pertinents et en me donnant – ainsi qu’à la
Commission – un aperçu de l’avenir probable des services de police en Ontario.
31. Bien entendu, ce sont le solliciteur général et le
MSCSC qui ont demandé que la CCOP prenne des mesures pour remédier au
dysfonctionnement au sein de la Commission. Si les recommandations récentes du
juge Michael Tulloch sur la surveillance civile de la police étaient acceptées,
le ministère pourrait bientôt assumer les pouvoirs de surveillance relatifs aux
commissions de services policiers que possède actuellement la CCOP. En effet,
la CCOP a soutenu un tel changement dans les observations qu’elle a présentées
au juge Tulloch. Certes, avec le recul, je dirais à quiconque assumera ces
responsabilités à l’avenir qu’il aurait été préférable que le ministère et la
CCOP agissent avec plus de fermeté et certainement plus rapidement pour
remédier au dysfonctionnement incontestable qui existait à Peterborough – par
exemple, pendant la période au cours de laquelle le chef et le chef adjoint, la
Commission et la ville étaient engagés dans une série de différends d’ordre
juridique.
32. Avec l’approbation de la Commission et, parfois, à sa
demande, je lui ai aussi fait rapport de plusieurs projets que j’ai entrepris
pour le compte de la Commission. Par exemple, j’ai examiné les honoraires
juridiques facturés à la Commission par des cabinets d’avocats au fil des ans,
j’ai recommandé une pratique exemplaire – que la Commission a adoptée – pour
mieux surveiller les frais juridiques et j’ai aidé la Commission à embaucher
son nouvel avocat général à des taux concurrentiels.
33. La Commission a aussi demandé que j’anime une journée
de réflexion sur la gouvernance, ce que j’ai fait à la fin de mon mandat
d’administrateur. Lors de cette journée, j’ai animé une discussion au sujet de
certaines questions de gouvernance qui ont été soulevées pendant ou avant mon
mandat. En même temps, j’ai cerné les pratiques exemplaires se rapportant aux
questions de gouvernance récurrentes et j’ai exprimé mon point de vue sur la
façon dont la Commission pourrait continuer à aller de l’avant de manière
constructive. La Commission s’est engagée à examiner certaines de ces pratiques
exemplaires et à les communiquer au comité des politiques en vue de leur
éventuelle mise en œuvre.
34. Lors de ma dernière réunion de la Commission en tant
qu’administrateur, tous les membres de la Commission ont gracieusement reconnu
qu’ils m’étaient reconnaissants des commentaires et des conseils que je
fournissais dans le cadre de mes fonctions. À mon tour, j’ai reconnu (comme je
le fais dans le présent rapport) leur collaboration avec moi tout au long de mon
mandat et leur volonté d’adopter ou d’examiner mes recommandations concernant
les pratiques exemplaires.
35. J’ai mentionné ci-dessus l’adjointe exécutive de la
Commission, Mme Pritchard Pataki. Elle soutient de façon
formidable le travail de la Commission. La qualité de son travail est
extraordinaire. Elle fournit notamment des rapports détaillés, exacts et fondés
sur des données probantes à la Commission. Je crois que la période tumultueuse
de la Commission a été particulièrement difficile pour elle, parce qu’elle a
été obligée, par moments, de travailler dans un environnement qu’on ne peut
qualifier que d’empoisonné. Bien que la composition actuelle de la Commission
soit en partie différente, celle-ci reconnaît pleinement la valeur de son employée.
La Commission serait incapable de s’acquitter de son mandat sans une personne
aussi compétente.
36. Pendant tout mon mandat, à la fin de celui-ci et dans
le présent rapport, j’ai relevé les domaines dans lesquels la gouvernance
pourrait faire l’objet d’une amélioration continue. Néanmoins, comme je l’ai
indiqué ci-dessus, je suis convaincu que la Commission fonctionne actuellement
en conformité avec le mandat que lui confère la loi. Voilà pourquoi j’ai
recommandé à la CCOP que ma nomination ne soit pas renouvelée.
37. Le paragraphe 27 (5) de la LSP indique que la
commission de police se compose de cinq membres : le maire ou, s’il choisit de ne pas être membre de la commission de
police, un autre conseiller, un deuxième
conseiller, un représentant communautaire
également choisi par le conseil municipal, ainsi que deux personnes nommées par le gouvernement provincial.
38. Le service de police communautaire de Peterborough-Lakefield
était le prédécesseur du corps de police actuel. Comme son nom l’indique, la
ville de Lakefield avait une « participation » dans le service de
police précédent. Dans le cadre de cette participation, la ville de Lakefield
contribuait une somme négociée d’environ
900 000 $ au budget annuel du Service de police communautaire
de Peterborough-Lakefield. Un des membres de la Commission était nommé par la
ville de Lakefield.
39. Il y a plusieurs années, le conseil municipal de
Peterborough a voté en faveur de la dissolution du Service de police
communautaire de Peterborough-Lakefield et de sa commission. La dissolution
devait prendre effet le 1er janvier 2015. Le PPS et la CSPP ont été
créés. Le PPS a continué à fournir les mêmes services de police que son
prédécesseur à Lakefield, mais désormais seulement sur une base contractuelle.
Puisque la ville de Lakefield n’avait plus de participation dans le Service, il
n’est pas surprenant de constater qu’elle contribuait une somme beaucoup moins
élevée au budget du Service (une réduction d’environ 400 000 $ par
année). Une autre conséquence importante du changement est que Lakefield a
perdu son siège à la Commission. Ainsi, le conseil municipal de Peterborough exerçait
désormais un contrôle (ce qui est encore le cas aujourd’hui) sur la sélection
de la majorité des membres de la Commission.
40. La décision de dissoudre le service et la commission
précédents a suscité la controverse. Certains estimaient que la décision de les
dissoudre ou de les défusionner était un exercice coûteux entrepris uniquement
pour permettre au conseil municipal de Peterborough et, plus particulièrement,
au maire Bennett de contrôler la Commission. Il ne m’appartient pas de trancher
cette question.
41. Lorsque la commission et le service précédents ont été
dissous, il y a eu une incertitude initiale quant à savoir si les mandats du
chef et du chef adjoint seraient renouvelés au sein du nouveau Service. Le chef
et le chef adjoint avaient tous les deux négocié avec la commission précédente
des contrats prévoyant sans équivoque qu’ils avaient droit à une importante
rémunération (comprenant l’équivalent d’une année de salaire) en cas de
dissolution du service précédent. Ce droit ne dépendait pas de la question de
savoir si le chef et le chef adjoint étaient réembauchés par le nouveau Service
ou réembauchés aux mêmes postes.
3 Pour être précis, l’entente
contractuelle a été conclue avec le canton de Selwyn.
42. Peut-être contrairement à ce que pense le public, de
telles conditions contractuelles ou des conditions similaires ne sont guère
uniques. Le contrat du chef contenait cette « condition de dissolution »
depuis 2010. Elle a été reprise dans les contrats renouvelés de 2011 à 2014.
Elle provenait à l’origine d’un prototype élaboré pour aider les chefs et les
chefs adjoints, et elle a été acceptée par la commission précédente après une
discussion approfondie avec le chef et l’approbation de l’avocat de la
commission précédente. La condition de dissolution du chef adjoint n’était
essentiellement pas différente. Ces conditions de dissolution (qui pourraient
aussi être qualifiées de « pilules empoisonnées ») visent en partie à
décourager les commissions et les conseils municipaux de faire preuve d’un
mauvais jugement susceptible de nuire aux services de police dans leur
collectivité. En effet, lorsque la condition de dissolution a été insérée pour
la première fois dans le contrat du chef, il semblait improbable que la
décision financièrement désavantageuse de dissoudre le service soit prise. Plus
tard, la condition de dissolution a incité le chef et le chef adjoint à rester
au sein du nouveau Service, malgré les problèmes politiques et administratifs
évidents qui avaient déjà surgis et qui allaient probablement se poursuivre.
L’arbitre du différend contractuel a fait remarquer que la condition de
dissolution permettait au chef et au chef adjoint de se sentir plus à l’aise de
signer un nouveau contrat de travail et qu’elle constituait dans les faits une
« prime à la signature » accordée par la commission précédente et
dont le paiement était garanti par la commission remplaçante. Il a souligné la
non-pertinence du fait que le chef et le chef adjoint étaient demeurés en
fonction de façon ininterrompue. Cependant, quoi que l’on puisse penser de ces
conditions contractuelles, il reste qu’elles ont été négociées par des parties
sans lien de dépendance et qu’elles liaient la commission précédente ainsi que
la Commission. Les membres de la commission précédente qui avaient discuté de
ces conditions sont aussi devenus membres de la Commission.
43. Le libellé des contrats du chef et du chef adjoint
était sans équivoque. Ce libellé traitait clairement de la situation qui s’est
produite en l’espèce. La Commission avait à sa disposition de solides conseils
juridiques indiquant que les contrats étaient pleinement exécutoires. Le chef
et le chef adjoint ont précisé à la commission précédente qu’ils étaient
disposés à négocier une certaine réduction du montant auquel ils avaient
autrement droit. Néanmoins, la nouvelle Commission a adopté une position très
contradictoire.
44. Cette position s’est manifestée de plusieurs façons.
Les contrats prévoyaient un arbitrage définitif et exécutoire sans droit
d’appel. Le chef et le chef adjoint ont été obligés de soumettre l’affaire à
l’arbitrage. L’arbitre a tranché en faveur du chef et du chef adjoint au cours
de l’été 2015. La Commission a refusé de respecter la décision de l’arbitre.
Elle a plutôt demandé que la décision fasse l’objet d’un contrôle judiciaire,
même si la loi n’autorisait pas un tel contrôle judiciaire. Lorsque la
Commission a refusé de se conformer à la décision de l’arbitre, le chef et le
chef adjoint ont été obligés d’obtenir une ordonnance judiciaire enjoignant à
la Commission de s’y conformer. La Commission a choisi de ne pas se conformer à
l’ordonnance du tribunal. Le maire Bennett a vigoureusement soutenu la position
de la Commission, ainsi qu’une poursuite intentée contre le chef et le chef adjoint
par la ville de Peterborough, dans laquelle plusieurs allégations graves,
incendiaires et totalement injustifiées – y compris des allégations de faute
dans l’exercice d’une charge publique – ont été formulées contre eux. Cela ne
pouvait être considéré que comme une guerre d’usure, surtout lorsque la
Commission a refusé d’indemniser le chef et le chef adjoint à l’égard des frais
juridiques qu’ils avaient engagés pour se défendre dans le cadre de la
poursuite de la ville.
4 Il convient de préciser que les
membres de la Commission n’ont pas tous soutenu la position décrite ici.
45. Tout cela a été accompagné d’une série de commentaires
désobligeants faits en public au sujet du chef et du chef adjoint. Leur emploi
les empêchait effectivement de se défendre pleinement en public. Normalement,
c’est la Commission qui aurait eu pour rôle de les défendre contre des attaques
injustifiées. De toute évidence, la Commission n’a pas assumé ce rôle. En fait,
certains membres de la Commission ont fait des déclarations publiques
injustifiées au sujet du chef et du chef adjoint.
46. Le différend juridique a par ailleurs été très coûteux
pour le public. Les frais juridiques totaux engagés par la Commission et par la
ville pour mener bataille contre le chef et le chef adjoint ont largement
dépassé les coûts associés au respect des obligations contractuelles de la
Commission. Tout aussi important, la rancœur manifestée dans la bataille contre
le chef et le chef adjoint a nui aux relations entre le Service et la
Commission, ainsi qu’à la perception du public à l’égard des parties
intéressées.
47. Rien de ce que j’ai dit ne porte atteinte au droit des
personnes touchées – en fait, du grand public – de s’engager dans un vif débat
sur des questions d’importance. Qu’est-ce qui a amené l’administration
municipale à dissoudre la commission et le service de police précédents? La
collectivité en a-t-elle bénéficié? Est-ce que la commission précédente aurait
dû accepter le contrat conclu avec le chef et le chef adjoint? Est-ce que le
chef et le chef adjoint auraient dû renoncer aux conditions contractuelles
qu’ils avaient négociées avec la commission précédente? Est-ce que la
Commission et la ville ont agi avec sagesse ou imprudence en contestant les
contrats du chef et du chef adjoint? Des personnes raisonnables peuvent avoir
un profond désaccord sur certaines ou la totalité de ces questions. Cependant,
les attaques publiques visant le chef et le chef adjoint ont largement dépassé
la portée d’un débat ou d’une critique légitimes. Certaines de ces attaques
semblent avoir été conçues pour détruire les réputations du chef et du chef
adjoint. Elles ont pesé lourd sur eux. Ces attaques injustifiées et parfois non
éclairées ont également nui aux hauts dirigeants du Service et aux policiers
subalternes. Plusieurs d’entre eux estimaient à juste titre que leur Service et
ses dirigeants étaient injustement calomniés et qu’on les avait laissés sans
défense.
48. En moins de six ans, 13 différents membres de la
Commission ont siégé à la CSPP et à la commission qui l’a précédée. Cela
s’explique en grande partie par le dysfonctionnement au sein de la Commission.
49. Au cours de ces six années, deux membres nommés par la
province ont démissionné en raison du dysfonctionnement dont ils ont été
directement témoins à la Commission. Le maire Bennett a temporairement cessé
d’agir comme membre de la commission précédente par suite des accusations
d’inconduite portées contre lui en vertu de la LSP. Il a initialement été
déclaré coupable de multiples infractions, mais toutes les déclarations de
culpabilité, sauf une, ont été annulées, de consentement, sur appel à la Cour
divisionnaire. Il n’a pas contesté la déclaration selon laquelle il avait fait
preuve d’inconduite en faisant des commentaires désobligeants, tandis qu’il
était membre de la commission précédente, au sujet du chef de police, du service
de police communautaire de Peterborough-Lakefield et de la Commission des
services policiers de Peterborough-Lakefield, contrairement aux art. 8 et 13 du
règlement intitulé « Members of Police Services Board – Code of
Conduct », Règl. de l’Ont. 265/98. Garth Wedlock, un autre membre nommé
aux deux commissions par le conseil, a démissionné de la commission précédente
alors qu’il faisait l’objet d’une enquête de la CCOP relativement à des
allégations d’inconduite se rapportant à l’exécution de ses fonctions comme
membre de la commission précédente. Par conséquent, cette enquête n’a jamais
été achevée. La CCOP n’a pas non plus achevé une deuxième enquête sur la
conduite de M. Wedlock comme président de la Commission actuelle, puisque
son mandat a pris fin. Toute enquête de la CCOP se rapportant à M. Wedlock
ne pourrait être reprise que si M. Wedlock réintégrait la Commission en
tant que membre.
50. La Commission doit maintenant surmonter cet héritage
tumultueux.
51. Comme je l’ai indiqué ci-dessus dans le présent
rapport, j’ai établi des buts que je voulais que la Commission atteigne ou
s’efforce d’atteindre. Ces buts, ainsi que la façon dont la Commission les a traités,
sont décrits ici.
Le
plan d’activités
52. L’article 30 du Règlement de l’Ontario 3/99 se lit
comme suit :
30.
(1) Chaque commission de police élabore un plan d’activités à l’intention de
son corps de police au moins une fois tous les trois ans.
53. Le paragraphe (2) énonce les
points dont doit traiter le plan d’activités. Il s’agit notamment des objectifs, des activités de base et des fonctions du
corps de police, y compris la façon dont il offrira des services policiers
convenables et efficaces. De plus, le plan d’activités doit comprendre
les objectifs et les indicateurs de rendement
quantitatifs et qualitatifs dans certains domaines, comme la fourniture, par le corps de police, d’initiatives
communautaires de prévention du crime, de services de patrouille dans la
collectivité et de services d’enquête en matière criminelle.
54. Au
début de mon mandat, la Commission n’avait aucun plan d’activités en vigueur.
Son dernier plan d’activités avait expiré en 2015. La Commission avait renvoyé
une société d’experts-conseils externe, parce qu’elle était insatisfaite de son
travail, et repris les experts-conseils qui avaient créé le dernier plan
d’activités de la Commission.
55. Un
comité de la Commission, le comité directeur du plan d’activités, dirigé
presque entièrement par Ken East, un membre de la Commission, était chargé de
travailler avec les experts-conseils externes et les hauts dirigeants du
Service pour produire le plan d’activités. Des ébauches du plan d’activités ont
été distribuées à des fins d’examen à tous les membres de la Commission. La
Commission a consacré une réunion extraordinaire à l’évaluation de l’ébauche du
plan d’activités et à la présentation de commentaires sur son amélioration. En
fin de compte, la Commission a approuvé en principe un plan d’activités. Ce
plan d’activités a été présenté au conseil municipal, étant entendu que la
Commission affinerait ultérieurement le plan et mettrait au point ses
graphiques et sa présentation physique.
56. Je
suis convaincu que la Commission a essentiellement achevé le plan d’activités,
conformément au mandat que lui confère la loi. Le comité, plus particulièrement
M. East, a travaillé très fort, tout comme les experts-conseils externes
et les hauts dirigeants du Service, pour produire le plan.
57. Le
processus menant à son élaboration était moins qu’idéal. Bien entendu, une
partie du problème (y compris les coûts supplémentaires associés au plan
d’activités) était attribuable au besoin perçu de renvoyer une société
d’experts-conseils externe en faveur d’une autre. Je ne commenterai pas la
décision de la Commission de changer d’experts-conseils. La Commission a été
très bien servie par les experts-conseils qui ont finalement achevé le plan.
Ils possédaient beaucoup d’expérience et étaient des experts en matière de
services de police, ils avaient déjà une connaissance pratique du Service et ils
étaient bien placés pour aider la Commission à cerner les priorités pour
l’avenir.
58. À
mon avis, le processus comportait d’autres lacunes. La Commission devrait tirer
des leçons de son expérience pour aller de l’avant.
59. Premièrement,
l’élaboration d’un plan d’activités devrait constituer un processus permanent.
En un sens, les bases d’un plan d’activités doivent être jetées le lendemain de
la mise au point du plan d’activités précédent. Sa préparation ne devrait
certainement pas commencer à la date d’expiration du plan précédent ou à
l’approche de cette date. Après tout, son élaboration constitue pour la Commission
une occasion de définir les objectifs et priorités du Service, d’en discuter et
de déterminer comment ils seront réalisés, de façon continue. En effet, la loi
oblige la Commission à cerner les objectifs et priorités d’une année donnée, en
consultation avec le chef, et à mesurer le rendement du Service par rapport à ces
objectifs et priorités (voir l’al. 31 (1)b) de la LSP). Le plan
d’activités facilite cet exercice. En termes simples, l’élaboration du plan
aurait dû commencer bien plus tôt.
60. Deuxièmement,
le comité et les experts-conseils externes n’ont guère reçu de commentaires des
autres membres de la Commission pendant une grande partie du processus, malgré
les maintes demandes de commentaires du comité. En tant qu’administrateur, j’ai
fourni de nombreux commentaires lors de la présentation de diverses ébauches à la
Commission. Les membres de la Commission réservaient habituellement leurs
commentaires pour la discussion du plan d’activités lors d’une réunion
extraordinaire. Les commentaires faits lors de cette réunion ont entraîné un
remaniement considérable du plan. En toute franchise, cela reflétait le fait
que, pour ce qui est des attentes de la Commission, le comité et les
experts-conseils externes fonctionnaient dans une certaine mesure « à
l’aveuglette ». Le comité avait le droit de recevoir plus tôt des directives
et une orientation concernant ce document fondamental, d’autant plus que la
Commission n’avait pas eu de plan d’activités pendant une longue période.
61. Troisièmement,
une fois les commentaires de la Commission fournis, une trop grande partie de ceux-ci
comprenaient des « formulations », c’est-à-dire des efforts de la
part des membres de la Commission en vue de rédiger un libellé à la volée. Il
s’agit toujours d’un exercice difficile lorsque l’ensemble de la Commission se
réunit pour évaluer un long document écrit. En fait, j’ai moi-même aidé la
Commission à trouver rapidement des « formulations » pour qu’elle
puisse mieux se concentrer sur les autres questions à examiner.
62. Je
ne considère pas mes commentaires comme des critiques de la Commission en soi,
mais plutôt comme des leçons utiles pour l’avenir. Comme il est indiqué
ci-dessous, j’ai abordé les rôles respectifs des comités et de la Commission
lors de la journée de réflexion sur la gouvernance de la Commission.
63. J’aimerais
aussi faire comprendre à la Commission qu’elle ne devrait pas minimiser
l’importance du plan d’activités achevé. Celui-ci ne devrait pas être considéré
comme un simple document obligatoire n’ayant aucun lien avec le travail en
cours de la Commission et du Service. Il informe le public des objectifs et
priorités du Service et devrait constituer la base d’un dialogue permanent avec
le public. Il fournit au chef d’importants conseils sur les orientations
stratégiques prévues de la Commission qui doivent être mises en œuvre par le
Service. Comme je l’ai déjà dit, il aide la Commission et le chef à cerner les
priorités et objectifs annuels. Je m’attends à ce que la Commission examine
périodiquement le plan d’activités pour déterminer si, ou dans quelle mesure,
les jalons ont été respectés.
64. Pour résumer :
·
Un plan d’activités n’est pas seulement
une exigence de la loi; il offre aussi une base claire, transparente et efficace
permettant de définir et d’évaluer le travail du service de police, de la
Commission, du chef et du chef adjoint. Il s’agit d’un élément critique de la
surveillance civile des services de police qui forme la base d’un dialogue
permanent avec le public au sujet de ses priorités et préoccupations.
·
Après avoir laissé le plan expirer en 2015,
la Commission a réussi à élaborer un plan essentiellement complet au cours de
mon mandat d’administrateur, bien qu’il reste de légères modifications à
apporter.
·
Je recommande ce qui suit :
i.
L’élaboration d’un plan d’activités
devrait représenter un processus permanent et continu auquel participe la
Commission.
ii.
La Commission devrait améliorer et formaliser le
processus dans le cadre duquel elle fournit des commentaires importants et des
directives concernant l’élaboration du plan.
iii.
La Commission devrait se réunir périodiquement pour
examiner le plan d’activités et les progrès réalisés par rapport aux étapes
clés.
L’évaluation du rendement et
l’examen de la rémunération du chef et du chef adjoint
65. Une
surveillance efficace par la Commission exige que celle-ci évalue le rendement
du chef et du chef adjoint au moins une fois l’an (voir l’exigence prévue à
l’al. 31 (1)e) de la LSP). Le processus d’évaluation constitue lui-même un
moyen d’informer la Commission du travail en cours du Service et de la mesure
dans laquelle ses politiques sont efficacement mises en œuvre. Il donne aussi à
la Commission une occasion importante de relever les améliorations à apporter.
Au début de mon mandat, la Commission n’avait effectué aucune évaluation du
rendement du chef et du chef adjoint depuis 2014.
66. L’évaluation
du rendement est évidemment liée à la rémunération du chef et du chef adjoint.
La Commission a une obligation contractuelle d’examiner leur rémunération une
fois l’an (voir aussi l’exigence prévue à l’al. 31(1) d) de la LSP). Cela peut
entraîner des changements à leur rémunération et leurs avantages annuels.
67. Le
défaut de la Commission d’effectuer une évaluation du rendement du chef et du
chef adjoint ou d’examiner leur rémunération depuis 2014 était posait
particulièrement problème en l’espèce. Ce défaut, qui s’est étendu au-delà du
règlement du différend contractuel et de la poursuite, pourrait être
raisonnablement considéré par le chef et le chef adjoint comme des représailles
exercées contre eux pour avoir fait valoir leurs droits. Il pourrait aussi être
raisonnablement considéré comme un autre exemple d’une Commission qui choisit
d’ignorer ses obligations contractuelles envers le chef et le chef adjoint. Ce
défaut n’a rien fait pour atténuer les tensions résiduelles entre le chef, le
chef adjoint et certains membres de la Commission.
68. Dans
ce contexte, j’ai surveillé étroitement le travail du comité des relations de
travail auquel les questions liées aux évaluations et aux examens de la rémunération
ont été déléguées. En tant qu’administrateur, j’ai évidemment soutenu
l’achèvement des évaluations et des examens de la rémunération dans les plus
brefs délais. Il est tout à l’honneur du comité – composé de Dave Haacke et de
M. East – et de la Commission dans son ensemble d’avoir traité la question
dans son intégralité de façon équitable et impartiale. Tant le comité que la
Commission ont reconnu, entre autres choses, qu’ils étaient tenus de faire
preuve de responsabilité financière, tout en étant sensible au fait qu’aucune
évaluation ni aucun examen n’avaient été effectués depuis 2014 et à la
nécessité d’aviser le chef et le chef adjoint que la Commission allait de
l’avant.
69. Les
évaluations du comité ont été équitables et fondées sur des données probantes.
Elles ont été examinées et soutenues par l’ensemble des membres de la
Commission. Ces évaluations ont renforcé la confiance de la Commission à
l’égard du rendement du chef et du chef adjoint dans son ensemble.
70. Dans
le même ordre d’idées, le comité et la Commission ont soigneusement examiné les
questions concernant la rémunération. Ils ont bénéficié des comparateurs et des
nombreuses données recueillis avec l’aide de Mme Pritchard
Pataki. Bien que le comité et la Commission aient correctement discuté de la
question à huis clos, les recommandations du comité et la décision finale de la
Commission sur la rémunération ont démontré une responsabilité financière, tout
en reconnaissant convenablement le travail qui avait été effectué par le chef
et le chef adjoint.
71. Le
comité a rencontré le chef et le chef adjoint dans le cadre de ce processus. À
mon avis, tant le chef que le chef adjoint ont apprécié l’approche adoptée par
le comité et la Commission à l’égard de leurs évaluations et de leurs examens de
la rémunération. Le processus a été bénéfique pour l’image de la Commission.
J’ajouterais que le président, M. Hall, a fait preuve d’une grande
sensibilité au moment de traiter de la question au sein de la Commission.
72. Dans
le cadre du dialogue, la Commission a cerné les questions associées à la
rémunération ou aux avantages sociaux des futurs chefs ou chefs adjoints du
Service. Par exemple, les membres de la Commission se sont demandé si les
futurs contrats devraient prévoir des conditions différentes dans l’intérêt
public. Ils étaient aussi conscients de la nécessité de s’assurer que le
Service demeure toujours attrayant pour ceux qui cherchent des postes de
direction ou des postes subalternes dans le domaine des services de police. Le
dialogue, qui était important pour la Commission, m’a démontré que celle-ci
s’acquittait des responsabilités qui lui sont conférées par la loi.
73. Pour résumer :
·
Non seulement l’évaluation du rendement
et les examens de la rémunération du chef et du chef adjoint sont-ils exigés
par la LSP et les contrats de travail, mais ils représentent également l’outil
le plus direct que possède la Commission pour évaluer la mesure dans laquelle
les hauts dirigeants du service de police mettent en œuvre les politiques de la
Commission et exécutent le plan d’activités. Ils offrent un processus formel
fondé sur des données probantes, dans le cadre duquel le chef et le chef
adjoint peuvent relever les réussites et les points à améliorer et permettre à
la Commission de soulever directement toute question relative au rendement.
·
La Commission a omis d’effectuer une
évaluation formelle pendant plus de deux ans, période au cours de laquelle elle
a contribué aux déclarations négatives injustifiées concernant le chef et le
chef adjoint et omis d’y apporter des éclaircissements ou de les aborder. Pendant
mon mandat d’administrateur, la Commission a effectué des évaluations et des
examens à l’égard du chef de police et du chef de police adjoint. Il est
essentiel que ces examens se poursuivent sur une base annuelle.
·
Je recommande ce qui suit :
i.
Dans les six prochains mois, la
Commission devrait modifier ses règlements administratifs de manière qu’elle
soit tenue d’effectuer chaque année une évaluation du rendement du chef et du
chef adjoint et un examen de leur rémunération.
Réunions
publiques et procès-verbaux
74. Dans
son ordonnance, la CCOP a exprimé des préoccupations quant à savoir si la
Commission débattait un trop grand nombre de questions en l’absence du public.
75. Les paragraphes 35 (3) et (4) de la LSP se lisent
comme suit :
Publicité des instances
(3) Les
réunions et audiences de la commission de police sont publiques, sous réserve
du paragraphe (4), et les avis à leur sujet sont diffusés de la manière qu’elle
précise.
Exception
(4) La
commission de police peut exclure le public de la totalité ou d’une partie
d’une réunion ou d’une audience si elle estime que, selon le cas :
a) des
questions intéressant la sécurité publique pourraient être révélées et, eu
égard aux circonstances, l’avantage qu’il y a à ne pas les révéler dans
l’intérêt public l’emporte sur l’avantage qu’il y a à respecter le principe de
la publicité des instances;
b) des
questions financières ou personnelles de nature intime ou d’autres questions
pourraient être révélées qui sont telles qu’eu égard aux circonstances,
l’avantage qu’il y a à ne pas les révéler dans l’intérêt d’une personne
concernée ou dans l’intérêt public l’emporte sur l’avantage qu’il y a à
respecter le principe de la publicité des instances.
76. L’article 4 du Règlement de l’Ontario 421/97 est aussi
pertinent. Il prévoit que les membres de la Commission assurent la
confidentialité de tout renseignement divulgué ou abordé lors d’une réunion de
la Commission – ou d’une partie d’une réunion de la Commission – tenue à huis
clos.
77. La preuve démontrait que, par le passé, un trop grand
nombre de points de discussion étaient abordés à huis clos plutôt qu’en public.
De plus, les conseillers du ministère et l’adjointe exécutive ont été
inutilement exclus lors de certaines séances antérieures de la Commission. Au
début de mon mandat, j’ai relevé, dans plusieurs ordres du jour de la
Commission, des points qui pourraient être abordés en public, même s’ils
étaient destinés à être traités à huis clos. J’ai discuté de la question avec
le président, M. Hall. Selon lui, les mots « peut exclure »
figurant au par. 35(4) de la LSP conféraient à la Commission un large pouvoir
discrétionnaire lui permettant de traiter des questions en l’absence du public.
Comme je l’explique ci-dessous, avec égards, je ne suis pas d’accord avec une
telle interprétation. Ce qui est plus important cependant, c’est que le
président a volontiers accepté les quelques changements que j’avais proposé
d’apporter à l’ordre du jour pour régler la question et qu’il a exprimé son
engagement personnel en faveur de réunions de la Commission ouvertes et
transparentes. Il a tenu parole. Je suis convaincu que, pendant le reste de mon
mandat, la Commission a traité des points de discussion en public, sauf dans
les circonstances limitées prévues par la loi.
78. Lors de la journée de réflexion sur la gouvernance,
j’ai fourni d’autres conseils sur l’exclusion du public lors des réunions de la
Commission. À mon avis, malgré le pouvoir discrétionnaire que les mots
« peut exclure » confèrent à une commission en vertu du par. 35 (3)
de la LSP, ce pouvoir discrétionnaire est considérablement réduit par les mots
qui suivent et par la jurisprudence existante.
79. Conformément au par. 35 (3) de la LSP, il est présumé
que les réunions de la Commission sont tenues en public. Cette présomption
s’applique à toutes les parties d’une réunion de la Commission.
80. L’exclusion du public n’est possible que si l’une des deux
exceptions prévues au par. 35 (4) s’applique. Hormis ces deux exceptions,
il n’y a pas de pouvoir discrétionnaire général permettant d’exclure le public.
81. La première exception ne s’applique que si des questions intéressant la sécurité publique pourraient
être révélées. Même dans un tel cas, la Commission doit aussi décider
que la mise en équilibre prévue à l’al. 35 (4)a) favorise l’exclusion du
public.
82. La deuxième exception s’applique uniquement si pourraient
être révélées des questions financières ou personnelles
de nature intime ou d’autres questions qui sont telles que la mise en
équilibre prévue à l’al. 35 (4)b) favorise l’exclusion du public. Par exemple,
cette exception permet à la Commission d’exclure le public au moment de
demander ou d’obtenir des conseils juridiques visés par le secret professionnel
de l’avocat.
83. Lors de la journée de réflexion, nous avons discuté brièvement des
scénarios qui justifieraient l’exclusion du public et de ceux qui ne
justifieraient pas une telle exclusion. La Commission a semblé s’engager à
suivre les pratiques exemplaires relevées lors de la journée de réflexion. En
fait, j’ai même été gentiment pris à partie par le président pour avoir
recommandé que la journée de réflexion elle-même ait lieu à huis clos. Bien que
je voie encore une distinction entre un programme éducatif ou une journée de
réflexion pour les membres de la Commission et une réunion de la Commission
accessible au public, je me suis réjoui de la position du président,
puisqu’elle démontrait encore une fois un engagement par défaut en faveur de
l’ouverture. Avec la permission de la Commission, j’ai décrit à la réunion
suivante de la Commission, en public, ce qui s’était passé lors de la journée
de réflexion.
84. Je recommande que la Commission établisse une politique dans les six
prochains mois pour régler la question. Il n’est pas étonnant que je sois
d’avis qu’elle peut largement suivre les pratiques exemplaires relevées lors de
la journée de réflexion. En même temps, je recommande que la Commission examine,
avec l’aide de son avocat général, la mesure dans laquelle certaines réunions
de comités devraient également être ouvertes au public à l’avenir.
85. Pendant mon mandat d’administrateur, la Commission a aussi pris des
mesures pour améliorer l’accès du public aux réunions de la Commission. Sur
l’initiative de la Commission, les réunions de celle-ci ont été tenues à Cavan
Monaghan et à Lakefield. La Commission a aussi examiné la question de savoir si
certaines réunions futures pourraient être tenues à divers endroits dans la
ville de Peterborough, ailleurs qu’au quartier général de la police. Le
quartier général de la police, ainsi que les mesures de sécurité évidentes
liées à la tenue d’une réunion dans ce lieu, ne créent pas l’environnement le
plus accueillant pour les membres du public et les médias.
86. Des membres du public, y compris des délégations, ont assisté à
plusieurs réunions de la Commission. Ils ont été bien accueillis par la
Commission et traités avec respect. Au moins un membre des médias a aussi assisté
à chaque réunion publique. Cependant, les membres du public étaient très peu
nombreux et, parfois, totalement absents. Je recommande qu’au moins
quelques-unes des réunions de la Commission tenues à Peterborough aient lieu
dans un centre communautaire ou à un autre endroit plus susceptible d’être
fréquenté par le public.
87. Je recommande que cela fasse partie d’une plus vaste stratégie de
sensibilisation du public. La Commission actuelle a déjà exprimé son désir de
promouvoir un plus grand rayonnement. Le nouveau plan d’activités soutient les
mesures visant à s’assurer que les citoyens et les intervenants connaissent les
activités de la Commission et y participent. La mise en œuvre du nouveau plan
d’activités représente une occasion de sensibilisation communautaire, tandis
que la Commission, le chef et le chef adjoint relèvent pour le public les
priorités et défis du Service pour l’avenir. Des forums publics sur des
« sujets brûlants » concernant les services de police locaux (comme
le problème du fentanyl ou l’augmentation du nombre d’activités de trafic de
stupéfiants ou d’infractions contre les biens au centre-ville) sont pour le
corps de police un moyen utile d’informer le public et d’être informé par
celui-ci. Je tiens à souligner que les experts-conseils externes ont reçu de la
part d’organismes communautaires et de membres du public de précieux
commentaires sur la façon dont le Service pourrait desservir la collectivité le
mieux possible. La plupart étaient trop détaillés pour être inclus dans le plan
d’activités. Cependant, les experts-conseils ont convenu de fournir un dossier
de ces idées en vue de leur examen futur par la Commission, le chef et le chef
adjoint. Je recommande que ce dossier constitue la base d’une discussion axée
sur les politiques lors d’une ou de plusieurs des réunions de la Commission
cette année.
88. L’ordonnance de la CCOP prévoyait que j’évaluerais le
caractère adéquat des procès-verbaux des réunions de la Commission. En toute
franchise, cette question n’a pas occupé une place très importante dans mon
évaluation globale du travail de la Commission. Les commissions adoptent un
éventail d’approches lorsqu’il s’agit de documenter leurs réunions. Les
procès-verbaux de certaines commissions consignent une grande partie des
discussions qui ont lieu lors de leurs réunions, y compris les positions
adoptées par des membres individuels de la Commission. D’autres commissions
tiennent des procès-verbaux extrêmement épurés. Les procès-verbaux de la
Commission appartiennent à cette dernière catégorie. Ils ne font
essentiellement état que des décisions prises par voie de motion formelle par
la Commission. Pour être juste envers la Commission, il n’y a pas de
dispositions législatives ni de lignes directrices ou politiques ministérielles
qui aident à définir les pratiques exemplaires dans le domaine. Le président a
fait remarquer que l’approche de la Commission à l’égard de ses procès-verbaux
est similaire à celle qu’adopte le conseil municipal.
89. Néanmoins, à mon avis, les procès-verbaux actuels, à
certains égards, ne favorisent pas la reddition de comptes et la transparence.
Par conséquent, nous avons discuté des pratiques exemplaires relatives aux
procès-verbaux de la Commission lors de la journée de réflexion sur la
gouvernance.
90. Les procès-verbaux des réunions de la Commission n’ont
que partiellement pour but de consigner les décisions officielles de la
Commission. Ils devraient aussi servir à documenter les questions importantes
soulevées lors d’une réunion de la Commission, ainsi que le contenu des
rapports verbaux présentés à la Commission. Par exemple, lors de la plupart des
réunions de la Commission, celle-ci reçoit des commentaires du président et du
chef, parfois en public et parfois à huis clos, selon leur objet. Aucun dossier
de ces commentaires n’est actuellement tenu. De même, les procès-verbaux ne
mentionnent pas les demandes moins formelles qui sont formulées pour que
l’adjointe exécutive, le chef ou les comités retournent à la Commission avec
des renseignements supplémentaires. Par conséquent, ils n’aident guère à
déterminer si de telles demandes ont fait l’objet d’un suivi adéquat. De plus,
ils n’aident guère les membres des médias absents ou les membres de la
Commission absents à prendre connaissance de l’important dialogue qui n’a pas
été consigné dans des motions officielles.
91. Des personnes raisonnables peuvent avoir des opinions
divergentes sur le caractère adéquat des procès-verbaux de la Commission.
Toutefois, j’ai indiqué à la Commission que les pratiques exemplaires devraient
favoriser à tout le moins un « terrain d’entente » pour la
préparation des procès-verbaux. Ainsi, par exemple, un procès-verbal plus
complet pourrait être nécessaire :
·
si,
comme il a déjà été mentionné, la Commission a reçu des commentaires du
président ou du chef, le procès-verbal devrait indiquer la teneur de ces
commentaires; sinon, il n’informe personne;
·
si
une décision est reportée ou s’il n’est statué que sur une partie d’une motion
après une longue discussion, le procès-verbal devrait expliquer l’enjeu qui a
mené au report ou à la décision partielle; il faut distinguer cette situation,
par exemple, du report pro forma
d’une motion;
·
si
la décision est sensiblement différente de ce qui a été recommandé ou proposé
dans un rapport de comité ou un autre rapport, le procès-verbal devrait saisir
brièvement la ou les raisons pour lesquelles la Commission a pris une décision
différente;
·
s’il
n’y a pas d’unanimité sur un point, le procès-verbal devrait indiquer que la
Commission n’était pas unanime, surtout si le ou les membres dissidents de la
Commission veulent que leur dissidence soit consignée, et préciser le point de
discorde;
·
si
la Commission donne une directive qui n’est pas indiquée dans une motion, le
procès-verbal devrait faire état de cette directive;
·
comme
il a déjà été souligné, s’il est demandé au chef ou à l’adjointe exécutive de
fournir ultérieurement des renseignements, ce fait devrait être saisi dans le
procès-verbal;
·
si
un comité présente des rapports verbaux, leur teneur devrait figurer dans le
procès-verbal; bien entendu, la disponibilité d’un rapport écrit du comité peut
rendre une telle tâche inutile.
92. À la fin de la journée de réflexion sur la
gouvernance, la Commission a convenu de communiquer à son comité des politiques
les pratiques exemplaires décrites ci-dessus. Je recommande que la Commission,
en consultation avec son avocat général, élabore une politique écrite sur ses
procès-verbaux dans les six mois de la publication du présent rapport. Je recommande
également que la Commission élabore en même temps une politique écrite sur les
procès-verbaux des comités.
93. Pour
résumer :
·
La surveillance civile des services de
police ne peut être efficace si elle n’est pas publique et transparente. La LSP
établit des critères stricts relatifs à l’exclusion du public. À moins qu’elle
ne traite de questions intéressant la sécurité publique ou de renseignements
personnels délicats, toute réunion de la Commission devrait être publique. Un
meilleur accès public améliore la confiance du public à l’égard de la
surveillance civile de la Commission et aide celle-ci à relever les
préoccupations de la collectivité et à y répondre. Cela permet de développer et
de renforcer les relations entre la Commission, le service de police et le
public.
·
Par le passé, la Commission avait exclu
le public pour des raisons qui n’étaient pas permises par la LSP. De façon plus
générale, la Commission n’avait pas été suffisamment proactive en ce qui
concerne la sensibilisation du public et la promotion d’une plus grande
accessibilité à ses réunions. Pendant mon mandat d’administrateur, la
Commission a pris des mesures positives pour assurer et améliorer l’accès du
public à ses réunions. Elle a demandé des éclaircissements sur les limites de l’exclusion
prévue par la LSP, elle a tenu des réunions à Cavan Monaghan et Lakefield et
elle a envisagé de tenir des réunions dans des lieux plus ouverts à Peterborough.
·
Les procès-verbaux des réunions de la Commission sont
un outil important de transparence et de reddition de comptes. Ils servent
aussi à documenter les réunions en vue de conserver l’historique et la
continuité de la Commission.
·
La pratique de la Commission a été de tenir des
procès-verbaux épurés qui n’enregistrent que les décisions officielles prises
par suite d’une motion. Des procès-verbaux plus détaillés favoriseraient la
reddition de comptes.
·
Je recommande ce qui suit :
i. La Commission devrait établir dans les six prochains mois une politique
régissant le recours à des séances à huis clos pour ses réunions.
ii. La Commission devrait envisager de rendre certaines réunions de comités accessibles
au public.
iii. La Commission devrait élaborer une plus vaste stratégie de
sensibilisation du public.
iv.
La Commission devrait incorporer
formellement les commentaires du public dans sa politique.
v. La Commission devrait, dans les six prochains mois, élaborer une politique
sur les procès-verbaux qui contient des pratiques exemplaires en matière de
transparence et de reddition de comptes.
L’embauche
d’avocats
94. Tôt pendant mon mandat d’administrateur, j’ai relevé
certaines questions concernant l’embauche de conseillers juridiques par la
Commission. Premièrement, la Commission a embauché divers avocats pour des
projets ou litiges particuliers, mais elle n’avait elle-même aucun avocat qui
puisse lui fournir des conseils sur les questions juridiques ordinaires et
récurrentes qui se présentent au sein d’une commission de services policiers fort
occupée. La Commission avait besoin d’un tel avocat, par ailleurs appelé avocat
général, même un avocat travaillant pour la Commission à temps partiel ou
suivant les besoins. En fait, j’ai largement assumé ce rôle durant la plus
grande partie de mon mandat d’administrateur.
95. Deuxièmement, il n’y avait aucune approche cohérente
relative à l’embauche d’un avocat.
96. Troisièmement, la Commission n’a pas ou presque pas
examiné les tarifs horaires des avocats embauchés ou les honoraires juridiques
maximaux qui pouvaient être engagés sans autorisation préalable.
97. Quatrièmement, l’embauche et le congédiement d’avocats
durant la période tumultueuse ont semblé accentuer le dysfonctionnement de la
Commission et son approche fortement politisée au regard des questions
litigieuses en jeu. Par exemple, certains membres de la Commission se sont
plaints qu’un avocat avait été embauché sans l’approbation de l’ensemble de la
Commission, malgré des préoccupations concernant les liens de cet avocat avec
un autre membre de la Commission. Selon eux, la Commission rémunérait cet
avocat même si elle ne lui donnait pas d’instructions. Ils ont également remis
en question la qualité des conseils donnés par cet avocat. Il a aussi semblé,
par moments, que les membres majoritaires de la Commission avaient congédié au
moins un avocat, parce qu’ils n’avaient pas aimé les conseils reçus, aussi
judicieux fussent-ils. Il m’est inutile de m’attarder sur de telles allégations,
si ce n’est pour dire que mon propre examen a démontré que la Commission
payait, dans le premier cas décrit ci-dessus, un tarif horaire qui n’était pas
réellement concurrentiel, mais qui correspondait davantage aux tarifs d’un
cabinet de droit commercial du centre-ville de Toronto. Cela était
inacceptable. Il est aussi contre-productif de congédier un avocat au motif que
les conseils donnés – bien qu’ils soient judicieux – ne sont pas ceux que la
Commission voudrait entendre.
98. Pendant mon mandat d’administrateur, j’ai recommandé à
la Commission d’embaucher un avocat général. J’ai dressé une liste de candidats
compétents et j’ai fourni à la Commission certains renseignements sur les
antécédents de chacun d’eux. La Commission a choisi d’embaucher un de ces
candidats, M. Woody McKaig (de Sullivan Mahoney LLP), un avocat très
compétent possédant une expertise en matière de services de police. Il a
accepté des tarifs concurrentiels pour les services juridiques fournis par son
cabinet pour le compte de la Commission. Nous avons également établi certains
paramètres concernant le mandat de représentation de son cabinet.
M. McKaig a commencé à travailler pour le compte de la Commission, et je
suis convaincu que celle-ci est bien servie, d’une manière prudente sur le plan
financier, dans le cadre de son mandat de représentation.
99. J’ai informé la Commission que d’autres avocats
pourraient continuer à effectuer, de façon fragmentaire, certains des travaux
juridiques spécialisés, toujours à des tarifs juridiques concurrentiels. Par
exemple, la Commission a bénéficié du travail juridique effectué à des tarifs
concurrentiels par Joel Dubois (Perley-Robertson, Hill & McDougall LLP) et
John Ewart (Ewart O’Dwyer) dans le cadre de récents dossiers. Je recommande que
la Commission demande à M. McKaig des conseils sur les travaux qui
devraient continuer à être effectués de façon fragmentaire par d’autres
avocats. Il a déjà fait preuve de sensibilité en ce qui concerne la façon dont
cette question devrait être abordée.
100.
Lors
de la récente journée de réflexion sur la gouvernance, j’ai décrit à la
Commission certaines suggestions de pratiques exemplaires pour l’embauche de
conseillers juridiques. Nous avons également discuté de la distinction
(imparfaitement comprise) entre un avocat embauché par la Commission et un avocat
embauché par le chef. La distinction est évidente dans les situations où il y a
une relation conflictuelle entre le chef et la Commission. Elle est moins
évidente lorsque le travail juridique qui doit être effectué pour le chef exige
néanmoins, de par sa nature même, une certaine distanciation par rapport à la
Commission. Par exemple, le chef doit embaucher ses poursuivants pour les
poursuites relevant de la LSP. L’avocat de la Commission ne peut habituellement
pas agir comme poursuivant, vu les responsabilités décisionnelles de la
Commission qui sont prévues par la Loi.
101.
Je
recommande que la Commission formalise une politique concernant l’embauche
d’avocats dans les six prochains mois. Encore une fois, je ne surprendrai
personne en proposant qu’une telle politique suive certaines des pratiques
exemplaires que j’ai relevées lors de la journée de réflexion sur la
gouvernance.
102.
Une
telle politique pourrait comprendre les éléments suivants :
·
sauf
dans les situations d’urgence, l’embauche d’avocats (autres que l’avocat
général de la Commission) pour effectuer du travail juridique devrait être
approuvée au préalable par la Commission;
·
plus
précisément, le président ou un autre membre de la Commission ne devrait
habituellement pas embaucher un avocat de sa propre initiative sans avoir
obtenu au préalable l’approbation de la Commission;
·
la
Commission peut examiner l’embauche d’un avocat, au besoin, par l’entremise
d’échanges par courriel ou de conférences téléphoniques, sous réserve de
confirmation lors de la prochaine réunion de la Commission;
·
les
tarifs horaires et un plafond ou une « limite » d’honoraires sujet à
révision par projet devraient habituellement être établis par la Commission et
approuvés à l’avance. (Par suite de ma recommandation, la Commission a adopté
cette approche pour des projets particuliers entrepris pendant mon mandat
d’administrateur.);
·
la
Commission a le droit de déléguer certaines des décisions décrites ci-dessus à
un comité ou à un membre de la Commission;
·
l’avocat
général de la Commission devrait être consulté en premier lorsqu’il s’agit de
savoir s’il y a lieu d’embaucher un autre avocat pour un projet particulier;
·
dans
certains cas, le chef a le droit/l’obligation d’embaucher un avocat si la
Commission se trouve en situation de conflit d’intérêts;
·
le
chef devrait discuter avec l’avocat général de la Commission (sauf en situation
de conflit d’intérêts évident) de la possibilité que l’avocat général de la
Commission lui fournisse des conseils juridiques nécessaires. L’avocat général
de la Commission sera souvent en mesure d’accomplir cette tâche dans les cas où
il y a une communauté d’intérêts entre le chef et la Commission;
·
le
chef devrait établir des taux concurrentiels et un plafond ou une
« limite » d’honoraires par projet lorsqu’il est tenu d’embaucher un
avocat;
·
en
cas de conflit entre le chef et la Commission, le chef embauchera évidemment
son propre avocat pour faire valoir sa position. Cependant, le chef ne devrait
généralement pas recourir aux services de cet avocat pour d’autres questions se
rapportant au Service.
103.
Je
recommande également que la Commission établisse des lignes directrices claires
sur l’indemnisation du chef et du chef adjoint à l’égard des frais juridiques
dans les six prochains mois (conformément à l’al. 31(1) h) et à l’art. 50
de la LSP). Il n’existe actuellement pas de lignes directrices ou de
politiques. La période tumultueuse a démontré que de telles lignes directrices
ou politiques étaient nécessaires.
104.
Pour résumer :
·
La Commission est souvent appelée à
examiner des questions qui nécessitent des conseils juridiques indépendants de
qualité. En tant qu’organisme public, elle a aussi l’obligation de s’assurer
qu’elle dépense judicieusement et efficacement ses ressources réservées aux
frais juridiques. Elle doit prendre soin de ne pas changer d’avocats lorsqu’un
avocat fournit des conseils défavorables et de ne pas embaucher d’avocats sans
préciser qui leur donnera des instructions. Les tarifs convenus devraient être
concurrentiels et assurer l’optimisation des ressources.
·
Par le passé, la Commission avait remplacé
des avocats dont les conseils n’étaient pas partagés par certains membres. Les
avocats étaient embauchés sans l’accord de l’ensemble de la Commission et dans
des circonstances où les conflits éventuels, la nature de leur mandat de
représentation et leurs instructions n’étaient pas clairs. Des coûts importants
ont été engagés de cette manière. Pendant mon mandat d’administrateur, la
Commission a embauché un avocat général et a engagé d’autres avocats à des
tarifs concurrentiels pour des travaux spécialisés. La Commission est désormais
capable de donner des instructions aux avocats et d’obtenir des conseils
juridiques de qualité de façon claire et rentable.
·
Je recommande ce qui suit :
i. La
Commission devrait, dans les six prochains mois, mettre en œuvre une politique
sur l’embauche d’avocats qui contient des pratiques exemplaires et qui fournit
des éclaircissements sur les conflits d’intérêts, la sélection des avocats, les
instructions données aux avocats et la rémunération des avocats à des tarifs
concurrentiels.
ii.
La Commission devrait, dans les six prochains mois,
établir des lignes directrices claires régissant l’indemnisation du chef et du
chef adjoint pour les frais juridiques qu’ils engagent.
5 Cela n’a rien à voir avec la
qualité du travail effectué par l’avocat du chef.
Les
relations entre la Commission et le chef de police
105.
Pendant
mon mandat, la Commission a pris des mesures pour améliorer sa relation avec le
chef et le chef adjoint. Par exemple, le comité des relations de travail a eu
des interactions positives avec le chef et le chef adjoint au sujet de leur
évaluation et de leur rémunération, tandis que la Commission, ainsi que chacun
de ses membres, ont reconnu maintes fois en public le leadership remarquable
démontré par le chef et le chef adjoint.
106.
J’aimerais
expliquer l’importance du dernier point. Une commission de services policiers
ne doit pas être simplement une « meneuse de claque » pour le service
de police ou ses hauts dirigeants. Cela veut dire, entre autres choses, qu’une
commission de services policiers ne devrait pas automatiquement présumer que
toute critique adressée à son service de police ou ses hauts dirigeants est
erronée et doit être contestée. En effet, une surveillance civile efficace
exige que la Commission évalue et critique de manière constructive le travail
de son Service et ses agents, ainsi que la façon dont elle peut contribuer,
sans s’immiscer dans les décisions quotidiennes de nature opérationnelle, à un
Service plus efficace et efficient. Cependant, dans certaines circonstances, la
Commission doit défendre son Service et ses hauts dirigeants contre des
commentaires désobligeants et trompeurs. Comme je l’ai déjà dit, durant la
période tumultueuse de la Commission, celle-ci a négligé de défendre son
Service et ses hauts dirigeants contre des attaques imprécises et extrêmement
trompeuses dont elle savait ou aurait dû savoir qu’elles étaient injustifiées.
Cela a eu un effet persistant qui mettra un certain temps à se dissiper. Une
façon de surmonter ce passé consiste, en termes simples, à « rendre à
César ce qui appartient à César ». Autrement dit, la Commission devrait
soutenir publiquement le Service et ses hauts dirigeants lorsqu’un tel soutien
est nécessaire et justifié.
107.
Une
autre façon de rétablir la relation entre la Commission et ses hauts dirigeants
est sans doute tout aussi évidente. La Commission – plus particulièrement son
président – doit communiquer régulièrement avec le chef. Une relation saine
entre la Commission et son chef nécessite des communications fréquentes. Par exemple,
la Commission devrait toujours demander au chef des conseils sur le contenu de
l’ordre du jour des réunions de la Commission. Le chef et le président
devraient s’engager dans un dialogue continu au sujet des priorités et
objectifs du Service, pour déterminer notamment si ces priorités et objectifs
sont réalisés et, dans la négative, comment la Commission pourrait remédier à
la situation.
108.
Pendant
mon mandat, j’ai constaté que la relation entre le président et le chef était
un peu précaire. Le chef doit s’efforcer de laisser derrière lui certains des
problèmes du passé décrits ci-dessus. Quant à lui, le président doit prendre
des mesures exceptionnelles pour bâtir la relation. À quelques reprises, le
président n’a pas rencontré le chef avant les réunions de la Commission. À
quelques occasions, le chef a été pris par surprise lorsque des tiers lui ont
fait part de questions qui auraient dû faire l’objet d’une discussion
antérieure avec le président ou la Commission. Voilà un problème que j’ai
relevé plusieurs fois pendant mon mandat, ainsi que lors de la journée de
réflexion sur la gouvernance. À la fin de mon mandat, il n’avait toujours pas
été réglé de façon satisfaisante.
109.
Le 5
juillet 2017, j’ai encore une fois fait part du problème au président. Il s’est
engagé personnellement à prendre des mesures supplémentaires pour améliorer la
relation. Le président s’est aussi engagé à prendre les mesures que j’ai
recommandées dans le présent rapport. En particulier, je recommande que le chef
et le président se réunissent ou communiquent par téléphone au moins une fois
par semaine pour traiter des questions qui intéressent le chef ou la
Commission. Vu les horaires chargés de ces derniers, les réunions devraient
être fixées bien à l’avance (par exemple à une heure précise chaque lundi
après-midi). Je recommande également que, sauf circonstances exceptionnelles,
l’ordre du jour d’une réunion de la Commission ne soit mis au propre qu’après
que le président a consulté le chef au sujet de son contenu. Bien entendu, le chef
adjoint peut aussi participer au dialogue entre la Commission et le chef ou
remplacer le chef lorsque celui-ci n’est pas libre. J’ai appris que le
président avait pris d’importantes mesures pour respecter l’engagement
personnel dont il m’avait fait part après l’expiration de mon mandat et avant
la réunion de juillet de la Commission. Il doit être félicité à cet égard.
110.
Pour résumer :
·
La
Commission a une relation complexe avec le chef et le chef adjoint. Elle ne
doit pas être simplement un « chef de claque » pour le chef, le chef
adjoint et le service de police, mais elle doit fournir une surveillance et une
orientation stratégique soignées, détaillées et transparentes. Cependant, la
Commission est également l’employeur du chef et du chef adjoint et doit
s’assurer de prendre les mesures nécessaires pour clarifier et corriger les
déclarations publiques gravement trompeuses et désobligeantes les concernant ou
visant leur travail. Sur le plan pratique, le président de la Commission doit
travailler de près avec le chef. Les réunions de la Commission donnent au public,
au chef et à la Commission une occasion commune de traiter de questions
stratégiques et des priorités, objectifs et jalons prévus dans le plan
d’activités.
·
Les
relations entre la Commission et le chef et le chef adjoint se sont
considérablement détériorées à Peterborough. Certains membres de la Commission
ont participé de façon importante aux déclarations fausses et désobligeantes
concernant le chef et le chef adjoint. Évidemment, la Commission a aussi été
engagée dans un litige avec le chef et le chef adjoint. La rupture de leur
relation a miné la capacité de la Commission d’assurer une surveillance
publique efficace.
·
Je
recommande ce qui suit :
i. Le
président de la Commission et le chef devraient se réunir une fois par semaine
pour traiter de questions importantes.
ii. Sauf
circonstances exceptionnelles, l’ordre du jour d’une réunion de la Commission
ne devrait être mis au propre qu’après que le chef a été consulté au sujet de
son contenu.
iii.
Le président devrait poursuivre la mise en œuvre des
importantes mesures prises pour établir les relations entre lui et le chef de
la police.
La délégation de responsabilités et
les fonctions des comités
111.
Les
membres de la Commission siègent à temps partiel. La plupart ont des emplois à
temps plein, en plus de leurs fonctions au sein de la Commission. Il faut
féliciter les membres de la Commission pour leur service et leur dévouement
envers la collectivité. Cependant, ils doivent être disponibles en temps
opportun pour s’occuper des questions qui se présentent au sein d’un service de
police très occupé. Cela est particulièrement vrai pour le président. Il est
important que l’adjointe exécutive puisse communiquer avec le président en
temps opportun en ce qui concerne les décisions de la direction. Durant mon
mandat, cela n’a pas toujours été le cas. De plus, les membres de la Commission
peuvent demander au président des directives ou des conseils sur diverses
questions en attendant une réunion officielle de la Commission. Parfois, les
membres de la Commission ont éprouvé de la frustration parce qu’ils n’ont pu
obtenir des réponses du président en temps opportun.
112.
Je
suis très conscient de l’horaire chargé du président. Il est déterminé à servir
la Commission. Comme je l’ai indiqué précédemment, j’ai été impressionné tant
par son intelligence que par ses compétences, lorsqu’il s’agit de tenir les
réunions de la Commission et d’aider celle-ci à s’attaquer à des problèmes
difficiles. Je crois qu’il s’engage personnellement à adopter une approche
« prospective » pour le compte de la Commission. S’il peut
communiquer régulièrement avec le chef et mettre en place des mesures pour
répondre en temps opportun aux demandes de l’adjointe exécutive et d’autres
membres de la Commission, il est très capable de bien servir la Commission et
la collectivité.
113.
Je
recommande également que la Commission examine la délégation des
responsabilités du président, dans des cas clairement définis, soit au
vice-président, soit à un autre membre de la Commission désigné à cette fin par
cette dernière. Pour favoriser une approche équilibrée au titre du travail de
la Commission, ainsi qu’une confiance accrue à l’égard de son travail, je
recommande qu’un des deux postes de président et de vice-président soit comblé
par une personne nommée par la province et que l’autre le soit par une personne
nommée par le conseil municipal, et que cette approche soit adoptée dans les
pratiques de la Commission et au moyen d’une modification de l’art. 4 du
règlement administratif no 105-2014 de la Commission.
114.
Lors
de la journée de réflexion sur la gouvernance, j’ai consacré beaucoup de temps
au rôle des comités de la Commission. Pendant mon mandat, j’ai été impressionné
par le travail que les comités avaient effectué sur diverses questions :
par exemple, les relations de travail (la convention collective ainsi que les
évaluations et les examens de la rémunération se rapportant au chef et au chef
adjoint), la planification des activités et l’élaboration d’un nouveau
règlement administratif sur les limousines et de la DP pour les compagnies de
remorquage. Cependant, j’ai aussi relevé les domaines où des améliorations
importantes pouvaient être apportées.
115.
Une
quantité disproportionnée du travail des comités de la Commission a été
effectuée (et continue à être effectuée) par un membre de la Commission,
M. East. Ce dernier reconnaît l’horaire chargé des autres membres de la
Commission, qui ont leurs propres emplois à temps plein. Néanmoins, cette
charge de travail disproportionnée n’est pas saine et pourrait finir par
décourager M. East de continuer à effectuer son travail très précieux pour
le compte de la Commission. Cela serait très regrettable.
116.
Le
travail des comités doit être respecté. Évidemment, la Commission dans son
ensemble exerce ses fonctions en sachant qu’elle a le pouvoir décisionnel
ultime, sous réserve de délégation. La Commission a non seulement le droit,
mais aussi l’obligation, d’évaluer le travail et les recommandations de ses
comités. Cependant, j’ai constaté des exemples qui ne pourraient être qualifiés
que de « microgestion » de questions déjà pleinement examinées par
les comités. Par exemple, il y a eu la recherche inutile de
« formulations » dans le cadre de la rédaction du plan d’activités au
sein de la Commission.
117.
En
même temps, j’ai aussi constaté que certaines questions étaient soulevées pour
la première fois lors des réunions de la Commission, même si les membres de la
Commission avaient préalablement eu l’occasion de fournir des commentaires à
divers intervalles du processus. J’ai déjà mentionné l’élaboration du plan
d’activités, pour lequel le comité et les experts-conseils externes ont
effectué inutilement du travail en raison de l’absence de directives ou de
conseils opportuns de la part de la Commission.
118.
Les observations
ci-dessus ne devraient rien enlever à mes conclusions finales, à savoir que la
Commission s’acquitte désormais des responsabilités qui lui sont conférées par
la loi, que la qualité du travail des comités était généralement
impressionnante et que les membres de la Commission interagissent de façon
respectueuse et positive. Je reconnais également qu’il n’y a pas de formule
permettant de déterminer dans quelle mesure la Commission devrait faire preuve
de déférence au moment d’examiner le travail effectué par ses comités. En fait,
la réponse consiste à ne pas adopter une approche rigide au regard de ces
questions. Parfois, des questions exigeant une critique détaillée ou un examen
du travail effectué par un comité seront présentées – et à juste titre – aux
membres de la Commission, même si le moment de leur présentation est loin
d’être idéal.
119.
Je fournis les
conseils suivants à l’égard des questions mentionnées ci-dessus :
·
Tous les membres de
la Commission devraient périodiquement se rappeler qu’il faut faire preuve
d’une certaine déférence à l’égard du travail détaillé effectué par un comité
lorsqu’il s’agit de déterminer la nature et l’étendue de l’approche ultime
adoptée par la Commission relativement à ce travail. Néanmoins, la Commission
dans son ensemble conserve le pouvoir décisionnel ultime.
·
Lorsqu’ils sont
présents, le président et l’avocat général de la Commission peuvent jouer un
rôle important pour rappeler à la Commission le mandat qu’elle doit assumer.
·
En règle générale, la
rédaction détaillée au sein de la Commission n’est pas utile et ne constitue
pas une utilisation judicieuse du temps de cette dernière. La Commission
devrait surtout se consacrer à fournir une orientation stratégique générale,
plutôt que de chercher des « formulations ».
·
Malgré les
contraintes de temps, les membres de la Commission doivent s’assurer
collectivement de bien connaître les documents distribués à la Commission, y
compris les rapports de comités, avant leurs réunions, et faire preuve d’une
plus grande initiative pour fournir des commentaires aux comités, sur demande,
entre les réunions régulières de la Commission.
·
Le président
devrait également assumer une plus grande responsabilité pour ce qui est de remédier
aux déséquilibres sur le plan de la charge de travail. Il pourrait notamment
réaffecter temporairement des membres de la Commission à un projet particulier
ou fournir une assistance temporaire et personnelle aux membres de comités
travaillant sur ce projet.
·
Les problèmes de
charge de travail pourraient aussi nécessiter une plus grande participation de
l’avocat général de la Commission (maintenant que ce poste a été comblé) au
soutien du travail des comités. Ma participation aux questions concernant
l’embauche d’avocats (décrite ci-dessus) visait à assurer la prestation de
services juridiques de façon efficace et à des tarifs concurrentiels.
Cependant, la Commission ne peut « faire des économies de bout de chandelle ».
La Commission a une seule adjointe exécutive et n’a aucun autre employé de
soutien. Le recours accru aux services de l’avocat général pour soutenir le
travail des comités s’avérera rentable et réglera une partie des problèmes
actuels liés à la charge de travail. Il aidera aussi l’adjointe exécutive à
s’assurer que sa charge de travail reste sous contrôle.
120.
Pour résumer :
·
Les membres de la Commission sont nommés à temps
partiel et ont d’autres obligations personnelles et professionnelles. En même
temps, la surveillance civile des services de police à Peterborough est complexe
et chronophage. Il faut éviter d’imposer des fardeaux indus à des membres
individuels de la Commission ou du personnel et s’assurer que les
responsabilités sont partagées par un recours efficace à la délégation et aux
comités.
·
Pendant mon mandat d’administrateur, un fardeau
disproportionné a été assumé par le président et par un des membres de la
Commission. Cela a occasionné des retards, des inefficacités et, par moments,
de la frustration.
·
Je recommande ce qui suit :
i. La
Commission devrait continuer à aborder et à clarifier les rôles respectifs des
comités et de la Commission dans son ensemble.
ii. La
Commission devrait remédier en priorité à l’allocation inégale du travail,
conformément aux directives fournies ci-dessus.
iii. La
Commission devrait envisager de déléguer davantage les fonctions du président
dans certains cas clairement définis.
iv. La
Commission devrait modifier ses règlements administratifs de manière à exiger
qu’un des deux postes de président et de vice-président soit comblé par une
personne nommée par la province et que l’autre le soit par une personne nommée
par la municipalité.
L’indépendance de la Commission et
le futur rôle du maire
121.
J’ai
dit plus tôt que la Commission devait, dans une certaine mesure, surmonter
l’héritage d’une période tumultueuse de son histoire récente. J’ai déjà relevé
plusieurs mesures importantes qui permettront à la Commission de le faire, notamment
des communications fréquentes et régulièrement établies entre le chef et le
président, ainsi que le soutien public de la Commission pour le Service et ses
hauts dirigeants. Une autre mesure importante est liée à l’indépendance de la
Commission.
122.
Les
membres de la Commission ont l’obligation d’agir dans le meilleur intérêt du
Service. En effet, ils sont tenus de respecter le code de déontologie établi
dans le Règl. de l’Ont. 421/97. Ainsi, par exemple, ils ne peuvent se servir de
leur charge à des fins personnelles. Ils doivent s’abstenir d’adopter un
comportement susceptible de jeter le discrédit sur la Commission ou le Service
ou de compromettre son intégrité.
123.
Une
des fonctions de la Commission consiste à présenter au conseil municipal les prévisions de ses dépenses de
fonctionnement et de ses dépenses en immobilisations, en indiquant les
sommes nécessaires, d’une part, pour assurer
le fonctionnement du corps de police et fournir à ce dernier du matériel et des
installations et, d’autre part, pour payer les dépenses de fonctionnement de la Commission, à
l'exclusion de la rémunération de ses membres. Le conseil municipal
établit le budget global de la Commission et, ce faisant, il n’est pas tenu
d’adopter les prévisions présentées par la Commission. Cependant, le conseil
municipal ne peut approuver ou rejeter des
postes précis figurant dans les prévisions de la Commission. De plus, si
la Commission n’est pas convaincue que le budget
établi à son intention par le conseil soit suffisant pour maintenir suffisamment
d’agents de police ou d’employés ou fournir au corps de police du matériel ou
des installations convenables, la Commission peut demander que la CCOP
tienne une audience pour régler le différend (voir l’art. 39 de la LSP).
124.
Comme
il a été souligné ci-dessus, trois des membres de la Commission sont nommés par
le conseil municipal. L’un doit être un membre du conseil municipal, et un
autre doit être le maire ou un substitut du maire qui sera aussi un membre du
conseil municipal. Cela crée une dynamique intéressante et parfois difficile,
lorsque les fonctions de la Commission et celles du conseil municipal se recoupent.
Sous réserve de la discussion ci-après, la façon de concilier ces fonctions
dépasse largement la portée de mon rapport. Toutefois, ce qui est clairement
établi dans la loi, c’est que les membres de la Commission, y compris le maire,
sont assujettis aux exigences de la LSP et de ses règlements, y compris le code
de déontologie.
125.
Durant
la période tumultueuse, certains estimaient que quelques membres de la
Commission n’agissaient pas dans le meilleur intérêt du Service et favorisaient
un autre programme de travail. Vu ces perceptions, il est particulièrement
important que la Commission travaille en collaboration avec le conseil municipal,
tout en démontrant son indépendance par rapport au conseil lorsque cela est
dans l’intérêt du Service.
126.
Pendant
mon mandat d’administrateur, j’ai eu l’impression que la Commission prenait
d’importantes mesures pour démontrer son indépendance, tout en travaillant avec
le conseil municipal. Par exemple, le conseil municipal et le maire ont demandé
à la Commission de réexaminer le budget estimatif de l’année dernière, qu’elle
avait présenté au conseil municipal. Par voie de motion, le conseil municipal a
demandé que la Commission réexamine le budget d’immobilisations du Service en
vue d’une réduction possible du budget de 102 255 $, et a proposé à
la Commission d’envisager de reporter des achats de véhicules, comme l’achat
d’une nouvelle fourgonnette destinée à l’équipe d’intervention d’urgence, pour
tenir compte de l’allocation budgétaire réduite.
127.
La
Commission a réexaminé le budget qu’elle avait présenté, mais elle a décidé
qu’il devrait rester tel quel. Sa décision a été respectée par le conseil municipal.
Plusieurs membres de la Commission ont aussi soutenu qu’il ne convenait pas que
le maire ou le conseil municipal réserve une allocation budgétaire précise à
des fins de réexamen, étant donné que le conseil n’a pas le pouvoir d’approuver ou de rejeter des postes précis figurant
dans les prévisions, comme le précise le par. 39 (4) de la LSP. Le fait
est que la Commission a démontré son indépendance par rapport au maire et au
conseil municipal, tout en abordant la question d’une manière respectueuse et
constructive. Un autre dialogue constructif a eu lieu au sujet de l’allocation
des excédents qui ont été créés lorsque le Service est resté en dessous du
budget lors du dernier exercice.
128.
De
même, à plusieurs occasions, le maire a publiquement formulé des critiques à
l’égard d’observations faites par de hauts dirigeants du Service. Il a contesté
l’utilisation des ressources par le Service et son engagement en faveur des
réductions budgétaires. Le ton de ses remarques est parfois acerbe et
antagoniste et peut être désobligeant. Tous les membres de la Commission ont
indiqué en public qu’ils regrettaient certaines déclarations publiques du
maire. Ils estimaient que ses commentaires étaient parfois inexacts et injustes
et – ce qui est tout aussi important – n’aidaient pas à rétablir la confiance à
l’égard des services de police. Dans un cas, le président, M. Hall, a
répondu au maire par écrit pour souligner comment la Commission avait fait
preuve d’une grande responsabilité financière dans les budgets présentés au
conseil municipal. Le ton de la réponse du président était respectueux et
tenait compte du fait que le maire avait droit à son opinion. Pour être juste,
la réponse du maire s’est avérée tout aussi respectueuse et constructive.
129.
Certains
détracteurs du maire auraient préféré une réponse plus vigoureuse. Un tel point
de vue est également compréhensible, vu l’historique des relations entre le
maire, d’une part, et la Commission actuelle et l’ancienne commission de services
policiers, le chef et le chef adjoint, d’autre part. Cependant, que l’on soit
d’accord ou en désaccord avec la façon dont la Commission a traité de la
présente question, le fait est qu’elle a pris une décision en tenant compte de
tous les facteurs pertinents, comme on s’y attendrait de la part d’une
commission fonctionnelle et indépendante.
130.
Cela
dit, dans la discussion portant sur l’avenir de la Commission, il y a
incontestablement un problème que personne ne veut aborder. Mais il ne peut
être ignoré. Il se rapporte au futur rôle, s’il en est, du maire Bennett comme
membre de la Commission.
131.
Certaines
personnes se sont dites très inquiètes que le maire réintègre la Commission en
tant que membre.
132.
Il
ne fait aucun doute que le maire et sa participation à la Commission suscitent
des opinions diamétralement opposées. D’une part, certaines personnes estiment
que le maire Bennett a un effet perturbateur et crée des divisions. Selon
elles, le maire a organisé une campagne de désinformation contre le chef et le
chef adjoint et a voulu les humilier publiquement et injustement. Elles croient
que le maire est largement responsable – soit directement, soit par
l’intermédiaire de ses mandataires – de la période tumultueuse de la Commission
et qu’il continue à représenter un obstacle à la prestation des services de
police efficaces et efficients dont la collectivité a besoin.
133.
Ces
personnes font valoir, à titre d’exemple, que la dissolution de l’ancienne
commission de services policiers était une tentative de prise de contrôle de la
part du maire.
134.
D’autres
louangent le maire en soutenant qu’il milite de façon indépendante en faveur de
la prudence financière du Service. À leur avis, le maire s’interroge de façon
appropriée sur la question de savoir si l’allocation des ressources par le
Service est aussi efficiente et efficace qu’elle pourrait l’être.
135.
Rien
dans le présent rapport ne vise à empêcher le maire d’aborder vigoureusement
les questions qui l’intéressent. Après tout, il est le maire dûment élu, un
membre du conseil municipal et un membre de la collectivité desservie par le service
de police de Peterborough. Il a une voix importante sur les questions d’intérêt
local.
136.
Cependant,
il s’agit de savoir si le maire a un rôle à jouer, si tel est son désir, comme
membre de la Commission. Par le passé, le maire s’est vu interdire de siéger
comme membre de la Commission dans l’attente d’une décision sur les accusations
portées contre lui en vertu de la LSP, ainsi que durant la période de
suspension qui lui a été imposée. Comme il a été indiqué précédemment, la Cour
divisionnaire a statué sur la plupart des accusations portées contre le maire. Celui-ci
n’a pas contesté la déclaration selon laquelle il avait fait preuve
d’inconduite en faisant des commentaires désobligeants au sujet du chef, de la
commission précédente et de l’ancien service de police. En ce qui concerne la
déclaration d’inconduite, le comité d’audience a présenté des conclusions en
termes forts. Par exemple, il a conclu que les « commentaires faits en
public ont nui directement à la Commission. Le fait de saboter sciemment la
Commission en public est contraire à la conduite attendue des membres de la
Commission et, notamment, aux obligations en matière de conduite énoncées
expressément dans le code de déontologie. »
137.
Après
un long différend juridique, le maire a réussi à faire annuler toutes les
autres accusations portées contre lui. Par suite de la décision rendue par la
Cour divisionnaire, on ne peut plus empêcher le maire de réintégrer la
Commission en tant que membre.
138.
À
mon humble avis, il ne serait pas judicieux qu’il réintègre la Commission. Cet
avis est non seulement celui de ses détracteurs, mais aussi celui de certains
de ses admirateurs. Comme il a déjà été mentionné dans le présent rapport, la
Commission a traversé une période tumultueuse. Elle doit maintenant regarder
vers l’avenir. Il serait difficile de penser en fonction de l’avenir si le
maire ou un mandataire évident du maire devenait maintenant un membre de la
Commission.
139.
Premièrement,
comme il a déjà été indiqué, le maire a été déclaré coupable d’avoir fait des
commentaires désobligeants au sujet de hauts dirigeants du Service. Bien qu’il
ait renoncé à contester cette déclaration devant les tribunaux, ses
commentaires publics ne démontrent aucun regret concernant son inconduite. Il a
pleinement le droit d’adopter une telle position comme non-membre de la Commission.
Cependant, cette position ne favorise pas la promotion et le maintien de
l’environnement plus sain qui existe désormais à la Commission.
140.
Deuxièmement,
le maire continue à critiquer vivement les hauts dirigeants du Service. Par
moments, il tient des propos incendiaires et de nature à créer des divisions.
Lors d’une réunion de la Commission, celle-ci a collectivement et publiquement
déploré les commentaires inutiles faits par le maire. Plusieurs personnes ont
indiqué qu’elles avaient conseillé au maire de ne pas faire de tels
commentaires. À mon avis, dans plusieurs cas, les commentaires publics récents
du maire étaient inexacts et injustes envers le Service et ses dirigeants.
Encore une fois, je défends pleinement le droit du maire d’exprimer toute position
– mais les obligations d’un membre de la Commission soulèvent des
considérations différentes.
141.
Troisièmement,
le Service, ses hauts dirigeants et au moins quelques policiers subalternes
estiment, à tort ou à raison, que le maire ne peut évaluer objectivement et
justement le travail du Service et travailler de façon respectueuse avec ses
dirigeants. Ils croient que le maire continue à éprouver de l’animosité envers
le chef et le chef adjoint et qu’il sera donc incapable de forger des relations
respectueuses avec le Service et ses agents. Certaines personnes se sont dites
très inquiètes lorsque le maire a exprimé publiquement son désir de jouer un
rôle dans la sélection de tout nouveau chef ou chef adjoint.
142.
À ce
jour, le maire a choisi de ne pas réintégrer la Commission en tant que membre.
Cela ne peut être considéré que comme une sage décision prise dans le meilleur
intérêt du Service et de la collectivité. À supposer qu’il choisisse de
réintégrer la Commission, le solliciteur général et la CCOP devront décider
s’il y a lieu d’intervenir pour éviter tout retour à une période
dysfonctionnelle au sein de la Commission. Je recommande que toute intervention
se fasse en temps opportun.
143.
La
Commission actuelle a fait d’importants progrès. Il serait regrettable que la
bonne volonté existante soit minée par l’introduction d’une influence
polarisatrice à la Commission.
144.
Pour
résumer :
·
Bien
que la loi confère au maire le droit de siéger à la Commission, sa
participation passée a été très controversée et a contribué à certains des
problèmes qui subsistent en ce qui a trait à la capacité de la Commission
d’assurer une surveillance civile. Vu l’historique des relations entre le maire
et la Commission, il serait difficile pour celle-ci de maintenir son indépendance
du conseil municipal si le maire choisissait de réintégrer la Commission. Cette
indépendance est un élément nécessaire et important de la confiance du public à
l’égard de la surveillance civile des services de police à Peterborough.
·
Avant
et pendant mon mandat d’administrateur, le maire a fait des commentaires
incendiaires, inexacts et de nature à créer des divisions au sujet des hauts
dirigeants du service de police. Des préoccupations légitimes ont été exprimées
quant à la capacité de la Commission et du service de police lui-même de
fonctionner convenablement si le maire réintégrait la Commission.
·
Je
recommande ce qui suit :
i.
Le
maire devrait décider, dans l’intérêt public, de ne pas siéger à la Commission.
ii. Si le maire réintégrait la Commission, le solliciteur
général et la CCOP devraient examiner soigneusement la possibilité de prendre
des mesures opportunes et efficaces pour éviter tout dysfonctionnement susceptible
de nuire à la capacité de la Commission de s’acquitter des responsabilités qui
lui sont conférées par la loi.
Un plan de relève pour les hauts
dirigeants
145.
Enfin,
pendant mon mandat d’administrateur, j’ai indiqué à la Commission que je
voulais qu’un plan de relève soit mis en place en prévision de la retraite de
membres de la haute direction du Service. Un tel plan favoriserait une
recherche de candidats objective, non partisane et fondée sur des données
probantes. Il offrirait des possibilités d’avancement au sein du Service, pas
seulement des possibilités de recrutement externe. Il serait conçu pour
inspirer confiance à l’égard du processus et pour dissiper toute crainte qu’une
personne tente de piper les dés ou de promouvoir des intérêts personnels plutôt
que le meilleur intérêt du Service.
146.
Grâce
au travail acharné de Mme Pritchard Pataki et de M. McKaig,
la préparation des grandes lignes d’un processus de planification de la relève
est bien engagée et a obtenu le plein soutien de la Commission. La nécessité
d’un tel processus a aussi été soulignée dans le nouveau plan d’activités. Je
recommande que le processus soit incorporé dans une politique écrite dans les
six mois suivant la publication du présent rapport.
147.
Pour résumer :
·
Un plan de relève pour les hauts dirigeants du service
de police porterait à croire qu’il existe un processus objectif et non
politique pour la sélection des hauts dirigeants à l’avenir.
·
Pendant mon mandat d’administrateur, l’élaboration
d’un processus de planification de la relève a été entreprise. La nécessité d’un
tel processus a été soulignée dans le plan d’activités.
·
Je recommande ce qui suit :
i. Une
politique écrite comprenant le plan de relève devrait être établie dans les
trois prochains mois.
148.
La Commission
a encore des défis à relever. Certains se demandent si ses membres m’ont tout
simplement montré « leur meilleur côté » et reprendront un
comportement dysfonctionnel maintenant que mon mandat a pris fin. Je préfère
être optimiste au sujet de la Commission et de la bonne foi de ses membres.
J’espère que les mesures importantes prises pendant mon mandat seront durables.
J’espère aussi que des mesures supplémentaires seront prises conformément à mes
recommandations. Outre les recommandations déjà mentionnées, je recommande que
la Commission participe à une séance de réflexion sur la gouvernance animée par
un modérateur une fois par année. (Cela s’ajoute à toute formation exigée par
le solliciteur général en vertu du par. 31 (5) de la LSP et de l’art. 3 du
Règl. de l’Ont. 421/97.) Je recommande également que, dans les 12 prochains
mois, la Commission publie un rapport public décrivant ce qu’elle a fait pour
mettre en œuvre les autres recommandations figurant dans le présent rapport.
149.
La
Commission a l’occasion de mener avec succès, à l’avenir, ce qui est déjà un
service de police progressif et efficace. Si elle est incapable de le faire, le
solliciteur général et la CCOP ont des outils à leur disposition pour agir
rapidement et de façon décisive.
Pour les questions concernant le rapport ou pour
demander des copies du document, veuillez contacter SLASTOinfo@ontario.ca.